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Musiques traditionnelles en Nord-Isère
Création d'un département de musiques traditionnelles dans le réseau d'écoles de Bourgoin-Jallieu et Villefontaine

La mise en réseau des Écoles de Musique de Bourgoin-Jallieu et Villefontaine, en Nord-Isère, vient d'aboutir à la mise en place d'un département de musiques traditionnelles, sous l'appellation "Musiques Traditionnelles en Nord-Isère". Des éclaircissements sur cette initiative originale, par l'équipe de direction de ce réseau, Gérard Lefebvre et Solange Bonvalot, et par les professeurs concernés des deux écoles, Laurence Dupré, Jean-Pierre Simonnet, Bruno Teruel et Joël Jorda. CMTRA : Gérard Lefèbvre, vous êtes responsable d'un réseau d'écoles qui regroupe les écoles de musique de Bourgoin-Jallieu, École Nationale de Musique, et l'École Municipale de Musique Agrée de Villefontaine. Comment ce réseau est-il organisé, et quelles sont vos responsabilités ?

Gérard Lefèbvre : Ce réseau est concrétisé par une convention établie et signée par les deux communes de Bourgoin-Jallieu et Villefontaine. Je suis directeur de ce réseau rassemblant les deux écoles, et j'ai avec moi une collaboratrice, sous-directrice du même réseau, Solange Bonvalot, arrivée sur le site en janvier 2000. CMTRA : Dans ce réseau, après une préfigurations au cours de l'année scolaire 1999/2000, vous avez initié avec un groupe de professeurs, une opération intitulée "Musiques Traditionnelles en Nord-Isère", qui concerne la pratique des musiques traditionnelles dans ces deux écoles. Pouvez-vous expliquer comment tout cela est organisé par rapport aux cours classique ou jazz préexistants dans ces deux écoles ?

G.L. : D'abord, il faut dire que cela est centré autour de l'identité de l'école de musique de Villefontaine. Cette école, rattachée par le réseau au conservatoire de Bourgoin-Jallieu, n'en renforce pas moins son identité qui est de faire une place aux pratiques amateurs, aux pratiques de musiques traditionnelles et de musiques actuelles.

Le propos est d'abord de renforcer, et de d'affirmer cette identité de Villefontaine. Pour cela, nous appliquons le même schéma que celui que nous avons mis en place pour développer la pratique de jazz avec "Jazz en Nord-Isère", et qui consiste à s'appuyer sur les équipes de professeurs, lesquels invitent des artistes intervenants pour prolonger le travail qui se fait à l'intérieur de l'école. Tout part de l'intérieur de l'école, de la volonté d'une équipe qui se sent prête à prendre cette affaire de musique traditionnelle à bras le corps.

Cela nous paraît d'autant plus intéressant que dans la région Rhône-Alpes, à l'exception notable de l'Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne, qui a mis en oeuvre de longue date un département consacré aux musiques du monde, aucun autre établissement ne prend en compte les musiques traditionnelles, a fortiori les traditions musicales d'Europe et de France, sur lesquelles nous avons choisi de nous recentrer. CMTRA : Pour un directeur d'école de musique ou de conservatoire, la démarche classique, quand il s'agit d'intégrer une nouvelle discipline, est d'engager un nouveau professeur et d'ouvrir une classe. On sait ce que cela vaut en termes de budget. Il semblerait que dans votre réseau d'écoles, vous ayez imaginé un dispositif qui permet des activités transversales et qui ne passe pas par le recrutement d'un professeur et l'ouverture d'une classe, quel est votre secret ?

G.L : Il n'y a pas de secret. Si je prends l'exemple de Jean-Pierre Simonnet, professeur à Villefontaine, il est connu et repéré dans cette région comme acteur et connaisseur des musiques traditionnelles. La méthode, c'est la valorisation des talents qui sont déjà dans l'école, qui sont capables de faire les choses, et sur leur temps de cours, l'aménagement d'un certain temps qui soit consacré à la musique traditionnelle. Voilà, donc cela ne coûte pas d'argent, c'est une organisation interne à l'école.

