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Free Sons à la MJC Louis Aragon de Bron (69)

Entretien avec Patrick Partouche * Patrick Partouche : L'espace musical Free Sons est d'abord une école de musique, donc dispense un enseignement, accompagne le projet musical d'un certain nombre de personnes, et met à disposition des compétences plus spécifiques, en particulier sur la musique traditionnelle. Mais l'objectif est aussi de sortir de la maison pour sensibiliser les brondillants aux pratiques musicales, et enfin développer la création et la diffusion.

Tout cela peut être contenu dans un projet global qui correspond à mon avis à l'ensemble des projets des écoles de musiques du Rhône, c'est à dire développer la pratique collective amateur, autonome. Ce, dans un cadre d'ouverture maximale dans la limite de nos compétences.
CMTRA : Les publics sont-ils comme dans une école de musique municipale, essentiellement des enfants ?

P.P. : On a environ 450 élèves par an dont à peu près 300 enfants et 150 adultes. Nous avons de nombreux adultes parce que nous proposons des ateliers qui peuvent les intéresser, comme les ateliers de rock, de jazz ou de musiques traditionnelles. Ce n'est pas un public spécifiquement de Bron. CMTRA : Tu as cité deux esthétiques musicales, en proposez-vous d'autres ?

P.P. : L'enseignement des musiques traditionnelles s'est développé ici il n'y a que quelques années. Depuis la fondation de cette "école de musique" dans les années 70, on a dans nos murs, l'ensemble de musiques des Andes Ya Tiri.

C'est en fait à l'origine un Bolivien en résidence à la MJC qui a développé ce secteur. Par contre, la musique traditionnelle française à travers l'accordéon diatonique, ou la guitare flamenca, la musique des cultures maghrébines avec entre autres les percussions orientales, et les musiques brésiliennes, sont arrivées chez nous assez tardivement, dans les années 1990. Ce qui nous vaut quand même une petite expérience de 10 ans d'enseignement dans ce milieu, qui plus est a très bien évolué. Il faut voir qu'au départ, Christian Oller qui donnait déjà des cours d'accordéon diatonique ici, n'a eu que 3 ou 4 élèves la première année, alors qu'aujourd'hui il a une vingtaine d'élèves.

Alors, la guitare flamenca a connu un véritable engouement. Ce cours est ouvert depuis 5 ans, et Jean-Yves Sanchez, animateur a eu immédiatement une quinzaine d'élèves. Dans ce cas-là, on se rend compte qu'il s'agit d'un accompagnement de projet, parce que ce sont des guitaristes qui viennent apprendre une culture, une tradition. J'ai même eu un professeur qui enseignait la guitare jazz ici, et qui a rejoint le cours de Jean-Yves Sanchez pour venir chercher cette particularité musicale andalouse.

En ce qui concerne les musiques maghrébines, c'est différent, les gens viennent prendre des cours de luth arabe ou de percussion orientale sur une seule saison. Il est aussi possible qu'ils cherchent une culture maghrébine traditionnelle plus proche des musiques populaires alors qu'on leur propose une musique déjà trop savante. Il y a aussi peut-être suffisamment de lieux pour cette pratique. Ce qui nous intéressait en créant ce cours-là, c'était de faire appel aux compétences de personnes de proximité. Marc Loopuyt et son fils Thomas Loopuyt habitent à Bron. C'est Thomas Loopuyt qui dispense des cours de luth et de percussions orientales ici.

Et puis surtout, nous cherchons la mixité des publics, et en cela, si on présente des cultures différentes sur une ville comme Bron qui est quand même pluri-ethniques, cela nous permet d'imaginer un croisement des publics.Alors, effectivement les gens arrivent dans ces cours avec leur projet, mais on espère quand même qu'à un moment donné il y aura un échange pour pouvoir construire un projet collectif. Récemment, on a eu plaisir à accueillir le bagad Avel Mor de Roanne toujours officiellement en résidence à Roanne, et qui bénéficie de nos locaux pour pouvoir à la fois dispenser un enseignement et programmer leur répétitions. Cela nous paraît intéressant parce que c'est à la fois quelque chose de très différent.

