Entretien avec Isabelle
Belleau, Sandra Mandengue
et Patrice Kalla, tous trois
membres de Fùlù
CMTRA : Pouvez-vous nous raconter
l'histoire de Fùlù ?
Sandra Mandengue : Le groupe est
récent : janvier 2006. Avec Isabelle
nous avions travaillé sur le projet de
Patrice il y a trois ou quatre ans de ça.
Patrice avait sorti son album afro et
cherchait deux choristes, ça a bien
collé, à tel point que nous nous
sommes promis un jour de monter un
projet ensemble.
Isabelle et moi faisions alors partie
d'un trio vocal, plutôt a capella. Cette
aventure s'est terminée au bout de sept
ans, nous nous sommes dit alors que
nous pourrions continuer dans cet état
d'esprit « world » avec Patrice.
On est
tous les trois chanteurs. Patrice est
aussi conteur et joue aussi ici percussions
et guitare. Nous essayons aussi
de nous mettre aux percussions
Isabelle et moi. Personnellement, j'ai
toujours joué avec des musiciens, pour
Isabelle c'est pareil, mais nous ne
jouions pas d'instrument.
Quel est votre univers musical ?
Quelles sont vos inspirations ?
S.M : Pour ce groupe-là, je parlerais
plutôt d'influences. Tout ce qui est
musique africaine, antillaise, musique
soul. Il y a aussi du gospel, du jazz...
I.B : Personnellement, j'aime particulièrement
les voix souls. J'ai commencé
par la funk puis la new soul.
Mais je suis bon public et grande
consommatrice de musique ! On a un
peu les mêmes attirances et influences
; on s'apporte beaucoup les uns les
autres. Cela permet de s'ouvrir à
d'autres choses.
S.M : Il y a aussi le fait de vivre ici et
d'être originaire d'ailleurs, d'écouter
des choses différentes. Notre musique
ressort beaucoup de ce qui nous a
bercé et de « notre multiculture ».
Patrice Kalla : Le rap intervient aussi
et je fais un peu de beat box, de la guitare
et de la percussion. On se base sur
la musique « black », ce qui englobe
beaucoup de choses. Les chants
antillais ou pygmées interviennent
également. Cette base reste présente
dans notre musique, mais on développe.
S.M : Tous ces styles se complètent et
ça nous semble être une évidence.
Ensuite, chacun entend ce qu'il veut...
Quelle est votre volonté pour Fùlù ?
S.M : Nous n'avons pas de but précis.
Pour ce qui est du métissage, c'est
arrivé comme ça, du fait de nos couleurs
et de nos univers. Je suis d'origine
camerounaise, Patrice également
et Isabelle est antillaise. On fait surtout
un travail de création, avec toutes nos
influences, et pratiquement pas de
reprises. Nous jouons plutôt les morceaux
composés par Patrice, Isabelle
ou moi. Nous ne sommes pas sur la
réalisation d'un album : le but, c'est de
tourner, de faire de la scène, l'enregistrement
c'est autre chose.
Nous
sommes encore dans la création d'un
répertoire, c'est la naissance de Fùlù.
Le nom vient d'un personnage de BD,
une guerrière africaine et j'ai pensé
que ça représente bien l'esprit du
groupe dans son rapport à la terremère
Afrique.
P.K : L'idée d'africanité nous plaisait
bien, avec cette idée de folie qui est
importante dans le groupe. Mais nous
travaillons avec un maximum de
rigueur, pour que tout soit bien calé...
On utilise un instrument à la fois, donc
le côté instrumental reste très léger.
I.B : Cette volonté de faire de la scène
vient aussi du fait que cela nous
permet de tester nos morceaux. Nous
les modifions en fonction de ce que
l'on reçoit du public.
Je pense que
c'est important d'avoir cette
démarche, car les morceaux peuvent
évoluer en fonction du public.
Cette idée d'oralité et d'échange
prend une part importante dans
votre création...
S.M : C'est vrai que nous travaillons
sans partition, à l'oreille. C'est comme
pour la culture orale africaine et celle
des griots.
P.K : Je dirais en fait qu'on travaille un
peu à l'africaine...
I.B : C'est le principe de l'acapella
habillé, les voix priment. Pour le
moment nous souhaitons simplement
nous faire plaisir et faire de la scène.
L'expérience nous a montré qu'il est
préférable de roder un morceau avant
de rentrer en studio, car c'est sur scène
qu'il prend vie. Ce groupe est né d'une
envie...
S.M : D'être en harmonie avec les
autres et nous-mêmes...
Propos recueillis par M.L
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