Là où nous engageons de l'argent ce sont sur les interventions extérieures, les artistes invités pour des concerts. On met de l'argent dans l'accueil d'artistes comme nous le faisons pour le jazz ou tout autre chose dans l'année. Là c'est un autre budget, ce n'est pas le budget strictement communal, c'est le budget de la diffusion qui fonctionne par le biais de subventions et aides diverses de sociétés civiles et autres. CMTRA : Est-ce que, dans l'une ou l'autre des écoles, un élève peut s'inscrire dans une activité de pratique musicale uniquement consacrée aux musiques traditionnelles ?

G.L. : Oui, nous offrons aux adultes qui ont une pratique amateur la possibilité d'entrer dans les ateliers spécifiques de musique traditionnelle avec un programme à la fois de cours réguliers, de stage et de productions musicales pour des concerts ou des rendez-vous qui leur permettront d'aller au bout de leur projet, c'est-à-dire d'aller aux cours, mais aussi de montrer le résultat de ce travail. CMTRA : Pourquoi cette ouverture aux musiques traditionnelles ?

G.L. : Les écoles de musiques sont là pour apprendre à approcher tous les langages. A Bourgoin-Jallieu, on en a fait la démonstration depuis longtemps avec la chanson, avec le jazz, et on a eu l'opportunité de le faire avec une équipe de Villefontaine et d'élargir le champ d'action des langages approchés. C'est le réseau en Nord-Isère qui nous permet de le faire. Nous voulons développer dans ce réseau l'approche de tous les langages de la musique et pour ce faire s'appuyer sur les compétences de toute l'équipe. CMTRA : Jean-Pierre Simonnet, tu es coordonnateur de cette activité, est-ce que tu peux rentrer dans le détail de l'organisation de cette opération ?

Jean-Pierre Simonnet : Il y a plusieurs aspects que l'on a souhaité développer. Outre les ateliers qui auront lieu toutes les semaines ou tous les quinze jours, on a tout de suite eu la volonté de travailler avec d'autres professeurs de l'école et avec des associations qui sont sur la région et qui travaillent ici depuis longtemps ainsi qu'avec des personnalités qui ont déjà une grande renommée.

Par exemple on a pratiqué ce que l'on appelle ici "les mariages", c'est-à-dire que des thèmes circulent auprès d'autres professeurs qui les font travailler à leurs élèves. On regroupe ensuite les élèves en les faisant jouer en public. Cela permet de toucher d'autres professeurs qui ont eux aussi une oreille attentive à la musique traditionnelle. On a aussi rencontré les professeurs de formation musicale, qui nous ont demandé de prendre connaissance de tout ce qu'on fera dans nos ateliers, afin qu'ils puissent aborder ces répertoires avec leurs élèves. Puis, plus largement sur la région Nord-Isère, il y a un groupe de Villefontaine, "La Galopine" et qui anime de nombreux bals, il y a "Le Folk des Terres Froides" à la Tour-du-Pin, avec une centaine d'élèves, uniquement pour la musique traditionnelle, ce qui est très important.

Il y a Jean-Pierre Yvert qui s'intéresse beaucoup aux musiques scandinaves et qui a même démarré des ateliers de pratiques collectives, il y a quelques années à Vienne. Il y a Annie Gallay, conteuse, Véronique Elouard qui anime la Compagnie de danse "Talon-Pointe". Nous avons les avons tous rencontré pour leur faire part de nos projets et leur demander de collaborer avec nous. Nous nous sommes rencontrés début juillet. Nous sommes d'accord sur le principe de travailler ensemble et nous allons nous revoir en octobre pour concrétiser peu à peu des actions communes. CMTRA : Laurence Dupré, quelle est la nature de ton implication dans ce projet ?

Laurence Dupré : Avant tout, je voulais juste apporter une précision sur ce que sont les mariages à l'école de musique de Villefontaine. C'est la possibilité que l'on offre à des élèves pratiquant des instruments différents dès le premier cycle, de se rencontrer sous la forme de petits groupe de deux ou trois, dans leur cours d'instruments.

