Contes et Merveilles
Entretien avec Caroline Sire, conteuse
CMTRA : Caroline Sire, vous avez participé au CD "Brèves de Conteurs", réalisé par la compagnie "Raymond et Merveilles". Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots l'intérêt de votre participation à cette réalisation ?
Caroline Sire : Tous les conteurs qui vivent aujourd'hui dans la région lyonnaise ne se connaissaient pas très bien... à titre personnel oui, mais pas forcément artistiquement. L'initiative de Guy Prunier et de sa compagnie Raymond et Merveilles était à la fois généreuse et judicieuse, puisque chacun sait que "seule l'union fait la force" !
"Brèves de Conteurs" a été conçu comme un grand rassemblement. Nous avions juste une directive : trois minutes pour raconter une histoire de notre choix. A noter les interventions du musicien Marc Wolff qui tissent un lien sonore et très inventif entre chaque histoire. Cependant, ce disque a aussi été conçu comme un support de publicité et de promotion. Il est disponible à la vente ; on pourra se le procurer à la FNAC et bien sûr dans tous les bacs jeunesse des librairies.
Vous élaborez des spectacles de contes s'appuyant sur la musique et notamment sur le chant et les percussions. Comment êtes-vous venue à une telle démarche artistique ?
Cette démarche est celle qui m'a été transmise lorsque j'ai découvert l'univers du conte à travers ma participation à un spectacle de la Compagnie du Cercle dirigée par Abbi Patrix... et j'ai envie de dire qu'elle me paraît si naturelle, si vivante que je n'imagine pas comment faire autrement !
Il faut savoir qu' à l'origine j'ai été danseuse. Plus tard, un nouveau coup de foudre a surgi dans ma vie sous la forme du chant traditionnel d'Irlande et d'Ecosse.
Je crois que la chose la plus précieuse que j'aurais apprise au cours de mes années d'apprentissage au sein de la Compagnie du Cercle, c'est que peu importe les moyens artistiques et/ou techniques qu'on utilise, c'est avant tout le sens que cela a - pour un individu donné - de raconter cette histoire-là à ce moment-là qui va faire émerger la possibilité d'une narration qu'Abbi appelle organique. C'est parce qu'on est porté par ce sens qu'à un moment du travail, cela va devenir évident qu'à tel instant le bodhrán va entrer en scène, qu'à tel autre une sorte de parlé-chanté va jaillir, un mouvement ou un silence... en d'autres termes, les questions du sens, de l'engagement, de la force d'une parole sont premières, le choix du traitement artistique peut alors venir se poser dessus.
Vous savez, c'est une véritable mine que je commence tout juste à explorer ; il y a une richesse incroyable, fournie par la matière même du conte, dans laquelle nous pouvons tous puiser allègrement. C'est ce qui me fait souvent dire que je considère moins ce métier de conteur comme un état que comme un processus incroyablement dynamique.
Ce qui fait mon plus grand bonheur, c'est que lorsque je me retrouve devant un public, il y a l'exigence de suivre ce que j'ai préparé le plus fidèlement possible, et une autre exigence au moins aussi importante : celle d'être totalement ouverte et disponible aux personnes présentes, au lieu et à ce qui se passe en moi au même instant. Et ça, c'est une source constante de surprises en tous genres !!
Comment le public (jeune majoritairement) réagit-il au conte musical ? Avez-vous l'impression que la musique favorise l'attention, permet une plus grande sensibilisation ?
Oui, et ce pour une raison évidente, c'est que la musique, la rythmique et le chant brisent la linéarité de la narration, apportent un espace, une respiration. Ils éveillent d'autres sensations, rassemblent le groupe à l'intérieur d'une même pulsation et permettent parfois une participation, un jeu entre auditeurs et conteur.
Mais je tiens ici à préciser qu'il existe de fabuleux conteurs qui vous tiendront suspendus à leurs lèvres pendant une heure et demi ou plus sans jamais utiliser une seule note de musique. Le chant, il est à l'intérieur d'eux, et ils le communiquent par la magie de leur présence, la musicalité naturelle de leur voix, une force d'évocation peu commune... et chaque fois que je ressors d'une expérience comme celle-là, cela me rappelle que chaque conteur possède - ou est possédé ? - par un univers qui lui est vraiment particulier.
A lui d'expérimenter, d'affiner afin de parvenir un jour à ce juste mélange entre maîtrise et laisser être ce qui est, ce mystère dont il est porteur et sur lequel il n'a en fait aucune prise.
Quels sont vos projets dans le cadre du conte musical pour les mois à venir ?
Eh bien il y a un projet en cours, à savoir l'animation d'un site web avec des contes sur le thème du sel et de ses usages, en français et en anglais (puisque je suis bilingue) et bien sûr beaucoup de musique ! La réalisation artistique et technique se fait en partenariat avec Michel Sikiotakis, créateur des groupes Taxi Mauve et Mugar.
Et puis je participerai également au Festival de Contes de Lyon organisé par Agnès Chavanon et l'Amac en Mai. En préparation, un spectacle jeune public et une nouvelle création pour la Saint Patrick... le 17 Mars 2004, qu'on se le dise !!
Propos recueillis par L.D.
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Caroline Sire
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->carolinesire@planetis.com]
CD “Brèves de conteurs”
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Raymond et Merveilles
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