Pl[a]in Sud
La Tribu Hérisson, collectif de jazz et musiques improvisées, invite Raymond Boni (guitare) et Khaled Ben Yahia (oud), pour une soirée au Théâtre de Vénissieux, le jeudi 29 janvier à 20h30.
Entretien avec Serge Sana, membre de la Tribu Hérisson
CMTRA : pouvez-vous nous présenter la Tribu Hérisson ?
Serge Sana : La Tribu Hérisson est un collectif de treize musiciens qui se décline en différentes formations allant de l'Orchestre de Gargouilles Remplies d'Etonnement [O.G.R.E] (tous les musiciens), à des duos, des trios. Notre collectif invite régulièrement sur des concerts d'autres artistes afin de créer avec eux un échange autour de la voix, du texte, de l'image, du corps... Nous avions créé un espace, le Cadran Jazz à la MJC de Vénissieux, pour organiser ces rencontres artistiques, ces concerts, avec d'autres artistes, et travailler dans ces transversalités. Nous avions une programmation régulière dans laquelle nous invitions d'autres artistes à nous rencontrer. Nous avons ensuite été accueilli en résidence au Théâtre de Vénissieux où nous avons réalisé plusieurs créations et temps forts : un projet avec des rappeurs, Les Sous Commandants M Insurgés, deux spectacles musicaux dont un en direction du jeune public, un concert avec Louis Sclavis, une création avec l'O.G.R.E. et le percussionniste Jean-Pierre Drouet, Possibles Rebonds.
Nous travaillons régulièrement avec la population locale au travers de projets avec les écoles et avec certains quartiers de Vénissieux. Nous sommes à l'initiative du festival Les Hurlants créé en mai 2003 lors de notre résidence au Théâtre de Vénissieux. Cette année, nous reconduisons ce festival autour de l'improvisation avec le Théâtre de Vénissieux, les 5 et 6 mai 2004, au travers de différentes formes musicales dans plusieurs endroits du théâtre. Le public se déplace dans le lieu, à partir de 18h30. Il s'ensuit alors différents temps artistiques. Un moment se déroule dans la salle de spectacle, laissant place ensuite, en fin de soirée, à des after improvisés dans l'espace cafétéria. Cette année, le thème est la voix et la parole, le rapport entre texte, voix et musique.
Comment va se dérouler la soirée Pl[a]in Sud ?
La soirée sera en deux parties. Elle commencera par une rencontre improvisée entre le duo Belle à peu agitée (Vincent Guglielmi, trompette et Patrick Sapin, batterie) et Raymond Boni, guitariste, compositeur. L'engouement de Raymond Boni pour la musique manouche marque d'une couleur particulière son jeu. Leurs pratiques respectives de la musique improvisée leur permettront de créer dans l'instant présent une musique fraîche pleine de couleurs.
En seconde partie, nous présenterons une création commune avec Khaled Ben Yahia que nous avions déjà invité lors d'une soirée jazz club.
Ce quintet est né du désir de poursuivre et d'approfondir cette rencontre, de mêler la richesse de la tradition à la spécificité de notre musique (au carrefour du jazz, des musiques improvisées et contemporaines). Ce projet part de la musique arabo-andalouse. Il explore et développe l'héritage laissé par le brassage des cultures méditerranéennes, tout en l'inscrivant dans une démarche moderne. Conçu comme un voyage, une sorte de suite musicale sur les variations que nous inspire cet échange, cette création est composée de pièces instrumentales et de chants du répertoire classique arabe, de compositions originales, de moments improvisés et de musiques électroacoustiques.
La formation sera la suivante : Khaled Ben Yahia au oud, percussions et chant, Serge Sana au piano et au sampler, Hervé Badoux à la batterie, Raphaël Poly à la contrebasse et Samuel Chagnard aux saxophones et clarinettes.
Par cette création, nous approfondissons les liens entre nos musiques dans l'improvisation, l'écriture, le rythme, les sonorités. Nous avons envie de faire partager cette approche, qui nous apporte beaucoup et de la pérenniser : c'est un échange entre les musiques traditionnelles et ce que ça peut nous évoquer, comment on peut amener tout cela ailleurs, avec les langages musicaux contemporains, l'improvisation, l'écriture, l'électroacoustique. Nous travaillons en fait sur le métissage.
Pour toutes ces raisons, cette création avec Khaled nous tient à cœur.
Comment utilisez-vous l'électroacoustique ?
J'utilise l'électroacoustique à partir de l'échantillonneur, avec lequel je traite ces sons sur scène en direct. Ceci crée de la matière sonore électroacoustique et des ambiances insolites qui enrichissent la musique jouée. Ce sont des sons inédits qu'on ne peut pas produire avec un instrument. La rencontre entre ces sons électroacoustiques et l'instrumentarium classique est une chose que j'aime bien pratiquer.
L'échantillonneur permet aussi d'intégrer à la musique " live " des sons du réel (marché, rue, sons intimistes), un peu comme une bande son d'un film. Ceci donne une nouvelle dimension musicale et nourrit l'imaginaire grâce aux images sonores générées.
Propos recueillis par P.D.J.
Contact
La Tribu Hérisson 06 20 82 04 26
Théâtre de Vénissieux 04 72 90 86 66