De là s'organise un roulement, c'est-à-dire que, par exemple, un élève de violon et un de piano sont mariés ; la première semaine, l'élève va se déplacer dans le cours de l'autre, et vice-versa la semaine d'après. A l'origine, les mariages ont été organisés pour permettre la pratique de musique d'ensemble ou de musique de chambre, en tout cas une pratique collective peut-être plus difficile pour des instruments tels que le piano et la guitare.

Dans ce cadre-là, l'on propose un répertoire de musique traditionnelle qui puisse servir de point de départ pour les professeurs pour travailler sur des contenus, des objectifs d'apprentissage dans ces mariages, dans ces petits ateliers. CMTRA : Quels répertoires ?

L.D. : J'en reviens aux ateliers que l'on propose. Je propose un atelier orienté vers la musique du Massif central, Auvergne et Limousin, par souhait, par désir, et parce que c'est peut-être là que je me sens la plus compétente. Mon envie à travers cet atelier, c'est de proposer une pratique collective à des élèves qui sont déjà inscrits dans une école de musique, soit à des élèves extérieurs, à des adultes tel que cela a été décrit par Gérard Lefèbvre.

L'objectif de cet atelier, à travers ces musiques traditionnelles françaises, d'Auvergne ou du Limousin, c'est de travailler sur l'apprentissage par l'oralité, sur la mémorisation auditive ou le relevé à travers des collectages qui ont pu être fait dans les années 70-80 sur disque ou sur cassettes, de travailler l'ornementation propre à ces stylistiques, de travailler sur la variation, et de faire un aller-retour entre ces collectages, ces sources sonores qui existent déjà, et un travail d'interprétation propre par les instrumentistes de cet atelier.

Nous ferons également un travail sur l'improvisation, sur les notions de tonalité et de modalité, et puis j'aimerais également commencer un travail d'arrangement, d'en proposer dans un premier temps, et dans un second temps de travailler à la question d'arrangement, d'invention d'une deuxième voix, d'une troisième par les élèves eux-mêmes. CMTRA : Laurence, dans le cadre de cet atelier, tu accueilles des violonistes, mais peut-être d'autres instruments ?

L.D. : J'ai souhaité accueillir différents instruments, le violon, l'alto, le violoncelle, la contrebasse, tous les instruments à cordes frottées, également les instruments à vent, l'accordéon, la guitare, et pourquoi pas le clavier L'idée n'étant pas de faire un cours de violon traditionnel mais d'aborder un style de musique, et d'accueillir plusieurs instruments pour travailler cette matière-là CMTRA : Jean-Pierre Simonnet, dans le cadre de cette opération, tu proposes également un atelier différent ?

J-P.S. : Ce seront deux ateliers qui existaient auparavant. Il y aura un atelier qui sera axé principalement sur les musiques du centre de la France et du Dauphiné, et qui ne sera pas très différent de celui de Laurence, mais on a voulu mettre un peu plus l'accent sur des musiques qui nous sont proches. Un autre atelier sera axé plus précisément sur les musiques irlandaises, écossaises et anglaises. CMTRA : Comment se traduit en termes de pratique d'ensemble le résultat du travail ?

J-P.S. : Nous travaillons avec alto, violon, batterie, synthétiseur, guitare électrique, flûte, mandoline. Si le répertoire part de ce que je connais, ce qui m'intéresse c'est la pratique des élèves, lorsqu'ils s'emparent d'une mélodie, et qu'à partir de cela la musique commence. On est arrivé en fin d'année passée à écrire nous-mêmes nos arrangements, le pianiste écrivait ses parties de piano.

Dans la relation avec la musique traditionnelle, on a des mélodies que l'on peut facilement intégrer et qui parlent. L'élève reprend tout le parcours musical, il apprend la mélodie, il structure, il arrange, c'est très complet. Je n'ai pas envie de rentrer dans des justifications du type "pourquoi la musique irlandaise ? pourquoi la musique auvergnate ?" parce que simplement ce sont celles que je connais le mieux, mais c'est plutôt la pratique d'ensemble, et offrir aux élèves les moyens de jouer en situation de bal ou de concert qui m'intéresse.

