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Initiation à la guitare flamenca aux rencontres des "Voix du Cante Fl

Entretien avec Pierre Carré * Dominique Jégou : En novembre dernier lors de la 1° édition des Voix du Cante Flamenco, plus de 140 personnes sont venues des quatre coins de la France au CNR pour suivre les stages. Quel en a été l'impact sur les élèves du CNR ?

Pierre Carré : L'année passée ces rencontres n'ont été précédées d'aucun travail préparatoire et seuls quelques élèves du CNR s'étaient inscrits aux stages de guitare. Les bénéfices qu'ils en tirèrent furent pour certains bien modestes. Tel cet élève d'un niveau déjà avancé en guitare classique qui fut dérouté par l'absence de rapport à l'écrit et ne termina même pas le stage. A l'inverse un autre, plus jeune, moins avancé, mais habitué à l'apprentissage par imitation en tira le meilleur parti. D.J. : Et ensuite tu as initié un travail sur la guitare flamenca avec les élèves des classes de guitare, qui a abouti à la réalisation d'une soirée en fin d'année...

P.C. : Un stage pour nous n'a maintenant d'intérêt que s'il s'incrit dans un travail sur le long terme. C'est ce que j'ai essayé de faire : ainsi le spectacle sur De Falla, García Lorca et le Flamenco en était une étape, pas une fin. Ce fut l'occasion de travailler avec Philippe Sire et la classe d'art dramatique. En plus de l'apprentissage les élèves ont eu le plaisir de goûter aux feux de la rampe: d'ailleurs l'exécution publique fait partie de l'apprentissage du jeune musicien. D.J. : Pour toi, quel peut être l'intérêt de la guitare flamenca pour des élèves de Conservatoire ?

P.C. : Hormis la motivation qu'apporte l'approche d'un nouveau répertoire, les progrès techniques éventuellements induits, l'attrait que peut avoir la guitare espagnole populaire chez les jeunes, le flamenco c'est surtout l'apprentissage de la liberté. Mais la liberté n'est pas l'anarchie. Il faut découvrir puis intégrer les structures, les règles, autant de cadres dans lesquels on va pouvoir improviser. D.J. : Jouer du flamenco présente-t-il un intérêt par rapport à l'interprétation des compositeurs classiques espagnols : De Falla, Albeniz, Granados ?

P.C. : Le langage utilisé par ces compositeurs n'est pas celui de la musique populaire, mais, mieux connaître la musique andalouse et le flamenco c'est mieux connaître ce qui fut en grande partie leur source d'inspiration, c'est donc s'offrir la possibilité d'affiner, d'enrichir l'interprétation de leurs uvres. Pour prendre un terme à la mode: c'est pouvoir jouer plus "authentique"; sans pour autant en faire du flamenco bien entendu !

Pour un enseignant, transmettre un savoir n'est pas chose aisée, quant à "faire sentir", faire naître une émotion, c'est encore plus difficile. Je pense que la prise de conscience des styles peut aider un élève à réaliser qu'on ne joue pas une bourrée de Bach de la même manière qu'une étude de Léo Brouwer. D.J. : Revenons à cette question de l'absence de support écrit dans la pratique de l

P.C. : Oui, une grande part de l'intérêt est là. La prise de conscience des limites de la formalisation sur le papier (qu'on retrouve dans le jazz) débouchera sur la nécessité d'aller plus loin que ce qui est écrit. Mon rôle d'enseignant est de montrer que le problème est le même dans la musique classique (comme dans toutes les musiques). La partition y est quasiment indispensable, la technique instrumentale un moyen incontournable, mais l'essentiel n'est-il pas d'aller au-delà du texte transcrit sur le papier grâce à une technique maitrisée ? D.J. : Il y a aussi des partitions de flamenco, des tentatives de transcription, nombreux sont ceux qui s'y sont essayés. Qu'en penses-tu ?

P.C. : Pendant plusieurs siècles le système de notation s'est perfectionné en fonction des besoins des compositeurs, il s'est adapté à une polyphonie de plus en plus complexe, aux styles des musiques qu'il devait servir jusqu'à atteindre certaines limites avec la musique contemporaine. Ce système est mal adapté au flamenco. N'oublions pas qu'il trouve son origine en Orient; plus encore que dans le classique il faut savoir lire entre les notes. D.J. : Cet apprentissage de la liberté ne provoque-t-il pas des craintes ?

