The Klezmatics
Festival "Les Temps Chauds" (01)
Entretien avec Lorin Sklamberg
Venus de Brooklin ou de Manhattan, la joyeuse bande des Klezmatics offre sa musique frénétique cet été sur les bords de la Chalaronne. Libre propos autour de la musique juive à New-York aujourd'hui.
CMTRA : The Klezmatics sont très connus aux USA parmi les fans de folk music : Lorin, êtes-vous l'un des membres fondateurs du groupe ?
Lorin Sklamberg : En effet. On a commencé le groupe en 1985-86, au départ juste une petite annonce dans un journal d'un type qui cherchait d'autres musiciens pour jouer de la musique klezmer à New-York.
Petit à petit on a rencontré pleins de musiciens qui jouaient dans des restaurants, ou dans les studios d'enregistrement, et on a commencé comme ça, juste pour jouer pour des mariages ou des fêtes juives.
CMTRA : Existe-t-il un réseau des musiques klezmer à New-York aujourd'hui ?
LS : Oui, certains vivent à Manhattan, d'autres à Brooklin ou dans le New-Jersey, mais les occasions de jouer sont nombreuses et je crois que tout le monde connaît tout le monde.
CMTRA : Votre musique vient des racines de la musique juive d'Europe : avez-vous tous un parcours de musiciens populaires ? Quelle est l'influence de Giora Feidman dans votre musique (célèbre clarinettiste klezmer américain) ?
LS : Certains dans The Klezmatics ont joué de la musique juive depuis longtemps, mais d'autres ont commencé en entrant dans le groupe. Nous ne venons pas forcément du jazz comme beaucoup de gens le pensent en écoutant notre musique, mais plutôt de la musique classique ou des musique populaires américaines que vous appelez "variétés", ou bien d'autres origines encore..
Quant à Giora Feidman, mise à part la différence d'âge, on a appris cette musique de la même manière qu'il l'a fait : lorsqu'on a commencé lui-même jouait déjà depuis une quinzaine d'années cette musique, car il l'a découverte dans les années 70. Je l'ai vu sur scène lorque j'avais 16 ans, et bien sûr c'est un grand clarinettiste. Mais je ne dirais pas que nous avons vraiment été influencés par lui : je crois que pour la musqiue klezmer, il a influencé plus de gens en Europe qu'aux USA.
CMTRA : Comment la communauté juive reçoit-elle votre musique ?
LS : En général très bien, mais certaines personnes sortent de notre concert avec quelques interrogations : car ils viennent écouter de la musique yiddish alors ils attendent certaines choses. Mais nous, The Klezmatics on a toujours voulu jouer de la musique qui ait d'abord du sens pour nous : des airs ou des chansons à messages, ou en tous cas avec des choses derrière, une certaine réflexion poétique ou sociale.
Alors on ne joue pas de la musique nostalgique, et beaucoup de gens qui viennent écouter de la musique klezmer dans la communauté juive recherchent un sentiment de nostalgie. On est des musiciens avec un héritage, mais certainement pas nostalgiques.
CMTRA : OK. D'où tenez-vous votre répertoire ?
LS : Essentiellement de vieux disques, enregistrés en Europe ou bien à New-York au début du siècle. On va chercher les formes les plus anciennes de la musique instrumentale, surtout les formes européennes : car lorsque les musiciens juifs ont débarqué aux USA, il ont tout de suite été influencés par le jazz américain, et nous on cherche ce qui est plus ancien : non pas pour l'authenticité, mais parce que nous voulons mettre de nous-mêmes dans l'évolution de cette musique, sans recopier ce qui a déjà été fait.
Nous donnons notre propre personnalité à la musique klezmer. Donc on cherche des choses plus anciennes que ce que nous propose la transformation des musiques yiddish par le jazz. Et puis on compose aussi, sur des textes de poètes contemporains.
CMTRA : On entend beaucoup d'énergie dans votre musique, qui sonne parfois comme certaines fanfares tziganes de Hongrie ou de Yougoslavie : quelles relations y voyez-vous ?
LS : Je suis certain que toute la musique klezmer européenne est influencée par l'ensemble des musique d'Europe de l'Est, et les juifs ou les tziganes ont sans doute toujours joué des musiques très proches dans les pays où ils ont vécu. La musique des Balkans est faite de nombreux mélanges difficiles à déterminer, mais toutes les influences ne sont pas nécessairement conscientes.
The Klezmatics ajoute d'autres choses encore à la musique klezmer américaine, car nous essayons de créer quelque chose de joyeux ; nous voulons montrer que l'avenir de la culture juive est aussi là, dans une forme d'enthousiasme et d'énergie positive. Et ça c'est plutôt New-York !
Propos recueillis et traduits par EM.
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