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Dans une main tu as l'expression de la mélodie... "Nuit des Musiques
Auditorium de Lyon

Espace, Auvergne, Poésie : les univers du chanteur André Ricros Entretien CMTRA : André Ricros, on connaît ta passion pour le chant traditionnel : comment as-tu été saisi par cette folie?

André Ricros : Quand j'étais gamin, mon père chantait en se servant du diatonique. Et il est vrai que la manière dont il chantait m'a toujours impressionnée. Je n'ai jamais chanté chez moi parce qu'ils considéraient que je chantais faux. Donc, mon frère et ma soeur chantaient, mon père chantait, ma mère aussi, quant à moi on "m'invitait à ne pas chanter"

Puis, dans les années 70, je me suis intéressé à la cabrette (une des cornemuses d'Auvergne), et je me suis passionné pour le chant. C'est en rencontrant à nouveau des chanteurs sur le terrain que je me suis remis à chanter. En fait ce qui m'a toujours intéressé ce n'est pas le répertoire en soi, mais la qualité de l'interprétation : ce que "raconte" le chanteur. Ce qui me touchait était la manière dont il le chantait. CMTRA : Les paroles pour toi ont peu d'importance, il y aurait autre chose de plus indéfinissable ?

A.R. : La mélodie est importante parce qu'en même temps on ne choisit pas n'importe quelle mélodie, comme on ne peut pas porter n'importe quel texte non plus : c'est difficile. Mais au-delà de cet intérêt-là, ce qui m'a bouleversé, c'est la capacité qu'ont certains chanteurs, et cela est valable pour tous les genres de musiques : pour la variété, le rock, le jazz..., à pouvoir transmettre ce qu'ils ressentent dans l'instant où ils interprètent.

Mais en collectant, j'ai eu la chance de rencontrer des chanteurs traditionnels aussi impressionnants que peuvent l'être Brel ou Piaf. CMTRA : Si je te dis "chant traditionnel", quel est le premier visage qui te vient à l'esprit ?

A.R. : C'est celui de Marie-Jeanne Beysseyrot. C'est une dame qui a beaucoup influencé ma manière de chanter, et les répertoires que j'utilise. Quand je l'ai vue pour la première fois, elle avait 70 ans et je devais en avoir 20 ans : sa petite fille venait juste de naître, et je l'ai enregistrée pendant plus de 20 ans. Aujourd'hui elle a plus de 90 ans.Après la publication du CD qui lui a été consacré dans la collection de l'AMTA, j'ai transmis l'intégralité du fond à sa petite fille qui continue maintenant le travail toute seule. CMTRA : En quoi consistait cette conciliation avec elle, toi un chanteur, elle une chanteuse ?

A.R. : C'est sur la manière dont elle traite les mélodies, sur les choix des mélodies. Et, elle le dit elle-même, je l'ai interrogée là-dessus. Pourquoi un chanteur se fabrique un répertoire qui est une sélection intime. Elle dit que pour elle, il y a plusieurs dimensions dans le chant. Il y a les chansons qu'elle chante pour la vie sociale, pour le groupe, et là elle chante des choses pour amuser les gens.

Et puis, il y a d'autres chansons qu'elle chante pour elle, et ce n'est pas la même chose. Ces chansons c'est justement le répertoire qui me plaît chez elle. Un répertoire fort, fait d'un choix esthétique très personnel. Les mélodies que je choisis sont souvent assez proches de celles que chante Marie-Jeanne Beysseyrot. Les chansons de Marie-Jeanne possèdent souvent une note à l'intérieur de la chanson qui établit une bascule, qui fait pivoter l'ensemble. Il y a toujours cette note qui fait que la chanson a plusieurs facettes, et on peut la prendre dans n'importe quels sens, elle tient debout. CMTRA : C'est finalement un rapport très individualisé de chanteur ou de chanteuse, dans une tradition que l'on considère souvent comme quelque chose d'anonyme et de généralisé, et que tu ramènes pourtant à des individus expressifs : ces réflexions t'ont portées à des expériences tous azimuths avec des formes musicales à priori étrangères aux musiques traditionnelles ?

