EDITO
Avec pas moins de quinze rendez-vous musicaux qu’il
organise ou auxquels il s’associe durant tout l’été et parmi
lesquels l’emblématique festival « Les Jeudis des Musiques
du Monde » au Jardin des Chartreux ou le « Bal de la Place », le CMTRA convie chacun d’entre nous à la découverte de
traditions musicales vivantes et sans cesse renouvelées.
D’autres rendez-vous vous attendent un peu partout en
région, ils montrent à bien des égards la vivacité d’un secteur
en mouvement.
Cet été s’achèvera en septembre par la sortie du XIX
ème
Atlas Sonore du CMTRA « La Guillotière : des Mondes de
Musiques » et par l’organisation d’une semaine d’évènements
consacrés à sa valorisation (voir dossier central).
Ce vaste chantier de recherches et de collectes, dans un
quartier où l’expression de la diversité culturelle est
ordinairement vécue, aura duré quatre années et aura donné
lieu à de multiples initiatives et manifestations visant à
articuler recherche et actions concrètes sur le terrain. Cette
dialectique singulière expérimentée sur ce projet et les
résultats constatés ouvrent la voie à d’autres champs
d’expérimentations sociales des plus novatrices.
Pour autant, ces recherches ne constituent qu’une facette de ce
vaste territoire que sont les musiques traditionnelles, elles
révèlent l’urgence et la nécessité d’assurer leur permanence
par la transmission de savoir-faire et l’enseignement de ces
musiques au sein des établissements publics.
C’est la raison pour laquelle nous nous associons pleinement
à l’initiative du Conseil Régional Rhône-Alpes d’organiser
prochainement deux journées d’étude consacrées à cette
thématique et construites autour de la question: Quel service
public pour l’enseignement des musiques traditionnelles et du
monde ? Réunissant les acteurs des musiques traditionnelles
et du monde, les collectivités publiques ainsi que les
équipements publics d’enseignement des pratiques artistiques,
ces journées permettront d’échanger autour de la place de
l’enseignement des musiques traditionnelles dans les
structures publiques en Rhône-Alpes. Sans doute là une belle
occasion de faire entendre la spécificité des esthétiques que
nous défendons et d’imaginer, ensemble, des aménagements
pour faciliter leur accès au plus grand nombre.
Depuis quelques années déjà, la situation des centres de
musiques et danses traditionnelles s’est considérablement
bouleversé avec la disparition – actée ou programmée - de
plusieurs centres historiques en France.Aussi nous avons
voulu la tenue d’Assises nationales de la FAMDT
(Fédération des Associations de Musiques et Danses
Traditionnelles) en novembre prochain. Dresser un état des
lieux, reconsidérer la structuration de nos réseaux, repenser la
notion même de musiques traditionnelles, établir de nouvelles
stratégies et moyens d’action, prendre en compte l’expression
de la diversité culturelle au sein de notre esthétique, préparer
l’avenir et la place que ces musiques doivent prendre dans
notre paysage culturel… Ces éléments de réflexion
constitueront les enjeux de ces Assises auxquelles vous êtes,
bien entendu, conviés. Des forums et des blogs sont d’ores et
déjà en ligne pour recueillir vos contributions.
Concernant plus particulièrement la situation du CMTRA à
l’heure de la rédaction de cet édito, celui-ci sera
prochainement conduit à se positionner sur son intégration
au sein d’une future agence régionale. Il s’agit là, en toute
conscience politique, de mesurer les conséquences de
l’intégration ou non des missions du centre dans une agence
pour laquelle il reste, au jour d‘aujourd’hui, difficile
d’envisager qu’elle soit capable d’être en mesure de « mener »
des opérations de terrain.
En presque 17 ans, le CMTRA s’est construit dans une
double articulation : remplir les missions de service public
inhérentes aux centres en région labellisés par l’Etat d’une
part, et « combler » le déficit en matière d’offres de
formation, d’édition, de recherche et de diffusion en musiques
traditionnelles, d’autre part. La période qui s’ouvre nous
permettra donc, en toute responsabilité et dans le respect de
nos convictions, de faire les choix que nous jugerons les plus
pertinents pour la préservation et le développement de notre
secteur.
Nous avons durant toutes ces années d’existence, affirmé la
volonté de travailler avec tous les acteurs de ce vaste réseau
des musiques et danses traditionnelles. Les pages de ce
journal en témoignent, ils racontent ces terreaux de richesse
musicale, ces aventures artistiques, ces métissages et
rencontres insolites et audacieuses, ce numéro n’échappe pas
à cette ligne éditoriale.
Bon été musical à tous.
Robert CARO
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