Le bagad nous amène une sonorité nouvelle, car nous ne connaissons pas du tout la cornemuse, cela ne fait pas partie de la culture brondillante, c'est pourquoi je pense que c'est une grande richesse au niveau des échanges et surtout au niveau de la création musicale. On peut espérer que ces sonorités fassent bouger les choses, parce qu'ici il y a une forte tendance à s'orienter vers le jazz, alors que depuis 2 ou 3 ans, par l'implantation des musiques traditionnelles dans notre MJC, on sent qu'il y a une modification dans les aspirations, on entend des modes que l'on entendait pas avant.

On a d'ailleurs créé un collectif de musique, je ne sais pas si c'est "à la suite de cela", mais peut-être que par l'implantation de ces couleurs, de ces musiques traditionnelles, il y a eu le besoin de construire quelque chose de nouveau, parce qu'il y a quand même pas mal de créateurs potentiels dans notre maison, en particulier chez les professeurs de musiques.Je parlais tout à l'heure des missions de l'école de musique de la MJC, et d'un des points, c'est la création et la diffusion. Donc ce collectif a pour obligation de faire de la création, c'est à dire qu'en aucun cas il va interpréter des choses qui existent déjà, il a pour mission de chercher d'autres formes et pas seulement à partir des formes instrumentales déjà existantes, il doit s'obliger à abandonner par exemple des notions d'accords qui sont des notions ancrées dans notre culture occidentale, il doit penser à d'autres systèmes qui existent en Inde ou ailleurs pour pouvoir enrichir la palette sonore.La question d'ouverture se pose alors aussi au niveau de l'enseignement musical, parce que jusque-là, tacitement, on considère qu'une école de musique doit enseigner la musique classique jusqu'à la fin du XIXe siècle. Or, je pense que depuis 20 ans il y a eu des changements considérables. Depuis les années 1980-90, on sait qu'il y a une palette musicale monstrueuse, sur 360°, c'est à dire toute la planète. On a maintenant connaissance sans trop de difficultés des musiques pygmées traditionnelles, des musiques inuits, et on se rend compte qu'il y a des richesses, des sonorités que l'on n'a jamais entendues.

Ce collectif à cette mission, trouver des sonorités différentes et jouer sur ces choses-là. Il y a des dissidents dans ce collectif qui ont été habitués, et surtout ceux qui sont en jazz, au "A-B-A" traditionnel, au 32 mesures, au système de reprise... et du coup quand on leur propose une forme qui n'est pas finie, c'est à dire que cette forme va être nourrie au moment de l'interprétation, qu'elle se construit au moment ou elle est jouée, cela perturbe pas mal les musiciens, cela met des tensions parce qu'on ne sait pas trop ce qui va se passer le jour du concert.Il faut réfléchir ensemble, avec d'autres écoles de musiques en réseau avec l'association des écoles de musiques du Rhône, et partager ses compétences ; changer l'école de musique, ne plus avoir forcément le professeur qui "saurait tout", car ce n'est pas vrai, et au contraire travailler avec des intervenants, des spécialistes qui peuvent apporter des lumières dans des domaines spécifiques parce qu'ils ont leur spécificité. Mais, cela incite à un grand bouleversement économique, car il y a des enseignants permanents, embauchés dans un cadre, et on se rend compte aussi que lorsque l'on est soumis au contrat, on est économiquement soumis à une restriction de la palette d'enseignement. CMTRA : L'activité de l'enseignement de musiques traditionnelles de l'école de musique de Bron au sein de la MJC est une des toutes premières à proposer ces pratiques au niveau de la région Rhône-Alpes. Une autre originalité, c'est que l'activité enseignement - formation musicale se situe dans une structure qui offre en même temps une activité de diffusion, en accueillant des artistes et même des créations. Quelle est la relation entre ces deux outils qui cohabitent dans cette maison ?

P.P. : Jusqu'en 97, j'étais responsable de ce secteur de diffusion, et compte tenu de l'expansion de l'école de musique, j'ai laissé à une de mes collègues qui travaillait sur la diffusion jeune public le secteur de la diffusion culturelle, en particulier la diffusion musicale. Gisèle Bertrand qui s'occupe maintenant de la diffusion à la MJC est restée dans le prolongement de l'action qui avait été entreprise depuis la naissance de la MJC. Une des vocations de la MJC est effectivement de travailler sur les musiques du monde. Aujoud'hui, la relation entre la formation musicale et la diffusion est visible, la preuve en est, la Fragua est venue présenter son spectacle andalous le trimestre précédent avec Jean-Yves Sanchez qui est notre professeur de guitare flamenca. On essaye, par rapport aux différents départements musicaux qui existent ici, d'avoir une image artistique professionnelle qui puisse être diffusée auprès des adhérents mais aussi auprès du grand public. Sachant qu'effectivement ce n'est pas la première année que l'on fait du spectacle de flamenco, car on a un fort secteur de flamenco.