A.R. : Ce sont effectivement des choix très personnels. A partir du moment où l'on considère le chant comme une aventure personnelle. Le choix du répertoire est un prétexte pour atteindre des choses qui sont le plus près de soi et qui entrent en résonance avec une sensibilité qui est la sienne.

D'autre part, il faut que les chants soient suffisamment chargés pour qu'ils ne soient pas épuisés au bout de la première interprétation. La mélodie toute seule, lorsque tu la chantes, évoque un certain nombre de choses en toi que tu peux repérer et utiliser comme appuis lors de l'interprétation. Ensuite le texte lui-même te donne aussi un certain nombre d'images, un peu comme un court métrage. Et par dessus cela, tu poses une troisième couche qui est ce que tu penses dans le moment où tu interprètes la chanson

C'est-à-dire que dans une main tu as les images venant de la mélodie, dans l'autre celles issues du texte, et tu as une troisième main au milieu des deux autres qui est celle de ton interprétation personnelle. CMTRA : Alors, pourquoi aller chercher des éléments perturbateurs, je pense notamment à tes expériences avec les musiques improvisées : est-ce que cela crée un habillage, ou est-ce qu'au contraire c'est quelque chose qui va encore bousculer ton interprétation ?

A.R. : J'ai constaté souvent lorsque l'on chante tout seul a capella que le type même des mélodies, la langue que l'on parle, le style, les timbres qu'on utilise et qui sont assimilés aux "musiques traditionnelles", nous enferment dans quelque chose de folklorisant. La dimension du passé envahit et plonge les gens qui écoutent dans cet univers-là.

Moi, ce qui m'intéresse, c'est de rendre l'interprétation radicalement actuelle et contemporaine. Donc, je travaille avec des musiques qui me permettent d'avoir un environnement musical qui colle au plus près des images que je crée, et qui passent dans ma tête, lorsque j'interprète certaines chansons.

Quand on a travaillé avec Alain Gibert par exemple sur les quarante chansons que je lui avais données, il m'a dit : "Écoute, il y en a deux ou trois que je pourrais éventuellement arranger, mais le reste, j'entends tout pareil !"Et, quand nous avons travaillé sur l'arrangement, je lui ai raconté les images que j'avais en moi.

L'arrangement a donc été fait à partir de ces images me permettant de projeter celles que j'ai dans ma tête pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur le propos qui est le mien. Les gens avec qui je travaille font tout pour renforcer ces images, et les rendre les plus lisibles possible. CMTRA : C'est une construction poétique à deux ou trois intervenants ?

A.R. : Oui, mais en même temps c'est une poésie qui est ma réalité. CMTRA : A l'Auditorium, tu vas affronter une interprétation soliste, a capella : n'y- a-t'il pas une certaine difficulté, dans un lieu marqué par la musique classique et ce que l'on appelle encore les musiques savantes, à gérer ce genre de situation ?

A.R. : Le seul moyen que l'on a c'est de tout oublier, surtout a capella. C'est raconter et croire à son histoire. La collecte m'a permis de réunir les matériaux dont je me sers dans l'interprétation. J'oublie tout, il faut absolument oublier les sources. CMTRA : Tu vas te fâcher avec tous les tenants d'une identité "racinée" ? Et pourtant tu es un chanteur auvergnat ?

A.R. : Cela m'est égal, je suis un chanteur auvergnat de 2000, un chanteur de musique contemporaine ! Propos recueillis par EM - Vendredi 26 mai -

Lyon (69)

Auditorium de Lyon, Nuit des Musiques de la Montagne Alpes du Sud, Auvergne, Bretagne, Catalogne, Corse, Dauphiné, Savoie Cobla Millenaria - Cor Alpes André Ricros - Chant, Cabrette Corou de Berra - Chant polyphonique Draille - Quintette de violons A Filetta - Polyphonie Pierre Crépillon et Laurent Bigot - Bombarde et Biniou Contact

Auditorium de Lyon: Tél : 04 78 95 95 95


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