Le nouveau Château Rouge

Entretien avec Jean-François Ouvrard, responsable de la programmation musicale de Château Rouge à Annemasse (74) CMTRA : Le nouveau Château Rouge a ouvert ses portes le 23 septembre 2003, avec de nouveaux espaces entièrement dédiés à la musique tels que le café concert, la salle de 600 places, les studios de répétitions, à quelles musiques se destinent de tels lieux ?

Jean-Paul Hostert : On a une définition des musiques actuelles au sens élargi, à part la musique classique, tous les styles de musiques sont abordés. Quand on parle musiques actuelles ça va être pour nous le rock, le reggae, le ragga, le jazz, la chanson, et aussi tous ce qui est world. Il n'y a que le classique qui n'est pas dans nos missions directement, mais on l'aborde quand même avec l'auditorium et l'école de musique d'Annemasse, avec un concert par mois organisé avec ces structures. Quelle est la demande au niveau des locaux de répétitions ?

Il y a eu une " quinzaine découverte ", où on a mis en place un accès gratuit de 4 heures pour que les groupes puissent découvrir les locaux. On tente d'ouvrir ces locaux à toutes les formations, bien qu'à ce jour on ait par encore reçu tout le matériel, on sera véritablement opérationnel début janvier 2004.

Les locaux sont équipés pour la pratique de musiques amplifiées, le backline comprend un ampli basse, ampli guitare, et batterie, puis un parc de micros, une diffusion, et des retours qui permettent d'amplifier une formation acoustique, il n'y a pas de restrictions sur l'esthétique musicale. Ces locaux permettent une prise de son de la répétition, l'enregistrement ne peut pas être destiné à la réalisation d'une maquette d'album.

Plus l'offre est variée, plus cela nous permet de faire des choses complètement différentes. Ayant quatre studios de taille différente, cela va nous permettre d'avoir des formations de volume différents, et donc de styles variés. On est dans une logique de service public, on n'impose pas un style de musique. Si quelqu'un veut venir répéter seul des chants perses, il peut le faire sans aucun problème ! La programmation 2003/2004 compte de nombreux artistes reconnus dans le milieu des musiques du monde tels que la Fanfare Ciocarlia, Marcio Faraco, ou encore Julia Migenes, est-ce par besoin de faire une programmation éclectique ou pour un véritable attrait pour ce style de musique ?

Les musiques du monde, je trouve ça d'une richesse infinie, que ce soit au niveau des répertoires, des styles, de la diversité des formations, qu'elles soient issues d'Amérique du sud, d'Afrique, ou des pays de l'Est.

C'est un choix aussi par rapport au public, car par exemple quand on fait l'Orchestra Aragon de Cuba, on a à la fois des jeunes et des plus anciens, c'est une musique qui est assez fédératrice au niveau du public. Contrairement aux concerts de musiques classiques ou aux concerts de rock, on a un mélange des générations qui est beaucoup plus marqué. La "world", c'est un projet artistique que j'ai envie de défendre dans le cadre de la programmation en salle. On n'a pas une programmation pointue au niveau de la world, on fait plutôt de la grosse tête d'affiche, du grand public, on ne va pas dans de la musique ethnique. On essaie sur une saison de faire une offre assez variée pour que le public puisse s'y retrouver, c'est valable pour la world comme pour le reste. On cherche un équilibre. Comment le public réagit-il à cette programmation d'artistes de musiques du monde ?

Ça marche très bien. L'an dernier j'avais programmé Susheela Raman, Orchestra Aragon, cette année la fanfare Ciocarlia, Boubacar Traoré, et en terme de remplissage ça marche vraiment très bien. On a un public pour ça, ce qui nous permet de faire des choses très variées. Quand on aborde la musique world, on n'est pas sur les clichés occidentaux de la musique classique, du rock ou autres, le public arrive avec beaucoup plus d'ouverture. Lorsque l'on programme Youssou n'Dour ou Femi Kuti, le public arrive dans une approche beaucoup plus objective, sans préjugés, sans idées préconçues.

Il faut reconnaître qu'aujourd'hui, il y a un vrai courant sur la world musique, il y a eu un salon l'an dernier sur les musiques du monde à Marseille, beaucoup de tourneurs issus des musiques actuelles se mettent à proposer dans leurs catalogues des artistes de musiques du monde. Par exemple le tourneur des Yeux Noirs, qui, il y a deux ans ne faisait que du rock, propose aujourd'hui des artistes comme Juan Carmona qui fait du flamenco, ou encore F2F Musique de Lyon qui propose Barbara Luna. Il y a une vraie tendance qui s'installe. Peux-tu me dire quelques mots sur la programmation du 1er et 2ème trimestre 2004, notamment Samarkand et les Yeux Noirs ?

Au niveau du trad on a un spécialiste ici qui s'appelle Philippe Delzant, directeur de l'école de musique d'Annemasse, qui joue de la cornemuse, et qui est un fidèle du festival de Saint Chartier. Sa formation Samarkand se produira le 31 mars à l'auditorium. Samarkand c'est le fruit d'une rencontre entre divers horizons musicaux qui donne lieu à des compositions originales et singulières. Les Yeux Noirs rentrent dans notre logique de programmation world, on les accueillera le 30 avril.

On fera également Adama Dramé, percussionniste du Burkina Faso, maître djembé, qui viendra fin avril. Propos recueillis par L.D. Contact

Château Rouge

1 route de Bonneville - BP 293 - 74112 Annemasse

Tél. 04 50 43 24 24 - [www.château-rouge.net ->www.château-rouge.net] Dates

31 mars 2004 Samarkand à 20h30

30 avril 2004 Les Yeux Noirs à 20h30