Pour terminer, ce n'est pas pour rien, si tous ensemble, nous avons décidé de faire venir Alain Gibert, parce que c'est quelqu'un qui n'est pas directement dans la musique traditionnelle mais qui a une oreille, un intérêt pour celle-ci. Il nous en restitue, par sa culture ARFI, une vision extérieure et différente.L.D. : Ce qui m'intéresse dans ces pratiques collectives, c'est la dynamique du groupe. J'imagine avoir un groupe d'une dizaine de participants, et comme vient de le décrire Jean-Pierre, tout part d'un vécu, en tout cas d'une situation réelle. Je ne sais pas quels instruments je vais avoir dans ce groupe, mais c'est à partir de cette situation de départ qu'on va apprendre une mélodie tous ensemble, et à partir du moment où cette mélodie est apprise, que chacun y trouve sa place ! De là s'enchaînera un travail sur l'arrangement. CMTRA : Bruno Teruel, tu es professeur d'accordéon à Bourgoin-Jallieu, et partie prenante de cette opération Musiques Traditionnelles en Nord Isère avec un répertoire tout à fait spécifique. Quel est le contenu de ton atelier ?

Bruno Teruel : Tout d'abord, je ne suis pas un spécialiste de la musique traditionnelle. En tant qu'accordéoniste, je touchais à beaucoup de répertoire, donc cela m'intéressait d'entrer dans cette démarche, et surtout de faire des rencontres avec d'autres collègues, notamment ceux de Villefontaine, pour mettre en marche ce réseau des deux écoles. C'est aussi l'occasion de faire se rencontrer les élèves de ces deux écoles, parce qu'avant toute chose, c'est cela l'objectif. Cet atelier, c'est une autre façon de concevoir la musique dans l'école.

Souvent en tant que professeur dans une ENM, dans nos cours particuliers, on fait de la musique de chambre ou d'ensemble, mais on n'a pas ce rapport de pratique collective, ce mélange d'instruments assez original. J'ai choisi d'aborder le répertoire swing-manouche, dont je ne suis pas spécialiste, mais que j'aime beaucoup. J'en pratique un peu comme cela pour moi en soliste, et puis j'en ai écouté beaucoup.

J'avais envie de l'aborder avec les élèves accordéonistes (un peu égoïstement), qui font de tout peut-être sauf ce genre de musique parce que cela leur permet d'aborder un style particulier, un phrasé particulier, et une notion d'improvisation, sans aller jusqu'au jazz, sans aller dans une spécialisation forcenée. CMTRA : Sous l'étiquette swing-manouche, est-ce que tu prends en compte les productions historiques de l'âge d'or du jazz-manouche, ou est-ce que seront prises en compte les ramifications contemporaines de ce style comme les pratiquent Richard Galliano ou Jean-François Baez ?

B.T. : Je parle de Galliano, c'est effectivement une branche un peu plus élaborée, plus personnalisée, ce qu'il a appelé le new musette. Ce qui m'intéresse dans un premier temps, c'est la branche plus historique, Gus Viseur, Azzola avec Didier Duprat.

C'est plutôt dans un premier temps ce domaine-là. Après on verra, je ne sais pas du tout comment cela va se développer. C'est expérimental, c'est sans limite parce qu'on ne sait pas jusqu'où on peut aller ! CMTRA : Est-ce qu'à ta connaissance, il y a d'autres écoles de musiques ou conservatoires en France qui proposent ce type de répertoire ?

B.T. : A ma connaissance, non. C'est peut-être une ouverture. Je sais qu'il y a des écoles où on apprend le musette, même des écoles nationales où on apprend l'accordéon diatonique, mais ce style-là, je ne crois pas. CMTRA : Cela ressemble à une première nationale !

