Rencontre avec Nathalie
Tiberghien,
programmatrice jazz et
musiques du monde à
l'Auditorium de Lyon.
CMTRA : Comment vous est venue
l'idée de créer un festival consacré
aux musiques du monde à Lyon ?
N.T. : Depuis 1999, l'Auditorium organisait
quatre Nuits thématiques autour
des musiques du monde. Au fur et à
mesure, nous avons constaté un intérêt
grandissant de la part du public et
nous avons souhaité aller au-delà de
ces rendez vous espacés dans la saison
en imaginant un festival qui pourrait
créer l'événement et permettre, outre
un nombre de concerts plus importants,
la possibilité de collaborer avec
d'autres lieux . Cette formule nouvelle
nous permet également de renforcer
l'offre artistique afin de faire entendre
aussi bien des artistes confirmés que
des nouveaux talents et d'aller encore
plus loin dans la découverte des univers
musicaux proposés. Fidèles à la
politique et à l'esprit de la maison
Auditorium qui, si elle constitue en
premier chef le lieu de résidence de
l'Orchestre National de Lyon, se veut
aussi être un espace culturel ouvert à
toutes les musiques et à tous les
publics, avec une extension sur les
musiques du monde, le jazz, nous
avons donc imaginé une forme différente,
et c'est de là qu'est né le festival
« D'un Monde à l'Autre. »
Il s'agit de proposer au public des
concerts et des spectacles dédiés aux
musiques du monde entendues dans
une acception très large. Je souhaite
ainsi refléter les musiques du monde
telles qu'elles existent aujourd'hui,
de la tradition aux musiques actuelles.
Ce qui m'intéresse également, ce sont
les métissages. Ce festival constitue
également l'occasion de créer des passerelles
entre les différentes esthétiques
et courants de la musique et de
donner naissance à des créations plus
ambitieuses à l'instar du projet
construit conjointement entre Juan
Carmona et l'orchestre symphonique
l'an passé.
Par ailleurs, il me semble important
d'axer la programmation sur la notion
de spectacle, ayant le souci de donner
au public non seulement de la musique
et des concerts mais aussi une énergie
de la scène et du live, notamment avec
l'intégration de la danse ou de la
vidéo. J'essaie de choisir et de proposer
des artistes qui (se) donnent beaucoup
sur scène, qui créent un lien fort
avec le public.
Comment avez-vous conçu la prochaine
édition ?
La première édition était construite
autour d'une thématique géographique
par soirée, en filiation directe avec la
tradition des Nuits. Cette année, nous
avons choisi une ligne globale pour
tout le festival qui nous fera également
voyager dans différents pays mais
cette fois-ci au cours d'une même soirée.
Au-delà de ce voyage géographique,
nous passerons véritablement
d'un monde à l'autre au cours de
chaque soirée par des croisements
d'univers artistiques, tantôt musique,
danse ou vidéo, tantôt jazz et musiques
du monde. Cette édition sera articulée
autour d'un thème central : les
femmes, auxquelles nous donnerons la
place principale.
Pourquoi ce choix des femmes ?
Dans tous les concerts que j'allais voir,
je me rendais compte qu'énormément
de femmes étaient leaders de leurs
groupes. Peut-être que dans certains
pays où les femmes n'avaient pas le
droit de se mettre en avant jusqu'ici, la
tendance s'est inversée depuis
quelques années. Beaucoup d'artistes
féminines émergent actuellement sur
la scène internationale qui ont toutes
beaucoup de talent et portent chacune
la voix de leur pays. J'ai par conséquent
privilégié des groupes où les
femmes tenaient un rôle important.
C'est ainsi que tous les concerts de ce
festival auront un leader féminin, pas
systématiquement à la voix d'ailleurs
puisque que certaines sont instrumentistes,
danseuses ou encore chorégraphes.
Ce clin d'oeil aux femmes
n'est d'ailleurs pas un phénomène
isolé puisque le Satellite Café ou des
festivals tels que les Voix de femmes
en Belgique, ou celui de Marrakech
mettent aussi les femmes à l'honneur.
Nouveauté de cette édition, le festival
sera parrainé par Agnès Jaoui dont la
démarche artistique reflète l'esprit du
festival. Dans l'idée « D'un Monde à
l'Autre » et de passerelles entre les différentes
formes artistiques, il nous a
semblé qu'elle incarnait bien cette idée
puisque que, après avoir été comédienne
et réalisatrice, elle s'est lancée
dans la chanson. Elle se produira
d'ailleurs en concert sur la Grande
Scène de l'auditorium accompagnée
de musiciens latinos et d'une multitude
d'histoires d'amour venues d'Espagne
le 8 mars, journée mondiale
de... la femme !
Qu'en est-il de la programmation ?
En dehors de l'aspect esthétique et thématique,
j'aborde la programmation
avec le souci de proposer des stars
incontournables, de programmer les
révélations de la nouvelle génération
et enfin de faire place aux groupes
régionaux. A l'honneur, les femmes
nous feront donc voyager de Cuba au
Portugal, de l'Afrique au Brésil, des
Etats-Unis à l'Espagne... On pourra
découvrir une nouvelle génération de
femmes déterminées et talentueuses à
connaître absolument comme Lura et
Mayra Andrade du Cap Vert, Dobacaracol,
du Québec, Mamani Keita, déjà
présente l'an passé ou encore
Malouma, artiste issue de la nouvelle
génération mauritannienne. Diva
interplanétaire, Dee Dee Bridgewater
présentera son nouveau projet Malian
Project alliant le jazz et la musique du
monde. Ayo, révélation soul de l'année
2006, sera également de la partie ainsi
que La Kinky Beat, mélange rock-reggae
et Almasäla, deux groupes étonnants
et détonants, représentants de la
nouvelle vague espagnole. Côté
artistes rhônalpins, le trio Soulayrës,
Iznayen, Calle Alegria ou encore
Habla'Tambores seront présents sur ce
festival.
Propos recueillis par Jean Sébastien Esnault
Photos : DR
D'un Monde à
l'Autre,
2ème édition
Lyon,
du 1er au 10
mars 2007
Tout le
programme
sur le site
de l'Auditorium
de Lyon
[http://www.audi
toriumlyon.com->http://www.audi
toriumlyon.com]
Contacts
Auditorium de
Lyon
149 rue Garibaldi
69003 LYON
tél :
04 78 95 95 95
[Voir également un article de la Bibliothèque Municipale de Lyon consacré aux "femmes du monde"->http://www.pointsdactu.org/article.php3?id
article=804>]