5. Fanfare Danguba
Entretien avec Guillaume George, clarinettiste de la fanfare Danguba de Chambéry...
CMTRA : Comment est née la fanfare Danguba ?
G.G. : Elle est née il y a trois ans de la
rencontre musicale d'une bande de
potes en Isère. Au départ il n'y avait
aucun projet particulier, si ce n'est se
faire plaisir avec les musiques traditionnelles d'Europe de l'Est. La formation instrumentale était assez
bâtarde, mais très efficace : au départ
il y avait deux sax alto, une trompette
et un piccolo pour les aigus. Puis pour
la section rythmique, deux basses et un
sax ténor qui faisait également des
lignes de basse, une caisse claire et un
tome basse. Je suis arrivé plus tard à la
clarinette ensuite on a intégré un saxo
soprane. Maintenant on est neuf, le sax
ténor et les sax alto sont partis et on a
un troisième tubiste et un autre percussionniste.
Au niveau des répertoires, ça a beaucoup évolué. En fait, on ne s'attendait
pas du tout à rencontrer un tel accueil
de la part des gens et à tourner autant
et ça nous a donné envie d'aller plus
loin et d'explorer d'autres choses. Ça
fait maintenant un an qu'on tourne
avec nos compos et qu'on a abandonné un peu les morceaux trad.
Comme de toute façon on n'avait pas
l'orchestration adéquate, on a eu envie
de créer des morceaux à partir des
sonorités dont on dispose et des
bagages musicaux de chacun d'entre nous. Du coup, il y a un côté un peu
touche à tout, on puise dans pas mal
d'influences, mais on est surtout attaché à l'idée de musique populaire. On
essaye vraiment de varier les plaisirs et
par exemple en s'attachant aux
rythmes asymétriques des Balkans.
L'ancien sax ténor a un goût prononcé
pour le jazz et il arrivait à se servir de
son expérience en tant que saxophoniste jazz dans des compos très marquées par des rythmes asymétriques.
Le tubiste, qui compose beaucoup,
amène des thèmes qui ne sont parfois
qu'un prétexte pour mener un morceau
vers des rythmiques drum'n bass et
vers l'improvisation. Quand je compose, ce qui me plaît c'est de ne pas
aplatir. Quand j'écris un thème dans
l'idée que ça sonne « bulgare ou grec»,
déjà, je pense l'orchestration et puis
surtout je m'attache aux ornementations ce qui ne m'empêche pas de
« naviguer » autour par la suite. Le
dernier thème que j'ai écrit est une
sorte de voyage entre Dublin et Bucarest, une gigue Irlandaise à la Flûte qui
se paie un aller simple vers les Carpates sur une hora débridée. C'est mon
idée personnelle des musiques populaires, le fait qu'elles sont toutes plus
ou moins imbriquées. Ça c'est un truc
qui me passionne dans cette fanfare
c'est qu'on fait tout sauf de la musique
plate. On cherche.
J'imagine que vous privilégiez la déambulation à la scène ?
G.G. : On a beaucoup tourné dans des
festivals de formats très différents,
depuis le gros festival de musique tsigane à Tour jusqu'à la fête du boudin
dans le Vercors... Et effectivement,
c'était des interventions déambulatoires... La nouvelle importante, c'est
qu'on a arrêté momentanément de
tourner parce qu'on est en pleine création d'un spectacle de scène. On va
sans doute poursuivre la déambulation
dans le goût de ce qu'il y avait avant,
mais par contre le spectacle de scène
sera complètement différent. On va
par exemple abandonner le jeu collectif permanent pour privilégier le jeu de
couple d'instruments parce que cer-
taines sonorités se marient un peu
mieux que d'autres. Certains morceaux bénéficieront d'une orchestra-
tion plus intimiste... On veut créer ce
type d'espace-là, qui permette de
creuser les différentes formules, de
moduler, d'affiner... Depuis quelque
temps, on travaille avec un arrangeur,
quelqu'un qui a beaucoup de talent
pour harmoniser les morceaux et qui
propose un travail de voix instrumentales super intéressant.
Tu parlais tout à l'heure du succès que vous avez très vite rencontré.À quoi tient-il d'après toi ?
G.G. : Je pense que ça tient à deux
choses. Déjà, les musiques balkaniques ont le vent en poupe, et surtout,
on essaye vraiment de se faire plaisir
et de donner. Quand on joue, on donne
ce qu'on a. Le public ne cherche pas
forcément la virtuosité, il vient passer
un bon moment. Nous, d'un point de
vue théâtral on n'est pas très fort, mais
ce qui est sûr c'est qu'on pose d'emblée des rapports assez simples et sin-
cères avec le public. Du coup, c'est
plein de pêche, c'est généreux. Maintenant le but du jeu, c'est d'arriver à
la scène sans perdre ce rapport-là.
L'autre changement, prévu pour le
mois de septembre, c'est la sortie de
notre premier album. Il sera fait uniquement de compositions. Pour moi
c'est l'occasion d'inviter des bons
interprètes de musiques traditionnelles, de style irlandais et de musique
de Thrace. Je suis très attaché à l'idée
de rencontre, de faire des choses avec
les gens. Quand il y a du partage et de
la rencontre, il n'y a pas de mensonge
musical dans la réunion des musiques
populaires...
Propos recueillis par Yaël Epstein
Contact :
[
Retrouver la Fanfare Danguba sur Myspace...->http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=126896679]
Dates
26 janvier, salle Jean Villard, à Chambéry à l'occasion du Festival
“Les Nuits de la roulotte”
3 février, dans le même cadre, sur le marché de Chambéry
photo: Sylvain Cadet