Nuit des Musiques traditionnelles à Villefontaine (38)
École Nationale de Musique en Nord-Isère
Entretien avec Gérard Lefevbre, directeur de l'ENM de Nord Isère.
Gérard Lefebvre, votre établissement, implanté sur deux sites, Bourgoin-Jailleu et Villefontaine, a mis en place depuis plusieurs années des activités d'enseignement des musiques traditionnelles. Où en êtes-vous pour cette année 2005-2006?
Gérard Lefebvre : Ces activités en faveur des musiques traditionnelles existent depuis bien avant que je sois responsable de l'École du Nord-Isère. À Villefontaine notamment, il y a depuis longtemps un large éventail de pratiques amateur dont les musiques traditionnelles, et j'ai voulu, dans ce domaine, rester au plus près de l'identité de l'École. Mon souci est à la fois de garder et de développer ces activités. Les musiques traditionnelles font partie de ce volet qui s'est développé depuis plusieurs années, tout d'abord en laissant les postes évoluer à la mesure des besoins et des talents des gens qui étaient en place, c'est-à-dire, depuis longtemps Jean-Pierre Simonnet, et plus récemment Laurence Dupré. J'ai choisi de consolider les emplois des gens qui étaient en place, et de leur donner les justes moyens de dispenser leurs enseignements.
Au bout de quatre ans, nous avons deux enseignants à temps complet dans le domaine des musiques traditionnelles, à la fois sur l'enseignement de leurs instruments, et sur la conduite d'ateliers qui s'adressent soit à des adolescents soit à des adultes amateurs. Ces élèves forment un noyau fort dans l'école, fort par le nombre d'inscrits dans ces ateliers et ces classes, mais aussi par la dynamique qu'ils transportent au sein de l'école.
En quoi consistent ces ateliers ?
Ces ateliers sont centrés sur des langages que nos professeurs veulent défendre, les musiques traditionnelles des régions de France, d'Europe de l'Est, d'Irlande, et rassemblent les étudiants dont les instruments peuvent participer à ces répertoires. Cela va de la flûte au violon, en passant par le violoncelle, la guitare, l'accordéon, la harpe. L'idée est d'intégrer le plus possible d'élèves, voire des élèves qui n'auraient pas pensé qu'ils puissent faire de la musique traditionnelle, et aller chercher dans les classes instrumentales dites classiques, avec la complicité des collègues, des élèves qui pendant une année ou deux, vont avoir envie de s'intéresser à ce langage musical, peut-être y trouver goût, et y rester.
Vous proposez des soirées folk-club, en quoi cela consiste-t-il ?
Le folk-club, c'est un peu la vitrine de diffusion de concerts des activités en musiques traditionnelles de notre école. Nous faisons en sorte que notre saison musicale de concerts ait le plus de liens pédagogiques avec nos enseignements. Dès lors que nous avons un département de musiques traditionnelles, avec deux professeurs, et peut-être un jour trois ou quatre l'idée fait son chemin il faut qu'il y ait une activité musicale de diffusion en rapport direct. Il faut entendre cette musique jouée par d'autres. Trois fois dans l'année, on se retrouve autour d'artistes invités. La première partie peut être assurée par un atelier de l'école, nos élèves ont des choses à montrer, et la deuxième partie par un groupe invité, avec un côté festif, le plus sympathique possible. Nous avons un problème nouveau, qui est l'espace. Ces folk-clubs sont positionnés de manière volontaire à Villefontaine, dans l'école, mais depuis deux ans, nous manquons d'espace pour accueillir le public. Ces folk-clubs sont organisés avec le soutien et la complicité des associations bien connues en Nord-Isère, qui sont très présentes, et quelques fois nous sommes bien serrés dans la salle de l'école.
Un autre moment fort de votre année d'enseignement sera la Nuit des Musiques traditionnelles le 24 juin 2006. Quel en est le contenu ?
Depuis deux ou trois ans, nous organisons un bal folk, un temps fort émanant du département de musiques traditionnelles. Cette année, on voudrait aller plus loin, faire une nuit, avec des invités qui motivent un large public, et rassembler le plus possible tous ceux qui ont envie de faire la fête avec nous. Le lieu choisi, ce sont les Grands Ateliers, à Villefontaine, un lieu immense et fermé, avec possibilité d'ouvrir de grandes baies vitrées. Nous aurons les avantages du plein air tout en évitant les risques d'intempéries. La soirée aura donc lieu quelque soit le temps.
Nous aimerions accueillir le plus de monde possible, le plus grand nombre d'associations de la région, qui pourront participer musicalement en fin d'après-midi à un moment fort de rencontre et d'échange entre les ensembles d'élèves de ces associations. À partir de 21h, nous proposerons trois groupes repérés des spécialistes, Bois Sec, Les Costauds de la Lune et Aksak. Je crois que nous allons faire plaisir à tous ceux qui sont à la recherche de ce type de soirée.
Dans la région Rhône-Alpes, nous avons un maillage serré d'initiatives associatives qui proposent un enseignement des musiques traditionnelles, lesquelles sont finalement très peu présentes dans les écoles de musiques et conservatoires. Ces associations animent bien souvent un ou plusieurs ensembles d'élèves. Ce sont bien ces ensembles que vous souhaitez accueillir de manière conviviale ?
Tout à fait ! Nous allons faire un travail de repérage de tous les ensembles et associations qui pourront être partie prenante de ce projet, et construire avec eux la possibilité d'accueillir tous ceux qui, pendant le créneau horaire 17h-20h, ont envie de présenter une partie de leur répertoire, et de découvrir le travail des autres ensembles dans la convivialité. Tous ces gens pourront rester pour le concert et participer à la fête. C'est un appel à participation que je lance !
En effet, en région Rhône-Alpes, très peu d'Écoles Nationales de Musique ont intégré les musiques traditionnelles. Je suis conscient de l'effort qui reste à faire chez nous. En priorité nous souhaitons développer l'enseignement de l'accordéon diatonique. Dans le cadre d'une ENM, il y a une position à défendre en Rhône-Alpes. L'ENM de Villeurbanne a une importance primordiale dans son traitement des musiques du monde, c'est une place forte de ces langages. Moi, je tiens à continuer à défendre en Nord-Isère les musiques traditionnelles de France et d'Europe. Le chantier est immense, et il y a dans cette région la place de développer de manière complémentaire ces langages à la richesse infinie.
Propos recueillis par J.B
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