P.C. : (rire) Chez les élèves, non ! Ils se jettent avec délice dans ce bain de nouveauté. Les craintes viennent davantage des adultes qui les entourent. On s'inquiète en particulier d'un éventuel abandon de la rigueur; pour le commun des mortels, la guitare flamenca est une guitare festive, un simple outil rythmique, surtout que la référence en la matière n'est pas le Cante Jondo ( le chant profond ) mais les Gipsy Kings. D.J. : Pourtant la technique de la guitare flamenca diffère de la technique classique, en particulier le son ?

P.C. : Oui, l'attaque classique recherche un son policé, le plus "rond"possible. L'attaque flamenca est avant tout dynamique, le son parfois rauque, presque agressif. Les instruments utilisés diffèrent légèrement, chacun tendant à favoriser les qualités de sons recherchés. Certains musiciens maîtrisent très honorablement plusieurs instruments : pourquoi un guitariste ne serait-il pas capable de maitriser deux techniques, deux langages, sur le même instrument ? pour moi ils ne s'opposent pas : ils se complètent. On retrouve ces questions au niveau de la voix, dans le Cante c'est le timbre qui permet de classer, si l'on peut dire, les voix alors que dans le classique la hauteur sert de référence D.J. : Tu voulais aussi souligner un effet important de cette rencontre avec le flamenco. Sur l'influence de la transmission des cultures de tradition orale sur la question de l'écoute.

P.C. : Oui. Nous subissons un environnement sonore particulièrement envahissant, dont la musique fait partie ( lieux publics, commerces, etc) sans oublier la télévision. L'écoute devient de plus en plus passive. Certainement que ces ateliers de flamenco, renouant avec la transmission orale peuvent aider à retrouver une écoute plus attentive. Par exemple les jeunes ne savent plus ce que c'est que le ternaire; et il est au cur des formes et des rythmes du flamenco. D.J. : Pour certains, sortir du répertoire classique, c'est mettre en péril les valeurs traditionnellement préservées dans les conservatoires. Le danger est-il réel ?

P.C. : Voilà un sujet polémique qui mériterait un long développement. Quoi qu'il en soit, tout évolue, c'est inéluctable. L'enseignement musical ne fait pas exception à la règle.

En ce qui concerne le CNR de Grenoble, il connaît depuis 3 ou 4 ans une seconde jeunesse : un nombre d'enseignants à faire palir d'envie bon nombre de conservatoires a été recruté; des classes nouvelles ont été ouvertes: accompagnement, composition, etc. Ne pas reconnaître l'effort considérable fourni par la ville releverait de la mauvaise foi ! En plus de ce renforcement de l'enseignement de haut niveau, vont voir le jour des ateliers ouverts sur les musiques actuelles. Dans ce contexte la relation qui s'est établie avec Les Voix du Cante Flamenco autour de ces ateliers, constitue une ouverture, un enrichissement supplémentaire. L'exigence, la rigueur sont les valeurs nécessaires à l'apprentissage de cet art complexe, riche, difficile mais ô combien émouvant. * Pierre Carré, professeur de guitare au CNR de Grenoble. Propos recueillis par Dominique Jégou



Les Voix du cante Flamenco Vendredi 24 : Grenoble (38) CNR, à 21h00, Noche Flamenca avec Cuadro de baile et Concha Vargas - Récital de Cante avec Segundo Falcon et Antonio Moya.

rens. 04 76 42 96 02 Samedi 25 : Grenoble (38) Théâtre de Grenoble, à 20h30, Récital de Cante Jondo avec Jose Menese et Enrique de Melchor.

rens. 04 76 44 03 44 Atelier d'initiation à la guitare flamenca avec Antonio Moya, réservé aux élèves des Conservatoires de l'Arc Alpin (Grenoble, Chambéry, Bourgoin et Annecy)

Ateliers avec les artistes au CNR

rens. 04 76 42 96 02 Renseignements

Tél : 04 76 42 96 02 ou 04 76 44 03 44


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