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10e Rencontres Méditerranéennes de Nyons
ou comment découvrir les polyphonies corses en chantant avec U Celu

Entretien avec André de Nobili CMTRA : Que signifie le nom "U Celu" ?

André de Nobili : Simplement le "ciel", c'est le titre d'une chanson corse qui date d'une vingtaine d'années, nous l'avons repris comme nom générique. CMTRA : Votre ensemble de polyphonies corse sera présent cet été aux prochaines Rencontres Méditerranéennes de Nyons, dans la Drôme Provençale, avec de nouveaux titres pour un concert de polyphonies corses. Certains des membres de votre ensemble seront présents dans le stage de musique traditionnelles qui s'étale tout le long de la semaine. Alors, pouvez-vous nous expliquer les différentes natures des répertoires polyphoniques corses ?

A.d.N. : Je viendrais moi-même animer ce stage avec un de mes collègues qui a une voix de basse. Le premier jour, nous écouterons des enregistrements pour entrer un peu dans la mythique du chant corse, et le deuxième jour, nous attaquerons ces chants par thèmes, notamment par timbres de voix des participants.

Dans le chant corse il y a ce que l'on appelle la "paghjella" que l'on peut traduire très rapidement par polyphonie, c'est à dire plusieurs voix : avec une voix que l'on appelle "la seconde" qui est, en schématisant, une voix de ténor porteuse du chant, avec des basses qui viennent soutenir cette fameuse seconde, et puis avec ce que l'on appelle "la terza" c'est-à-dire la voix aiguë qui vient faire des arabesques et enrichir la partition. Ce sont les trois voix principales de la polyphonie corse. Mais, il faut aussi savoir que la polyphonie corse se distingue en diverses parties : la polyphonie profane et la polyphonie sacrée.

Ce sont évidemment de très grosses parties et il faudrait beaucoup de temps pour les apprendre, mais en une semaine de stage, nous avons le temps de faire un peu plus que les effleurer, et l'objectif final sera de faire chanter aux stagiaires une polyphonie profane et une sacrée. CMTRA : Quelle méthode utilisez-vous pour faire apprendre ces polyphonies ?

A.d.N. : Le solfège n'est pas indispensable à ce type de pratique, car elle est basée essentiellement sur l'oralité et sur les indications données. Il faut savoir que chez nous les thématiques musicales recoupent de telles ambiguïtés vocales que l'on ne peut pas les retranscrire. C'est un peu comme certains morceaux de chants du Maghreb sur lesquels des musicologues se sont penchés et ne sont pas arrivés à retranscrire vraiment.

Alors, évidemment les grandes lignes on peut les retranscrire, mais précisément pas tout ce que font les arabesques vocales. C'est pourquoi il y a beaucoup d'implications humaines dans ce type de chant très ancien, que l'on retrouve aux origines, auprès des personnes de la Méditerranée : en Sardaigne, dans le Maghreb et dans certains coins de l'Italie. C'est bien pour cela que le solfège n'est pas indispensable. C'est donc l'oralité et la manière particulière de la transmettre qui sont importantes.

Ceux qui sont un peu musicien ont certes un avantage, mais, je connais d'excellents chanteurs de polyphonie ou chanteurs tout court qui ne connaissent absolument rien en solfège. CMTRA : Il y a certainement un apprentissage du timbre vocal, une adaptation particulière à ces répertoires, je suppose !

A.d.N. : Tout à fait, on arrive à le cerner très rapidement. Chaque voix humaine est particulière et chaque timbre de voix est particulier. On naît avec une voix. Ce qu'il faut savoir c'est qu'il y a des timbres plus graves, en tous cas chez les hommes, ensuite pour les femmes c'est encore un autre aspect.

