Iznayen
Entretien avec Mehdi
BENAMROUCHE, auteurcompositeur
du groupe
Iznayen
CMTRA : Depuis la création
d'Iznayen en 2000, quelles ont été
les évolutions du projet ?
M.B : Déjà, la forme du projet a
changé. Au départ, Iznayen, c'était un
collectif de musiciens, avec toutes les
difficultés humaines qu'implique ce
type de fonctionnement.
Un projet
artistique ne peut pas avancer s'il est
porté par des mercenaires (musiciens
ou encadrement). Donc la première
évolution d'Iznayen a été la concrétisation
du projet en 2004 sous la forme
d'un vrai groupe, avec des musiciens
permanents qui adhèrent au contenu
artistique. Un groupe, c'est plus une
question de rencontres et de ressources
humaines que de maîtrise instrumentale
ou technique.
Une fois l'équipe constituée, on a pu
se pencher sur l'artistique. En 2004,
Iznayen a enchaîné les expériences
scéniques : résidences, concerts de
promotion et de belles premières parties
(Guem, Amadou et Mariam,
Gnawa Diffusion...).
Plus récemment, un ingénieur du son
est venu se greffer sur le projet, c'està-
dire qu'il y a vraiment mis son coeur,
dans le même esprit que les musiciens.
Comment est travaillée la musique
au sein du groupe ?
En tant qu'auteur-compositeur d'Iznayen,
je donne la couleur, mais je
laisse ensuite les musiciens s'exprimer.
Ils interviennent sur les morceaux
s'ils sont inspirés. Pour que la musique
soit vivante, il faut faire évoluer le
répertoire, laisser les musiciens se
l'approprier et l'enrichir.
Les membres
du groupe sont tous d'excellents instrumentistes.
Ils respectent les idées de
chacun et la couleur d'Iznayen. Ce
sont tout sauf des mercenaires.
Notre travail musical se construit de la
même manière que le groupe finalement
: je crée l'impulsion, et ensuite,
Nadia, Hervé, Mohamed, Loïc et
Antoine font d'Iznayen ce qu'il est
aujourd'hui.
Comme je l'ai déjà expliqué, c'est
vraiment une histoire de rencontre.
L'échange humain est très fort entre
nous et au niveau musical, c'est
magique.
D'où vient la couleur d'Iznayen, ce
métissage du jazz et de la musique
orientale ?
Le répertoire tire sa couleur dans la
musique orientale, mais je cherche
surtout à jeter un pont entre mes
racines et la culture dans laquelle je vis
en France. Ce qui me plaît, c'est
dépoussiérer de vieux thèmes traditionnels,
les moderniser, les métisser,
dans une perspective d'ouverture. Ca
se ressent également sur mes compositions
personnelles, inspirées de ces
musiques, avec du jazz et des accents
orientaux.
La musique orientale jouée par des
Orientaux ne nous intéresse pas. On
recherche l'échange et la rencontre des
cultures, c'est une démarche anticommunautaire.
Justement, parlons un peu de cette
revendication anti-communautaire,
quelle en est l'intention ?
Comment se traduit-elle dans
Iznayen ?
Au risque de paraître un peu extrême,
je refuse l'idée de « frontières ». On se
crée des frontières, des blocs culturels
et religieux, en plus des frontières géographiques
qui séparent déjà suffisamment
les hommes. L'identité ne doit
pas être réduite à une simple nationalité,
religion, ou communauté. Parfois,
j'ai l'impression que tout ce qui
compte, c'est de savoir d'où vient
l'autre, comme si on devait justifier
sa culture. On est tous de la même planète,
c'est tout ce qui importe, la
notion de peuple n'est pas intéressante.
Donc être anti-communautaire, c'est
faire un pied de nez à mes origines culturelles
et religieuses, c'est m'opposer
aux frontières et aux étiquettes.
Iznayen n'est pas une musique berbère
parce que le compositeur est d'origine
algérienne, c'est bien plus que ça. Etre
anti-communautaire, c'est aussi refuser
le repli identitaire.
