Entretien avec le compositeur
et percussionniste Isel Rasua Ã
l'occasion de la sortie de son
nouvel album « Ya Nos
Veremos »
CMTRA :Vos albums semblent aller
de plus en plus à la rencontre de
styles musicaux contemporains, qui
contrastent avec le style traditionnel
cubain dont vous êtes porteur.
A quoi tient cette évolution ?
Isel Rasua : La musique actuelle
change, les sonorités changent. Les
gens ont besoin de reconnaître dans la
musique un son qui est de leur époque.
Je m'adapte aussi aux envies des musiciens
avec lesquels je travaille, je
mélange le côté traditionnel et le côté
moderne.
Pourquoi métisser la musique
cubaine avec du rap ou du jazz ?
J'ai toujours fait de la musique bien
traditionnelle. En discutant, les musiciens
m'ont poussé à explorer différents
mélanges, alors je me suis dit :
je vais essayer, pour voir si ça marche.
Le chanteur de Tempo Forte a l'habitude
du rag et de l'improvisation. Le
rap et le jazz collent bien à cet état
d'esprit. Bien sûr, on a beau écrire le
morceau, c'est au moment de le jouer
que l'on voit si ça sonne...
Quels sont les musiciens de style
contemporain qui vous ont inspiré ?
Le chanteur écoute beaucoup de rap et
de jazz. Moi non, j'écoute du rap
comme de la musique classique, c'est à -
dire assez peu, même si j'aime bien.
En fait, j'ai eu une formation musicale
à la Havane où j'ai travaillé le jazz.
La musique cubaine est très festive,
très gaie. Que raconte t'elle ?
La musique traditionnelle cubaine est
vraiment joyeuse et parle de nature,
d'amour... Mais comme dans toute
musique, il peut aussi y avoir de la tristesse.
Je raconte des histoires vraies,
qui sont arrivées à moi, aux musiciens
ou à des copains.
Avez-vous fait des choix au mixage
de l'album, qui furent déterminants
pour le son de « Ya Nos Veremos
» ? Pourquoi avoir fait faire le
mastering à New York ?
Avec les albums précédents, on a eu
beaucoup de problèmes au niveau du
mixage. On était rarement content du
résultat. On entendait toujours des
choses qui nous gênaient. Alors on a
tenté les Master Disk Studios aux
Etats-Unis, en craignant qu'ils ne
soient beaucoup trop chers, et finalement
non. L'ingénieur du son nous a
envoyé cinq maquettes avant qu'on
se mette d'accord pour en choisir une.
A Studio Mag (St Etienne), un ingénieur
du son est venu de Paris, et on a
travaillé sur les détails de l'album. Les
deux derniers morceaux de « Ya No
Veremos » sont des remix destinés à la
radio qui veut des titres assez courts.
Que signifie « Ya Nos Veremos » ?
Cela veut dire: “On se reverra”. J'ai
écrit cette chanson pour toutes les personnes
qui ont dû quitter un pays pour
un autre. C'est un peu mon histoire et
celle de beaucoup de personnes. La vie
nous impose des choses, il faut les
accepter. Mais on sait qu'un jour on
reviendra à l'endroit d'où on est parti.
Qu'est ce que vous aimeriez ajouter
à propos de ce nouvel album ?
J'aimerai que cet album soit bien diffusé.
J'aimerai aussi remercier Nicolas
Folmer, trompettiste, qui est venu avec
une grande gentillesse enregistrer avec
nous. C'est un jazzman, mais il peut
jouer tous les styles, y compris la salsa
cubaine. Il nous a accompagnés sur
deux morceaux de l'album. C'est un
très grand musicien.
Il y a aussi Ahmid Laoubi, qui est professeur
de scratch et avec qui on a partagé
une expérience nouvelle. Ce qui
m'intéressait, c'était la couleur du
scratch, et non pas le style à proprement
parler. Il a travaillé sur « Nuevo
Mundo » qui est un mix de musique
africaine, de musique arabe et de rap.
La salsa reste quand même très présente.
Par ce mélange, on a voulu
exprimer les problèmes du monde au
niveau politique et social.
Et en ce qui concerne les concerts ?
On commence une petite tournée et on
essaie d'organiser quelque chose vers
l'Afrique et l'Espagne. On a déjà des
contacts en Afrique où les gens écoutent
encore notre album précédent.
Mais tout ça prend du temps...
Propos recueillis par E.G
Retrouvez le précédent album de Tempo Forte dans la [lettre n°41->article615]
Contact
JULIEN MARILLER
06 72 70 70 60 ou 04 77 29 47 12
www.tempoforte.com
Album
« Ya Nos Veremos »,
sortie le 26 mai 2006.
17, 56 Euros,
prix nouveauté
de l'éditeur
Abeille Musique
Concerts
21 Juin
à TREVOUX
24 Juin
à ROUBAIX
1er Juillet
à ANNEMASSE
13 Juillet
à FUVEAU