Alain Pennec Quartet
au festival Celtadore, Dore l'Église (63)
Entretien avec Alain Pennec
CMTRA : Alain Pennec, vous serez présent pour la 4e édition du festival Celtadore avec la formation Alain Pennec Quartet. Votre activité musicale s'est tournée vers des expériences en solo et dans d'autres formations comme Les 4 Jeans, Hirio ou Tammless, autour du conte avec Gigi Bigot. Vous êtes poly-instrumentiste mais principalement diatoniciste. Comment votre choix s'est porté sur l'accordéon diatonique dans le contexte du renouveau des musiques celtiques en Bretagne dans les années 70, dont vous avez été l'un des principaux acteurs ?
Alain PENNEC : En fait pour moi l'accordéon diatonique c'est venu après, dans les années 80. J'ai commencé la musique dans les années 70 en tant que sonneur de bombarde, avec mon frère, puis j'ai joué dans des groupes tels que Kouerien Sant Yann ou Sonnerien Du, l'accordéon est venu assez tard.
C'est un peu le hasard, j'en écoutais et dans les années 80, j'ai eu l'occasion d'en avoir un dans les mains, ça m'a plu et j'ai continué. J'écoutais des gens comme Marc Perrone à l'époque, et Jean Blanchard, qui sortait son premier disque sur l'accordéon diatonique. Ce n'était pas spécialement par rapport à la musique bretonne. Je m'intéressais à la musique bretonne plus en tant que sonneur de bombarde et en écoutant surtout les chanteurs.
CMTRA : On connaît votre intérêt pour la musique de danse mais aussi pour la composition et les créations que génèrent les rencontres musicales. Comment votre pratique musicale a-t-elle évolué dans cet élan celtique qui vous a mené du bal au concert ?
A.P. : La musique de fest-noz, comme on l'appelle chez nous, c'est-à-dire de la musique pour faire danser, j'en ai fait pendant 10 ans, entre 80 et 90. Est-ce que cela a évolué ? Oui, un peu, pas beaucoup je pense, les groupes ont évolué un petit peu au niveau instrumentation, arrangements peut-être mais pas beaucoup.
Il y a eu un second renouveau depuis les années 90, par la génération qui a succédé à celle des années 70. En plus il y a toujours eu des "têtes"qui ont relancé la vague, comme Alan Stivell qui a édité deux trois disques dans les années 90, puis Dan Ar Braz et, en fest-noz, des gens comme Ar Re Yaouank. Nous on a continué à bosser depuis les années 70, on n'arrête pas, mais parfois mon travail est plus dirigé vers le concert, il y a peut-être un petit ras-le-bol de faire du fest-noz parce que c'est crevant et ça apporte peut-être moins de plaisir que le concert.
Si cela vit bien depuis 30 ans c'est aussi parce qu'il y a beaucoup de gens qui se sont intéressés à la formation et que se sont créées un tas d'écoles de musiques traditionnelles, qui se développent, ce qui fait qu'il y a un vivier de musiciens traditionnels très important en Bretagne. On a une école de musique traditionnelle à Redon qui a 400 élèves, sur Quimper c'est pareil, sur Vannes c'est pareil, partout actuellement en Bretagne. Il y a des associations, comme la Bouèze qui a une démarche pédagogique et un répertoire particuliers sur l'est de la Bretagne.
CMTRA : Comment s'inscrit-on dans la musique celtique aujourd'hui ? Quelles sont les inspirations et aspirations de votre quartet mêlant des musiciens aux parcours variés qui se sont insérés dans ce courant des musiques bretonnes et celtiques à différentes périodes de son évolution, du fait de leur différence de génération notamment ?
A.P. : Au niveau des modes, cela ne m'a jamais trop influencé, ni inquiété, j'ai fait mon petit bonhomme de chemin. Ce qui m'a influencé moi c'est d'abord les musiciens traditionnels, c'est-à-dire les chanteurs, les anciens sonneurs. J'ai fait du collectage dans le pays gallo, c'est la musique que je connais le mieux.
À part ça, j'ai écouté beaucoup de musiques extérieures et pas spécialement de la musique bretonne justement, j'ai écouté du jazz, de la musique classique, d'autres musiques traditionnelles, mais je ne peux pas dire que je sois à l'affût de ce qui sort en Bretagne. On a tous vécu des expériences différentes, et puis maintenant il y a des gens qui s'inspirent un peu de nous.
Ce qui m'a toujours plu c'est la rencontre avec des musiciens qui ont des sonorités intéressantes mais aussi nouvelles. Je joue par exemple en quartet avec Aurore Breger à la harpe celtique, Stéphane Barbier, percussionniste et Youen Landreau, qui est un joueur de Chapman stick. Le Chapman stick est un instrument très récent, crée par un américain, Chapman, il y a une trentaine d'années. C'est un mélange de guitare basse et de guitare électrique, avec un son très particulier qui peut être aussi acoustique, avec lequel on peut faire un tas de choses.
CMTRA : Quel répertoire sera à l'honneur pour votre concert dans le cadre du festival Celtadore ?
A.P. : C'est d'abord un répertoire d'essence naturellement celtique, mais il y aura aussi beaucoup de compositions, d'un peu tout le monde et des arrangements sur des musiques celtiques traditionnelles.
Propos recueillis par V.P.
Album : Alain Pennec Quartet
"Turbulences" - Keltia 1999
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