Entretien avec Patrick
Mazellier, violon's chief!
CMTRA : C'est quoi, la Trad'Bande
des Violons ?...
La Trad'Bande des Violons, c'est un
groupe de joyeux violons qui se produit
pour des occasions plutôt festives,
surtout dans les carnavals, les festivals
de rue, pour des fêtes de village...
C'est un groupe de musiciens que je
dirige, issu d'ateliers de musique - et
en même temps les répétitions sont
encore des ateliers, dans le sens où on
découvre des rythmes, on créée des
mise en place... Les gens auto-apprennent
la musique en quelques sortes,
mais ils ont déjà un certain niveau. On
s'est déjà bien baladés, musicalement :
en Orient, en Roumanie, Italie,
Irlande, Dauphiné, Ardèche...
Le but de l'ensemble c'est essentiellement
l'animation festive, de rue : le
déambulatoire, c'est le moteur de l'affaire.
Et puis en fonction des années,
des opportunités, des personnes, on va
plus ou moins loin. Tranquillement.
Comme pour tous les groupes de
musique : il faut être à l'écoute de ce
qui se passe...
10 à 15 violons ensemble dans la
rue, comment ça déambule ?
On est arrivés à trouver un son d'ensemble
avec une douzaine de violons,
ce qui est assez original. Il y a aussi des
percussions et un accompagnement à
la guitare ou au bouzouki qui apportent
un cadre, autre chose. Et finalement
il s'opère une espèce de meltingpot
à partir de matériaux relativement
bruts. On fait aussi des accompagnements
au violon, ce qui est une chose
peu courante.
Du coup ça renoue avec la tradition
festive du violon qui existait, les violons
et même les violoncelles qui
jouaient dans la rue... qui sont des
choses complètement perdues. Le violon
était très utilisé dans la danse jusqu'au
début du 20ème siècle, quand il
s'est fait « manger » par le volume
sonore du saxophone et autres cuivres.
Mais dans les archives des 17ème et
18ème, il n'y a que ça : des bandes de
violons, qu'on met en prison parce
qu'ils font la fête trop bruyamment !
Alors que maintenant face aux batucadas,
il faut se trouver d'autres moyens
de replis.
Ca rappelle aussi les débuts du folk, où
il y avait des groupes auto-formés qui
se retrouvaient pour les festivals, où on
jouait 4 morceaux pendant 3 jours,
toujours les mêmes... c'était un peu le
même esprit : la tourne, une forme de
transe... Bon, ça a évolué, mais on
retrouve cet esprit là à l'intérieur, très
sympa.
Avec le Big Band diato, comment
êtes-vous venus à travailler
ensemble ?
Pour le 27 janvier, le bal à la MJC de
Bron, ça va être la première fois - il
faut arriver à gérer la chose : 20 musiciens,
c'est symphonique, ça se met en
place !
On va commencer les deux
groupes séparément, chacun avec son
répertoire, et puis on finira ensemble
sur des morceaux communs. Pour le
carnaval à Romans, il y a deux stages
préparatoires prévus, d'autant que le
projet part sur 10 violons, 10 accordéons,
une section rythmique complète
et une vingtaine de danseurs, 2
chars, 20 pousseurs, tous en costumes...
Je sens que ça va être un bordel
magique !!...
--
Entretien avec le docteur
es-violon Iosti
C'est quoi la Trad Bande des violons
?
Je n'irai pas par quatre chemins. La
Trad Bande est un ramassis de personnalités
border-line à tendance cryptobolchevique
qui tente par de fallacieux
moyens de pervertir notre belle jeunesse.
On joue aussi du violon. Je précise
que la plupart des membres sont
droitiers mais qu'on a dû prendre un
gaucher à cause des cotisations
sociales et tout ça... Je précise par
ailleurs que nous sommes des amis
avant d'être des musiciens. Avrai dire,
on aurait préféré le contraire, mais
techniquement, ça n'était pas possible...
Sinon le répertoire va de l'irlandais
electro-dub new wave au folk
trash neoturkmene en passant par
l'ethno musette sériel.
Pourquoi et qui a envie de venir y
jouer ?
Pourquoi, c'est une bonne question.
C'est même LA question. Nous avons
trois philosophes roumains et 2 nordcoréens,
au black bien sûr, qui planchent
là-dessus à plein temps depuis
une quinzaine d'années. La réponse
serait dans les tuyaux et je l'attends
comme vous avec impatience. Qui, eh
ben tous ceux qui ont dix doigts et qui
ne passent pas leur temps à se les fourrer
dans le nez sont les bienvenus,
pourvus qu'ils sachent distinguer
l'avant de l'arrière d'un violon, et
qu'ils aient une grosse envie de
poilade et de musique. En terme de
fonctionnement, le carburant de
l'association est constitué d'un
mélange de beaujolais nouveau,
d'huile de coude et de birlou dont la
recette exacte est classée top secret et
conservée dans un coffre à Dublin.
Où se trouve le coeur de la machine ?
Le coeur, c'est le chef, sans conteste :
Patrick Mazellier, un sommet de la
tradmusicalité contemporaine. Dans
quelques années, on dira Le Mazellier,
comme on dit La Callas. Patrick n'est
pas un homme mais une folk-machine
descendue sur terre pour jouer du violon
et diriger la Trad Bande. En plus,
non content d'être le cerveau, c'est
aussi le foie de la bande, d'une belle
couleur mordorée, très automnale.
Maintenant, je peux vous parler aussi
du cerveau, votre serviteur, ou même
de parties plus intimes dont je tairai le
nom pour ne pas gêner Gérard.
Quelles sont les occasions pour lesquelles
vous excellez ?
Notre spécialité, ce sont les occasions
manquées, mais on fait aussi les occasions
en or, on a d'ailleurs un tarif
spécial pour ça, et les premières mains,
vu qu'avec l'autre on tient l'archet.
Côté scène, on préfère celles de taille
moyenne comme le Zenit ou Bercy
parce qu'on a été assez déçus par
l'acoustique du Stade de France.
Enfin, on est vraiment des cadors en
défilé, avec une préférence pour les
manifs marxistes tendance Groucho.
Mais c'est entre deux batucadas que
les gens nous apprécient le plus, puisqu'ils
ne nous entendent pas.
Propos recueillis par Fanny Logeay
Contact
Patrick Mazellier : 06 76 70 85 88
pat.mazellier@orange.fr