B.T. : J'aurais pu proposer un atelier de musette où je suis plus compétent, mais j'avais envie de faire autre chose, parce qu'en même temps c'est peut-être une passerelle avec les classes de jazz, ou les classes de guitares. Je pense que l'on peux aller plus loin. Cette première année sera une expérience, surtout pour que les élèves des deux écoles se mélangent. D'ailleurs, l'atelier je le vois "ambulant", une fois à Bourgoin-Jallieu, une fois à Villefontaine. CMTRA : Comme tous les ateliers de cette opération, cela va déboucher sur une pratique d'ensemble, quels sont les instruments concernés ?

B.T. : Au départ, je suis parti d'une formation classique : accordéon, violon, guitare, guitare basse, et batterie. Mais cela peut-être ouvert à d'autres instruments mélodiques, je pense au saxophone, à la clarinette les pianistes peuvent aussi très bien participer. CMTRA : Joël Jorda, tu es professeur de clarinette à l'École de Musique de Villefontaine, et tu proposes un atelier inscrit dans cette opération Musique Traditionnelle. De quoi s'agit-il ?

Joël Jorda : Il s'agit d'un atelier de musique yiddish. Je vais apporter aux élèves la musique des musiciens de l'Europe de l'Est, c'est-à-dire ce que l'on appelle les musiciens klezmer. À partir de là, je proposerai plusieurs musiques avec des thèmes assez simples, des thèmes de Bulgarie, de Hongrie, voire même des thèmes russes, puisque la musique juive a immigré là-bas aussi. Il s'agira de respecter ce qui a toujours existé, c'est-à-dire l'apprentissage oral.

À partir de disques, les élèves vont faire un travail de relevé, de repiquage, ce sera à mon avis nouveau pour eux, repiquer des thèmes, des basses aussi, et puis faire un travail de relevé écrit, pour qu'ils apprennent cette musique et qu'ils puissent la jouer plus facilement, et vite se séparer de l'écrit, pour jouer d'une manière plus libre.

Quelque chose qui est difficile dans la musique yiddish, c'est tout ce qui est appoggiature, il y a forcément un travail technique digitale, une recherche au niveau de la manière dont on agence les appoggiatures, mais aussi tout un travail en ce qui concerne la clarinette, au niveau de l'embouchure. C'est assez précis comme travail, mais c'est très important parce que cela donne le caractère de cette musique-là.

Au niveau du groupe, pour les élèves qui viendront, je souhaite avoir des soufflants dans l'idée d'une musique assez festive, de rue, parce que les musiciens soufflants naviguent plus facilement dans l'espace, donc je vais demander à des cuivres, des tubas, flûtes bien sûr, clarinettes, saxophones Et puis, si possible, dans des manifestations intérieures, ce sera génial s'il y a aussi des contrebasses pour donner un appui. CMTRA : Les musiques yiddish sont assez diversifiées, avec, un peu comme le swing-manouche, une partie de répertoire historique, et puis dans les ramifications contemporaines, nous avons une orientation jazz tout à fait marquée, est-ce que cela sera pris en compte ?

J..J. : Pour l'instant non. Peut-être par la suite, parce que l'on ne peut pas évincer ce trait d'histoire, mais pour l'instant il serait difficile de passer par ce genre de musique-là parce qu'elle est très large et elle demande une imagination que les élèves peut-être auront du mal à saisir au début. Je préfère donc passer par du "classique"en quelque sorte en ce qui concerne la musique yiddish, pour qu'ils s'imprègnent déjà d'une couleur, d'un trait caractéristique de cette musique-là, après on peut évoluer. Mais, pour débuter, puisque cet atelier commencera après le projet Alain Gibert, nous aurons trois mois pour développer cela. CMTRA : Solange Bonvalot, vous êtes directrice adjointe de l'École de Villefontaine. Vous avez élaboré ce projet avec les professeurs ?

