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Jo Staline ou le droit à la paresse la tradition au service de la con

Entretien avec Fred Pradelle et Christophe Jacques CMTRA : Fred Pradelle et Christophe Jacques, vous avez été libérés par vos camarades de Jo Staline, d'une répétition et d'une tournée pour venir nous entretenir de votre aventure "Jo Staline". Bilan sur ces 10 années ?

Fred Pradelle : Le concept Jo Staline est né en 1990, et puis on a mis quand même 5 ans à se mettre d'accord pour faire des concerts. C'est-à-dire qu'au départ on en faisait un par an, pour la fête de la musique (rires), on ne pensait pas qu'on allait en faire plus que ça.

Après, on a commencé à tourner vraiment, à être demandé, à partir de 1995 surtout par des tournées en Bretagne. Puis, on a changé de musiciens en cours de route parce certains étaient encore plus fainéants que nous, le fait de tourner les a rendu malades, et on a été obligé d'en prendre d'autres qui avaient envie de circuler. Jo Staline est né en 1990 pour fêter la chute du mur de Berlin...Christophe Jacques : ... Et des années Tapie (rires) CMTRA : Et, alors, c'est quoi l'idée de Jo Staline ?

F.P : L'idée c'est de faire de la chanson avec un peu de satire, où on ouvre un peu notre "gueule", comme le faisaient Renaud ou Béranger. En même temps, il y a des références à la musique traditionnelle, à la musique celtique surtout, on a voulu faire le mélange des deux en disant que la chanson à texte pouvait être aussi supportée par des musiques un peu enracinées. Ce qui a amené des instruments comme la mandoline, la vielle, la flûte irlandaise...

C.J. : ... On a même eu un cromorne...

F.P : Voilà, en même temps on a eu des influences un peu rock and roll, donc c'est un mélange des genres. Maintenant, on a une formation qui est assez soudée avec un stand de percus avec le bodhran, le djembé qui donnent des couleurs (c'est marrant d'assembler le djembé avec la vielle à roue), mais on continue toujours dans le même état d'esprit : chanson un peu "contestataires", sans se prendre au sérieux avec l'inspiration des musiques folk que l'on aime bien. CMTRA : Ce cocktail est quand même peu répandu, je ne connais pas d'équivalent de projets existants, vous êtes les seuls au monde (rires) ?

F.P : (rires) En même temps, cela fait peur, il y a des programmateurs qui n'osent pas. C'est arrivé que l'on soit inclu dans des programmations plus axées sur la musique traditionnelle, et puis quand ils nous ont vu arriver, la moitié de la salle s'est vidée (rires), ils se sont dit : "C'est pas du trad ça !".

C.J. : Mais en même temps, on a fait le Grand Angle pour la Nuit Celtique à Voiron, ça c'est hyper bien passé. On a joué à 2h15 du matin. Il y avait encore 1 000 personnes, ce ne sont pas des "couches tôt"! CMTRA : A votre avis, pourquoi y-a-t-il des gens qui partent de vos concerts, c'est un malentendu ?

F.P. : Ils ne s'attendaient pas à entendre cela. Souvent les gens sont à l'affût de choses vraiment purement traditionnelles aux niveau de la musique. Par rapport à la musique celtique justement il y en a qui pensait que l'on allait ressortir les vieilles chansons un peu comme Tri Yann l'a fait dans les années 70, avec plus de musiques traditionnelles et peu d'harmonisations. Alors, quand on voit arriver une guitare électrique avec une basse et des percussions, on se dit "tiens" ! les gens attendent quelque chose de plus puriste. Mais, ce n'est pas trop notre truc, le purisme !

C.J. : On fait beaucoup de choses mélangées, même dans les instruments, sur les derniers instrumentaux, il y a différents genres : musiques yiddish, musiques orientales avec des thèmes qui sonnent un peu celtique, alors c'est vrai qu'on n'a pas trop une démarche de puriste. CMTRA : Ce sont bien vos textes qui vous différencie d'autres groupes qui pratiquent les métissages musicaux, alors qu'est-ce que vous voulez dire à travers ces textes ?

F.P. : Les textes sont très liés à une conception philosophique des choses. C'est le droit à la paresse, l'autogestion, il n'y a rien de mieux que de s'auto-gérer, même si on "en bave", parce qu'en même temps, c'est un espace de liberté. C'est vrai que cela demande beaucoup de travail et de prise de têtes entre les personnes comme dans tout domaine associatif d'ailleurs, et en même temps, il y a des thèmes qui reviennent souvent, par exemple : l'écologie, des idées libertaires, chaque année nous faisons des concerts de soutien pour les anars, que ce soit à Grenoble, Lyon ou Saint-Étienne... Il y a un peu toutes ces choses-là qui rejaillissent à travers les textes. On a pas envie de dire non plus aux gens ce qu'ils doivent penser. Et puis il y a le biais de l'humour, de la déconnade sur scène. C'est un parti pris, sur la scène par rapport aux gens, c'est un peu interactif : on paye à boire aux gens pendant que l'on joue parce qu'on se dit qu'ils ont fait l'effort de venir, alors on leur paye un canon, même si tout le monde ne peut pas boire...

C.J. : Cela nous permet de boire aussi... CMTRA : Les courants de pensées que tu cites, véhiculés par quelques très rares publications de presse sont restés, pendant les années 80 et 90, bien minoritaires. Il y a aujourd'hui un porte parole médiatisé autour de ces idées, José Bové, de la Confédération Paysanne, vous vous sentez en accord avec lui ?

