Enrichissons-nous de nos différences

Entretien avec Stéphane Méjean, directeur artistique du Syndrome de l'Ardèche CMTRA : Le syndrome de l'Ardèche vient de fêter la sortie de son deuxième CD, quel est le parcours musical du groupe, de ses membres ?

Stéphane Méjean : J'ai créé le Syndrome de L'Ardèche en 1998 pour réunir les deux univers musicaux qui me passionnaient depuis toujours : la musique traditionnelle et le jazz. La formule de départ était surtout déambulatoire, aujourd'hui nous jouons autant en concert qu'en déambulation. Depuis nous avons joué un peu partout, allant de petites fêtes de villages en gros festivals de jazz. Aujourd'hui c'est la sortie de notre premier CD, l'autre était en réalité une "démo".

Les membres du groupe ont tous des parcours musicaux différents et variés : folk, chanson, jazz, rock, c'est ce qui fait notre force mais c'est aussi ce qui m'oblige sans cesse à maintenir une direction esthétique pour éviter justement que ça parte dans tous les sens. Quelles en sont les influences musicales ?

Les influences musicales essentielles sont la musique traditionnelle française et le jazz. Pour la musique traditionnelle, c'est celle du Massif Central et de ses contours avec quelques touches d'exotisme ! je pense à l'Irlande notamment car plusieurs séjours sur l'île ont du forcément laisser des séquelles dans mon cerveau d'Ardéchois, mais c'est plus vrai sur la forme que sur le fond .

Les groupes français des années folks (jeux de mots !) Absinthe, la Bamboche, Lo Jai, Malicorne sont aussi responsables de ce désastre !

Pour le jazz, c'est plutôt la période dite "moderne" avec ses approches modales qui m'intéresse, Miles Davis, John Coltrane pour ne citer qu'eux, des musiciens qui en fait s'intéressaient aux musiques traditionnelles ; comme c'est étrange, n'est-ce pas ? ( rires !). Comment les répertoires sont-ils élaborés ?

Les répertoires proviennent de mélodies traditionnelles, collectées ou découvertes dans des livres, que j'ai arrangées. Il y a aussi de nombreuses compositions. On peut signaler aussi que la quasi totalité de notre répertoire peut se danser d'une manière ou d'une autre. Ça sert à quoi d'improviser ?

Ça sert à rien ! Si ce n'est que ça permet de décoller du sol en gardant les pieds sur terre, de se projeter dans le cosmos en essayant de faire partager, de raconter son voyage à l'auditeur ; le tout en temps réel évidemment. Dans le Syndrome, vous mettez en présence un instrument harmonique, l'accordéon, et les cornemuses, qui fonctionnent principalement dans la modalité, quel est le secret du cuisinier pour que la sauce prenne ?

Si secret il y a, c'est simplement de connaître le caractère propre des instruments, tenir compte de la présence de bourdons et faire jouer à l'accordéon des harmonies respectant justement cette modalité. L'harmonisation modale est très souvent utilisée dans le Jazz. Quel est ton avis sur les processus de métissage musical qui se pratiquent de plus en plus souvent ?

"Enrichissons-nous de nos différences" disait Giraudoux. Au-delà du phénomène de mode évident, je trouve ça plutôt intéressant, ça permet à des gens de découvrir d'autres cultures y compris la leur qu'ils ignorent bien souvent ! Mais n'oublions pas non plus que "la musique du monde c'est aussi la musique d'ici". Pour moi, les métissages les plus réussis sont ceux qui respectent la saveur originelle, originale d'une musique sinon on peut facilement tomber dans l'insipide. Je pense aussi que pour bien mélanger différents ingrédients, il faut bien les connaître ! Quels sont les prochains projets ?

Jouer partout et le plus souvent possible, nous avons également un projet de résidence en Ardèche que nous aimerions bien voir aboutir. Propos recueillis par J.B. Contact

Les sonneurs des 2 coteaux

Stéphane Méjean

2 rue Charles Forot 07300 Tournon

Tél. 04 75 07 00 76 / [le.syndrome@wanadoo.fr->le.syndrome@wanadoo.fr]

CD en VPC au CMTRA (rubrique La Boutique)