Môn, Chanteuzharpiste
"F'LAC", festival du Lac, Aix-les-Bains (73)
Môn, Chanteuzharpiste...
Derrière ce pseudonyme se cache Christine Mérienne, chanteuse, joueuse de harpe celtique connue pour former avec sa comparse Elisa Vellianiti le duo Sedrenn.
Si l'instrument, qui a traversé une longue période d'abandon en Europe, a été tiré magistralement de l'oubli par Alan Stivell, une nouvelle génération de harpistes part à l'aventure, à la découverte d'autres traditions, d'autres styles musicaux et surtout à l'abordage de la composition.
Christine Mérienne, en duo ou solo, incarne cette nouvelle orientation élargie de la pratique de la harpe celtique.
Elle sera en concert au festival de Chambéry/Aix-les-Bains, et animera un stage de harpe celtique pendant le festival.
Entretien avec Christine Mérienne
Christine Mérienne : Le programme que je vais présenter à Chambéry est tout neuf, et ce sont des compositions, des musiques et des textes nouveaux Je jouerai en solo des chansons en français, dont une de mon ami Jean-Louis Le Craver qui a déjà signé une chanson du répertoire de Sedrenn, le duo que j'ai fondé en compagnie de Elisa Vellianiti en 1994. Dans cette formation, nous avons deux album, "Chemin faisant" et "De l'autre côté", chez Keltia Musique.
Avec Sedrenn, nous sommes plus orienté vers un répertoire traditionnel, celto-grec, au vu de nos origines. Nous tournons beaucoup depuis quatre ans, et chacune des deux a eu le désir de faire des choses différentes à côté du duo, pour mieux s'équilibrer dans notre travail commun. Et pour le concert solo que je proposerai au festival de Chambéry, et qui sera une première, j'ai choisi de me présenter sous mon pseudonyme, Môn. C'est un prénom breton, mais c'est aussi un nom qui rappelle la lune (moon), et en allemand, "mohn", c'est le pavot. J'aime beaucoup les fleurs, mais j'aime surtout le gateau au pavot!
La harpe celtique est un instrument qui offre vraiment beaucoup de possibilités. C'est un instrument ni tout-à-fait diatonique, ni tout-à-fait chromatique. On ne peut pas jouer tout le répertoire classique, mais on peut jouer énormément de musiques de tous styles, contemporains, classique, traditionnel, et cette harpe est beaucoup utilisée comme instrument d'étude, en introduction à l'enseignement de la harpe classique.
La harpe celtique 'est un instrument qui a pratiquement disparu, et qui a connu un renouveau, il est mort et ressuscité ; nous ne disposons pas de trace de tradition du jeux de la harpe celtique, ce qui en fait est une chance, car on dispose d'une très grande liberté de recherche et de création, ce qui très intéressant.
Il y a énormément de harpistes qui travaillent sur les musiques traditionnelles, sur les répertoires bretons, irlandais, écossais ; la regrettée Catherine Delavier a beaucoup travaillé sur la musique irlandaise, et Dominig Bouchaud et d'autres font un travail semblable sur le répertoire breton. Et en fait chaque harpiste développe son style particulier.
Cet instrument est un des plus anciens dispositifs sonores conçu par l'espèce humaine, son ancêtre direct est l'arc à bouche, et il a existé à peu près partout dans le monde, bien avant d'arriver en Irlande. On a joué sur la harpe des musiques très différentes, et si au départ je me suis concentrée sur les musiques dites celtiques, par la suite, à l'écoute de tout ce qui me passe par les oreilles, le jazz, les musiques traditionnelles d'autres cultures, africaines, orientales, ces influences sont ressorties sans que je le veuille vraiment. Et si je joue un tango, des mazurkas polonaises, ou une chanson de la Bolduc, ce sont des envies qui surgissent. L'inspiration du moment joue un grand rôle.
Le rapport à l'instrument est également très important pour moi. C'est un instrument très féminin, ne serait-ce que par sa forme, avec beaucoup de courbes, les sonorités sont douces, cristallines, on est loin de la guitare électrique ou de la batterie. Parmi mes élèves, j'ai un unique petit garçon, qui a un caractère très doux, très calme. Mais si la majorité des harpistes sont des femmes, il y a quand même quelques barbus, Stivell, Myrdin, les frères Keffeleant (An Triskell), et s'ils font figure d'exception, ce sont paradoxalement les plus connus, il y a là un mystère à percer.
Historiquement, c'étaient plutôt les hommes qui jouaient de la harpe, comme en Irlande, ou même en France, à l'époque médiévale ou la harpe était utilisée par les jongleurs. Mais à notre époque, ce sont surtout les femmes qui sont attirées par l'instrument, en partie je crois par ses formes tellement belles. C'est un instrument qui touche la féminité, et je pense que les hommes qui en jouent font parler la femmes qui est en eux. En tout cas, les gens qui sont motivés pour apprendre l'instrument ont une attirance très forte pour lui.
Dans mes cours, j'utilise essentiellement l'oralité, en proposant des répertoires traditionnels des cultures celtiques, avec une ouverture sur d'autres traditions, d'autres influences, un peu de jazz par exemple. La première chose que j'essaie de transmettre, c'est le plaisir de jouer, et le plaisir de travailler. Je m'appuie sur des exercices un peu ludiques, la découverte de l'instrument, l'univers sonore propre à la harpe. Je les invite à explorer l'instrument, qui offre de grandes possibilités de création, et je tiens à ce que qu'ils le découvre très tôt. Ensuite, je propose des techniques d'ornementation, des éléments musicaux propres à l'instrument, et qui nécessitent un vrai travail d'assimilation. Le grand avantage de la harpe, c'est qu'à la première leçon, on peu déjà sortir quelque chose, l'élève est directement dans la musicalité de l'instrument. Il n'y a pas de technique de base indispensable difficile à acquérir, comme par exemple pour le violon. Les notes tombent sous la main, et on peut réaliser très vite un petit morceau, assez agréable à écouter, c'est plutôt gratifiant et ça donne envie de continuer. Mais il ne faut pas s'arrêter là, parce que, comme pour tout instrument, il y a une technique assez difficile qui va demander plusieurs année d'un vrai et long travail avant de pouvoir jouer des choses vraiment intéressantes. Le premier contact est agréable, mais il faut savoir travailler pour atteindre un niveau d'expression musicale correct.
Dans mon enseignement, j'aime beaucoup utiliser des chanson. En fonction des élèves et de leurs envies, je leur propose de chanter en s'accompagnant, et je pense profondément que la harpe est l'instrument idéal pour cet usage.
Propos recueillis par J.B.
Renseignements
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