Installé en centre France depuis le début de sa carrière musicale en 1987, Christian Vesvre - joueur de cornemuse du centre de la France, de uilleann pipes (cornemuse irlandaise) et aussi de whistles irlandais - vient de s'installer en région lyonnaise...
Bref retour sur sa carrière de musicien et présentation de ses nouveaux projets en Rhône-Alpes.
CMTRA : Christian, tu as pu t'illustrer ces 15 dernières années dans différentes formations musicales axées sur la musique bourbonnaise, la musique irlandaise, la musique théâtrale.... Peux-tu nous présenter ton cheminement dans le large champ des musiques traditionnelles ?
Christian Vesvre : J'ai commencé en 1987 avec la cornemuse de "chez moi" car je suis originaire du Bourbonnais, la grande cornemuse bourbonnaise (20 pouces) et ensuite la 16 pouces. J'ai joué d'abord avec Serge Desaunay puis ensuite avec Patrick Bouffard et tout cela pendant à peu près onze années.
Parallèlement, j'ai connu la musique irlandaise, je m'y suis intéressé, et avec mon frère Guy nous avons fondé le groupe Korrigan. Je m'étais dit que je voulais jouer du uilleann pipes comme dernier instrument. Je me suis donc fait faire cette cornemuse en Irlande par Alain Froment et puis après j'ai continué la musique irlandaise en laissant un peu tomber la musique française qui me plaisait moins, alors que je gagnais ma vie avec elle! La musique irlandaise me correspondait plus, pour tout un tas de raisons : le pays, les pubs, l'ambiance et les rencontres que j'ai pu faire là-bas...
Et puis entre temps, j'ai travaillé avec deux compagnies théâtrales : la compagnie Thylda et le Wakan théâtre avec qui j'ai beaucoup joué pendant pratiquement 4 années sur des spectacles assez diversifiés, je faisais la musique avec un pianiste et un violoncelliste. Ensuite, j'ai été musicien de studio pour différents groupes de rock.
Je continue toujours la musique irlandaise avec Korrigan et avec d'autres musiciens. Maintenant j'habite à Gleizé, vers Villefranche sur Saône.
Tu as pu travailler auprès de grands spécialistes de la musique du centre de la France tels que Patrick Bouffard, Frédéric Paris, Serge Desaunay d'un côté et au sein du groupe de musique irlandaise "Korrigan". Que t'ont apportées ces expériences de groupe et où en sont elles de leur histoire ?
Jouer avec Serge m'a apporté le plaisir de découvrir un duo qui, à l'époque où nous l'avons fait, n'était pas du tout courant dans les musiques bourbonnaises. Quand nous jouions avec Fredo ou Patrick, c'était vraiment accordéon, vielle à roue et cornemuse mais quand j'ai joué avec Serge c'était un duo cornemuse et accordéon.
Ce duo était assez atypique à l'époque surtout quand nous l'avons élargi en trio avec un trompettiste de jazz, Jean Luc Capozzo (de l'ARFI). Ceci m'a permis de découvrir tout un sens de l'harmonie, c'est sur moi que reposait la charge des mélodies et sur Serge l'accompagnement. Avec Serge, nous avons parcouru pas mal de pays et découvert d'autres réseaux, car si moi j'étais un peu tout neuf là-dedans, Serge avait déjà un bon réseau qui nous a permis de découvrir des endroits très sympas et de faire des supers festivals. Puis il y a eu le disque chez Ocora et nous avons tourné pas mal d'années. Nous avons arrêté de jouer ensemble en 96.
Patrick et moi, nous nous sommes rencontrés il y a très longtemps, j'avais alors 17 ans. C'est une longue histoire d'amitié et un jour nous avons décidé de jouer ensemble. J'ai passé des années de bonheur, je n'ai passé que du bon temps avec lui parce que d'abord c'est un très grand joueur de vielle, un très bon copain et nous avions une réelle connivence tous les deux. Notre amitié est sincère, même maintenant !! Par la même, j'ai eu la chance de me retrouver avec Jean- Claude Blanc, Frédéric Paris, Philippe Prieur, et donc je me suis épanoui musicalement et humainement, car tous ces personnages sont des gens bien. Au bout de onze années de tournées un peu partout, nous avons décidé d'arrêter tout simplement et Benoît Maget m'a succédé dans le trio Patrick Bouffard.
Sinon, pour Korrigan, c'est un peu mon bébé parce que je l'ai fondé avec mon frère il y a vingt ans. Nous avons eu la chance de commencer avec un très grand guitariste qui s'appelle Patrick Desaunay. Ensuite, pas mal de gens sont passés dans Korrigan, ce serait trop long de les nommer. Nous avons actuellement une formation stable depuis cinq années avec Frédéric Tardif au bodhran, Frédéric Eymard à la guitare et au chant, Philippe Hunsinger au pandora, sorte de bouzouki, mon frère Guy à l'accordéon et moi-même à la cornemuse et aux whistles.