Petite précision, les femmes peuvent intégrer la polyphonie sans problème et surtout en général sur les arabesques des voix aiguës. C'est donc un stage que l'on peut effectivement qualifier de mixte. Mais, au préalable donc il y a des voix qui naturellement sont plus graves et d'autres plus aiguës, comme il y a des tessitures vocales particulières. On arrive facilement à cerner son timbre de voix par de simples petits exercices. CMTRA : Vous avez abordé la question de la mixité, je suppose que dans les pratiques contemporaines, il y a quelques petites différences par rapport aux chants polyphoniques traditionnels corses qui sont chantés uniquement par des hommes ?

A.d.N. : Le chant strictement polyphonique, en tous cas le chant religieux était uniquement dévolu aux hommes. D'ailleurs notre formation de six chanteurs est faite uniquement d'hommes. Mais il faut savoir qu'en Corse, depuis déjà une vingtaines d'années les femmes se sont inscrites dans ce domaine-là, elles ne font pas partie de notre groupe, mais il y a des femmes qui chantent en Corse dans cette logique-là. Elles participent d'ailleurs aux stages de polyphonie qui nous ont été donnés de faire, comme à Saint-Flour il y a trois mois, et cela se passe très bien. Donc, la mixité n'est vraiment pas un problème dans ce domaine. CMTRA : Malgré l'envie que les gens peuvent avoir à pratiquer ce répertoire, la langue peut être un obstacle aussi, quelle est votre méthode par rapport à cette distance culturelle ?

A.d.N. : C'est très simple, nous travaillerons avec une logique phonétique, et nous apprendrons des chants qui ne sont pas très compliqués au niveau de leur métrique poétique : des textes très courts que l'on pourra aisément retranscrire phonétiquement. En logique phonétique, on écrit ce que l'on veut entendre, et cela passe bien. CMTRA : Pour la partie de concert, quel est le corps du répertoire de votre ensemble, êtes-vous plutôt orientés vers une tradition rigoureuse ou avez-vous des options plus créatives ?

A.d.N. : La tradition n'est en aucun cas rigoureuse. Pour aller vers le futur, en ce qui nous concerne et selon notre point de vue, il faut posséder la tradition mais il faut aussi la faire naviguer au gré des rencontres, et c'est bien pour cela que nous avons dans notre spectacle trois thèmes essentiels : la polyphonie sacrée, très importante car c'est elle qui a déterminé en Corse beaucoup d'axes musicaux il y a des siècles, la polyphonie profane et les créations. Nous sommes très peu accompagnés, nous avons une guitare qui n'intervient pas tout le temps, sinon ce sont essentiellement des "Paghjelle". CMTRA : Vous proposez très prochainement un enregistrement, je crois ?

A.d.N. : Au mois d'octobre, parce qu'il faut savoir que malgré le fait que nous travaillons en tant que professionnels dans l'approche que nous avons du public et pour les stages, nous sommes six personnes qui ne vivons pas de la musique. Cela représente cinq heures de travail par semaine, et si nous n'avons pas encore fait de disque, c'est tout simplement parce que cela nécessite des fonds relativement importants. Alors, nous nous sommes attachés à récolter pour enregistrer au mois d'octobre. Cela demande aussi une grande disponibilité. Or, jusqu'à présent il nous était impossible de nous libérer pendant une vingtaine de jours pour réaliser cet album.

Nous prévoyons sa sortie en décembre 2000, nous avons donc déjà répertorié les chansons qui y figureront, et nous l'avons choisi très vaste, très éclectique. Ce que nous présentons en troisième partie de notre spectacle cet été est en fait l'album intégral.J'aimerais ajouter que l'on s'inscrit de façon délibérée dans la logique de ce qu'il est convenu d'appeler "les chants du monde". C'est une forme musicale, comme beaucoup de formes musicales profondes, qui demande une implication humaine, et c'est pour cela que nous tâchons, à travers nos concerts, d'être non seulement des chanteurs mais aussi des pédagogues. C'est-à-dire de montrer ce qu'est notre île que souvent les médias ne décrivent pas de la meilleure façon qui soit. * André de Nobili, chanteur du groupe U Celu Propos recueillis par J.B. - du 22 au 29 juillet -

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