Cela se ressent principalement dans
nos textes. Les paroles d'Iznayen
racontent les relations entre les gens,
les choses de la vie quotidienne, celles
qui concernent Monsieur ou Madame
tout le monde, quelque soit leur culture.
Mais notre écriture devient de
plus en plus agressive et véhémente,
en particulier contre la politique et la
manipulation des esprits, qui nourrit
l'intégrisme. Je parle surtout de la jeunesse
maghrébine, celle que je connais
le mieux, qui ne réfléchit pas toujours,
qui manque d'esprit critique envers à
une culture imposée par les têtes dites
pensantes.
Et que signifie Iznayen ?
Le nom du groupe a plusieurs explications.
Au sens littéral, Iznayen signifie
« horizon ». En fait, c'est ce qu'on voit
depuis les hauteurs d'une colline. On a
tous un horizon en vue, c'est là où on
regarde quand on veut y arriver.
Au sens plus personnel, la musique
fait partie de ma famille depuis plusieurs
générations, et un groupe s'appelait
Iznayen il y a 20 ans. C'est un
nom qui m'a marqué plus jeune, et
c'est un peu une façon de poursuivre
l'oeuvre de musiciens que j'ai bien
connus.
Enfin, un petit village de Kabylie s'appelle
également Iznayen. Et même si
je ne suis pas du tout originaire de ce
village, on peut y voir une sorte
d'hommage à ce lieu retiré et authentique.
Et puis, ça sonne joliment bien,
Iznayen, non ?
Quels sont vos projets pour les prochains
mois ?
Iznayen est en voie de professionnalisation.
Nous avons beaucoup travaillé
la scène et la diffusion ces dernières
années, y compris en-dehors du territoire
régional. Notre musique touche
par sa simplicité, elle parle à un très
large public, très diversifié. Mais
aujourd'hui, il faut qu'elle accroche
des professionnels : tourneurs, distributeurs,
labels.
Nous avons contacté plusieurs labels,
et certains nous ont proposé des
contrats de licence sur les prochains
enregistrements. Nous en sommes très
heureux, même s'il reste à voir comment
ça va se concrétiser.
Dans tous les cas, Iznayen enregistre
un album en septembre, pour une sortie
en novembre, que ce soit en autoproduction,
avec une distribution ou
un label. Sam Clayton (Skatalites,
Redbong, Brain Damage...) est intervenu
sur notre dernière démo, et il a
vraiment apporté sa touche personnelle.
C'était une bonne expérience, on
pourrait poursuivre la collaboration
avec lui.
Côté scène, on va davantage cibler les
centres culturels, théâtres et scènes
nationales. Un concert d'Iznayen se
traduit par un vrai spectacle avec des
décors, des lumières et des costumes.
C'est à voir !
Propos recueillis par C.D.
Retrouvez Iznayen dans la [lettre n°60->article156]
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Prochainement
sur scène :
17 juin : Festival La
Rue des Artistes (St-
Chamond - 42)
24 juin : Fête de la
Musique d'Allevard
(38)
30 juin : Festival La
Citadelle en Bordées
(Dunkerque - 59)
02 juillet : Festival
folklorique de Feyzin
(69)
21 juillet : Festival
Interfolk (Le Puy en
Velay - 43)
22 juillet : Festival
d'été de la Ferme
Blanche (Clamecy -
58)
30 août : Concert au
Théâtre de Verdure
d'Aix-les-Bains (73)
13 octobre : Forum
Social (Brives-
Charensac - 43)
4 au 10 novembre :
Résidence au
Théâtre d'Yssingeaux
(43)
10 novembre :
Concert au Théâtre
d'Yssingeaux (43)
17 novembre :
Concert au Château
de St-Victor sur Loire
(42)
mai 2007 - LARC -
Scène Nationale du
Creusot (71)
juin 2007 - Saison
culturelle du
Chambon-
Feugerolles (42) -
résidence