F.P. : On a signé des pétitions au moment où il était en tôle, on a soutenu ATTAC, le 30 novembre en jouant pour eux, et donc il y avait aussi la Confédération Paysanne. Le combat de José Bové, on le défend aussi. On a fait une intervention chez Michel Field à "Prise Directe", sur le thème "La malbouffe", mais on insistait sur des problèmes beaucoup plus graves. "Pourquoi on doit aller au Mac Donald parce qu'on vit trop vite, on vit comme des cons, on respire n'importe quoi, ça va toujours aller de plus en plus vite, on ne prend pas le temps de vivre..."

C.J. : C'est l'économie de marché qui nous impose ce rythme de vie-là, parce que nous, quand on réclame le droit à la paresse, quand on chante le droit à la paresse, ce n'est pas la paresse en tant que telle, c'est aussi une manière de vivre, "être paresseux", cela ne veut pas dire ne rien faire, cela veut dire simplement ne pas rentrer dans un système de rentabilité à tout prix, qui nous écrase et qui nous éclate la gueule. F.P. : Il y a une époque où on nous traitait de soixante-huitard attardé à cause de tout cela. CMTRA : Soixante-huitard, tard, tard...

F.P. : Tard, tard, ouais! bon on y a eu droit, j'avais deux ans en 68 mais ils ont laissé un truc super de côté, car sur ce que proposait 68, il y a 90% des idées qui n'ont pas été exploitées. Donc, quand on fait le constat on se dit : "tient ça il faut le prendre, c'est encore avant gardiste sur plein de trucs..." Quand on réfléchit bien... souvent quand on parle de la gauche et on dit : "tient, ils disaient l'imagination au pouvoir en 68" et puis ils ont perdu quelque chose en route...

C.J. :... Ils ont surtout gardé le pouvoir ! (rires) F.P. : Par rapport à Charlie Hebdo, on est assez proche, même si des fois on a envie d'engueuler Val, le rédacteur en chef parce que comme donneur de leçons... enfin bon ! CMTRA : Tu faisais allusion aux années 70, ces années post soixante-huitardes où fleurissait un mouvement appelé "les chanteurs engagés", à entendre un peu vos textes, vous seriez plutôt du côté de la chanson "enragée" ?

F.P. : Enragée, oui, pas des vaches engagées, mais des vaches enragées (rires)... bon mais, il y a des influences qui jouent quand même, j'ai eu la chance d'avoir des parents qui militaient pour tous les combats, antinucléaire... donc j'ai été baladé entre ma ville et le Larzarc, et les prises de positions sur Plogoff, et en même temps il y avait des festivals de musiques, des concerts organisés partout avec "trois francs six sous". Les mecs avaient du culot, ils faisaient quelque chose avec rien. Les souvenirs que j'ai, sont des souvenirs de grosses fêtes, et ça c'est un peu de la nostalgie, mais en même temps, on aimerait bien remettre cela sur le tapis. Parce que c'est toujours les mêmes qui trinquent, et c'est toujours les mêmes qui gueulent, alors il y a 32 ans certains gueulaient déjà, on les revoit encore avec les drapeaux. On nous dit que l'on est dans un système où le libéralisme économique est la seule solution, et on s'aperçoit que lorsque l'on met la rentabilité là-dedans, cela nous retombe dessus. On fait des économies sur certaines choses, et cela créée des catastrophes. C'est toujours les mêmes couillons après qui vont nettoyer : des bénévoles. CMTRA : Votre répertoire évolue-t-il ?

F.P. : Il y a certaines nouvelles chansons qui ne sont pas écrites comme j'avais l'habitude d'en écrire, avec des thèmes qui sortent un peu de l'engagement "politique", je pars sur d'autres atmosphères. Et puis, il y aura peut-être deux chansons en breton. J'ai écrit un texte que j'ai fait traduire en breton par une école Diwan. Au niveau des instrumentaux on pense inviter des musiciens extérieurs. On a fait la proposition à Christophe Sacchettini...C.J. : ... Ce n'est pas une liste limitative, le prochain album va changer de couleurs, peut-être qu'il y aura de la techno dedans (rires)... CMTRA : Où sont passés les Sectaires ?

F.P. : Et bien, ils ne nous ont pas rapporté beaucoup (rires)... "Jo Staline et les Sectaires", ça ressemblait trop à tous les groupes de rock alternatifs : "Jo Butagaz et les Brûleurs", il y en avait plein qui faisaient des séries comme cela, et puis on s'est dit : "bon on enlève les sectaires". De toutes façons, tout le monde dit "Jo Staline". Il y a des animateurs de socio-cu, et même des directeurs de MJC qui nous ont dit : "Si vous gardez Jo Staline, on va croire que vous êtes un groupe de bolchevik". Je leur ai dit que comme cela ils seraient obligés d'écouter le disque, et là ils verront que ce n'est pas vrai (rires). CMTRA : Allez-vous conservez l'alchimie originale, influence en partie traditionnelle d'horizons divers, influence un peu rock et puis des textes revendicatifs ?

C.J. : Ca restera toujours notre fond de commerce.

F.P. : C'est la base du groupe Jo Staline. Mais par contre, cela ne nous empêchera pas de découvrir d'autres horizons, avec d'autres musiciens. On en attend beaucoup parce que c'est comme cela que l'on s'enrichit, les gens apportent toujours quelques choses de frais. Mimi avec ses percus a coloré les morceaux à sa façon, on ne s'y attendait pas, le résultat est ce qu'il est, et j'aime bien. Du coup, on va continuer en même temps à s'éparpiller avec des airs nouveaux, et en gardant la structure de base, le concept que l'on avait au départ. Mais il faut faire attention à ne pas se répéter, c'est ça le plus dur. Propos recueillis par J.B. - Jeudi 4 mai -

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