Solange Bonvalot : Je suis directrice adjointe à Villefontaine et à Bourgoin-Jallieu. Je pense que c'est très important de préciser qu'il y a une direction bicéphale, parce que nous sommes attentifs à ce qui se passe sur Villefontaine et Bourgoin-Jallieu, et nous accompagnons les rencontres entre les professeurs. On fait le maximum pour les soutenir, et c'est justement parce que nous sommes deux à être à la tête de ces deux écoles que l'on a pu donner naissance à ce département Musiques Traditionnelles.

Nous avons choisi ensemble de donner les moyens nécessaires aux professeurs pour avancer dans leur projet. Faire de la musique traditionnelle c'est un vu pieu dans de nombreuses écoles de musiques "conventionnelles", on n'arrive jamais à passer à l'acte. En fait Gérard disait tout à l'heure que cela ne nous a pas coûté de l'argent, quelque part cela nous coûte, puisqu'en déléguant des heures pour faire des ateliers de musique traditionnelle, ce sont des heures que l'on n'utilise pas éventuellement pour faire autre chose. Mais, on a voulu élargir l'éventail pour élargir les couleurs musicales, parce qu'il y a aussi à Bourgoin-Jallieu depuis très longtemps, de la chanson, du jazz. Villefontaine a aussi une histoire singulière, et ce n'est pas d'aujourd'hui que Jean-pierre Simonnet a cette connaissance des musiques traditionnelles, il est professeur à Villefontaine depuis une quinzaine d'années. C'est simplement une manière pour nous de valoriser les compétences et les savoir-faire.

Cette musique est accessible aux élèves qui font aussi de la musique classique. On y trouve du plaisir, et c'est une richesse pour tout le monde. Je ne sais pas si la volonté des professeurs est de rechercher "l'authentique goût du pain d'autrefois", ou plutôt le métissage. En tout cas vous pouvez avoir un regard classique académique, et en même temps être ouvert et curieux, et c'est cela que je trouve le plus porteur. CMTRA : Pouvez-vous nous expliquer d'une manière globale cette activité. On a parlé longuement des ateliers, qui sont des opérations qui se passent dans ces deux écoles, mais vous avez prévu un dispositif d'ouverture à un public plus vaste :

S.B. : On a essayé de "ratisser large"simplement pour qu'un maximum de public puisse accéder à ces ateliers. Les élèves ont le choix d'aller vers tel ou tel professeurs et tel ou tel genre qui les intéressent en particulier. Mais on souhaite aussi que ces ateliers soient ouverts aussi à n'importe quel musicien amateur, qu'il soit adulte ou adolescent, qui a déjà une pratique instrumentale, parce qu'il faut quand même être suffisamment autonome avec son instrument pour pouvoir s'intégrer dans un des ateliers. Le projet département Musiques Traditionnelles est très large, parce qu'il y a ces ateliers qui fonctionneront toute l'année, mais aussi un projet que l'on a voulu expérimental.

C'est le côté "marmite infernale", on cherche, on utilise un matériau de base qui est l'élément traditionnel, et à partir de cela, on peut se permettre plein de chose. L'imaginaire est mis à contribution, il y aussi des écoutes guidées, avec par exemple Jean-Pierre Yvert qui interviendra sur une soirée pour nous parler de sa passion musicale pour les flûtes de Scandinavie et Suède. Annie Gallay va nous faire une soirée conte avec son violon, et l'on espère bien y accueillir de jeunes enfants. Puis, nous avons envie de travailler avec Véronique Elouard, mais nous n'avons pas encore concrétisé de projet. Pour l'année prochaine on y réfléchit, cela est aussi une question de moyens.

Nous avons aussi prévu des soirées concerts, c'est important car cela permet aussi de produire en public tout ce qui se fait dans le secret des cours et de montrer ce qui se fait à l'école de musique. Le dernier concert que l'on donnera au mois de mai s'appelle "C'est la fête au Village", on espère donner vraiment l'esprit festif de fête villageoise. En plus l'école de musique de Villefontaine est située dans le vieux village, c'est un petit clin d'il aux origines de Villefontaine qui est devenu maintenant une ville nouvelle. Propos recueillis par J.B. Renseignements

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