Il y a eu en général beaucoup de spectacles liés à la guitare en musique traditionnelle : avec la salsa, les musiques brésiliennes, en passant par le flamenco.La résidence de la compagnie Tracas d'Affaires, qui fait un travail inspiré des batucadas du Brésil, a aussi impliqué des spectacles de cette compagnie. Ils se sont produits en janvier et au mois de mars dans le cadre de la Fête du Livre et ils se produiront à nouveau au mois de mai. Ils ont en plus une action pédagogique très forte sur la commune puisqu'ils font partie de la mission "sortir des murs de la MJC" pour mener des actions de sensibilisations dans les quartiers qui peuvent induire par la suite des actions de formations. Jean Andréo, directeur artistique de la Cie et ses dix musiciens font un travail très important.

On a une soixantaine de jeunes qui ne connaissent pas une seule note de musique et qui n'ont jamais suivi de cursus spécialisé, mais qui pratiquent la batucada et se produisent sans trop de difficultés. Alors, il faut être clair sur les objectifs de cette démarche, car c'est avant tout une épreuve de sensibilisation mais qui peut induire une formation.Il y a aussi des premières parties de concert qui sont animés par les élèves d'ici, c'est assez apprécié.

On se rend compte finalement que ce n'est pas toujours la qualité artistique qui amènent le public dans un concert, enfin je parle dans le contexte d'une MJC. Notre public est celui qui gravite autour de la MJC par exemple, par le biais des ateliers. Il y a bien sûr un autre public qui lui vient pour les artistes professionnels, pour la notoriété du groupe ou la nature du spectacle, et ce n'est d'ailleurs pas forcément un public de la commune, excepté sur le jazz traditionnel de New Orleans et le gospel où effectivement on se rend compte que les brondillants se déplacent. Lorsque l'on fait un spectacle de musiques des Andes ou de flamenco, le public arrive de Saint-Étienne, Grenoble. En général le public se déplace par rapport à l'identification du spectacle (musique yiddish, musique celtique, musique flamenca), et là, la salle est pleine. Alors que le métissage musical n'est pas encore identifié par un public, et on ne vient que si on connaît tel musicien qui joue mais pas forcément par rapport à la musique qui s'en dégage.On a créé ici à Bron avec la médiathèque Jean Prévod, un cycle de conférence annuel sur différents thèmes, cela s'appelle "les Accords du Jeudis". Ils ont pour objectif de sensibiliser les publics à découvrir des choses qu'ils ne connaissent pas. C'est gratuit et c'est un professionnel qui vient faire écouter des disques et les commenter pour aider à les comprendre, à les écouter plus facilement, ce sont des ouvrages bien sûr disponibles en prêt à la discothèque.

Différents thèmes ont été programmés, et on s'est rendu compte que les gens venaient par rapport aux thèmes, à par un noyau infime de 10 personnes présent de conférence en conférence. On a pourtant fait des soirées très éclectiques, une soirée sur la techno, une autre sur les musiques orientales, sur les musiques de l'Inde, sur la création musicale au XXe siècle. Du coup, on se rend bien compte que les gens n'ont pas de temps à perdre, ils viennent voir ce qu'ils connaissent déjà, ils n'ont pas le souci de s'ouvrir à des univers qu'ils ne connaissent pas, et c'est pourtant notre responsabilité de leur proposer des musiques à découvrir. * Patrick Partouche est responsable de l'espace musical "Free sons" à la MJC Louis Aragon de Bron. - Samedi 20 et dimanche 21 mai -Bron (69)

MJC Louis Aragon, stage de guitare et de chant Blues-Rock avec Jack Bon Contact

MJC Louis Aragon

Place Gaillard Romanet 69500 BRON

TÉL : 04 78 26 87 25

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