Nous avons fait énormément de concerts dans différents lieux, réalisé les premières parties de Davy Spillane, Martin 0'Connor, Liam O'Flynn, Arty Mc Glynn ou encore Franckie Gavin, et joué avec tous ces musiciens. C'est une belle " machine " musicale, reconnue par la presse et les irlandais, donc forcément nous avons joué là-bas et c'était bien. J'en suis très fier et nous tournons toujours, avis aux amateurs !
Tu fais partie des quelques musiciens traditionnels qui ont pu faire irruption dans les "supers-prods télévisées"... Peux tu nous dire quelques mots de ton expérience avec TF1 et le fameux "WAZOO" ?
Cela a été une expérience vraiment bien car dans ce groupe je n'ai rencontré que des gens intéressants, très sympas, très jeunes, issus d'un milieu rock et qui ont décidé de faire du Rock Auvergnat sans se prendre la tête. Ils avaient envie de faire cet album. Ils avaient juste sorti un petit "deux titres" auto-produit avec Patrick à la vielle à roue pour la fameuse "manivelle" qui est devenu un tube après. Cette maquette est tombée dans les mains d'une personne de " une musique ", filiale musicale de TF1.
Avec Patrick, nous ne nous sommes pas pris la tête, nous avons pris du plaisir, nous nous sommes amusés même si cela a été décrié. Il y a toujours des gens pour critiquer !! C'était juste histoire de faire une rencontre entre musique traditionnelle et musique rock, ça a fait un tabac et c'était super, je n'ai fait que les studios et les plateaux télé avec eux car c'était trop compliqué de jouer sur scène pour des histoires d'accordage. Encore une belle histoire d'amitié.
Le premier album a été disque d'or et puis TF1 a décidé d'en produire un second qui a moins bien marché et puis après c'était fini. Les produits comme ça sont éphémères, c'est comme une boite de conserves, on la prend, on la consomme et ensuite on la jette à la poubelle.
Ton nouveau disque "Christian Vesvre & friends" est entièrement voué à l'illustration de la musique irlandaise dans sa forme la plus traditionnelle. On y trouve du répertoire standard de session, des compositions, des chants irlandais, on se croirait franchement dans un pub sur l'île verte. Pourquoi une telle volonté de recherche d'authenticité ?
Parce que je suis allé très jeune en Irlande et la première chose qui m'a frappé c'est la musique dans les pubs, les gens jouaient simplement et c'est cela qui m'a séduit. C'est cette musique qui me correspond, qui me ressemble. Je me sens bien à faire cette musique-là et j'estime toujours que j'ai plein de choses à apprendre encore.
Peut-être qu'un jour, si on me le proposait, j'essaierai de faire une expérience de musique évolutive mais pour l'instant ce n'est pas ce qui m'intéresse personnellement. J'ai eu envie de faire ce disque car il y a eu une période creuse dans ma vie, très dure, il fallait que je fasse cet album pour revenir à la vie. J'ai eu la chance de retrouver tous mes amis, c'est là qu'on s'aperçoit de l'importance des amis dans la vie. J'y ai invité des personnes que j'aime humainement et musicalement, avec qui je partage plein de choses. C'est le reflet des "sessions" que nous faisions sur Clermont , avec toute une histoire.
Il est dédié aux 2 personnes que j'aime le plus, mais il faut acheter le disque pour le savoir.
Ce disque a été réalisé avec un jeune guitariste, Fabien Guiloineau, peux-tu nous le présenter ?
Au début, je travaillais avec le guitariste de Korrigan qui habitait à 5 km de chez moi mais qui est ensuite parti habiter sur Paris. J'ai fait la rencontre de Fabien il y a environ trois ans au cours d'une session, il commençait la guitare DADGAD*, nous avons bien sympathisé, en plus de la musique, il y avait plein de domaines sur lesquels nous étions sur la même longueur d'onde : la bonne chère, l'amusement....
Je lui ai demandé de jouer avec moi sur cet album, il m'a dit "oui" et c'était parti !!
Il est devenu de plus en plus pointu, c'est quelqu'un qui mérite d'être plus connu. Il est vraiment intéressant musicalement, simple, passionné et efficace. C'est un très bon copain qui est toujours prêt pour faire cette musique qu'il connaît bien.
Quels sont tes projets musicaux pour le futur ?
Mon premier projet est de faire tourner l'album, ça c'est sûr !!! Nous allons aussi préparer un disque avec mon frère pour concrétiser 25 ans de musique ensemble. Je ne peux pas en dire plus !
Et puis je travaille de temps en temps à un autre album qui sera fait avec des instruments traditionnels. Pour l'instant c'est un peu vague, mais je vois déjà des sons plutôt acoustiques, des textes chantés et dits en français peut-être, mais cela ne sera pas de la chanson française....C'est encore une envie qui me passe comme cela, si je peux la réaliser, je le ferai !
* DADGAD : guitare en accord ouvert : Ré, La, Ré, Sol, La, Ré
Propos recueillis par Y.M.
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