Entretien avec Nathalie Berbaum, Marie Mazille, et Patrick Reboud du groupe Kordévan
CMTRA : Comment est né Kordévan ?
Nathalie Berbaum : Comme beaucoup de groupes, Kordévan est né de rencontres humaines, de moments passés entre copains pour faire de la musique ensemble. Au début, il y a sept ans, on était quatre. On faisait des reprises de trad et on avait même un répertoire de morceaux à danser. Après notre premier bal qui a été une catastrophe, on a continué avec un répertoire de concert. Petit à petit on a commencé à composer des morceaux, on voulait être libre dans nos arrangements. Un petit CD quatre titres est sorti de cette première période Kordévan.
Quel rôle a joué la conception du deuxième CD ? Sentez-vous qu'il représente l'aboutissement d'une période ou plutôt un marchepied ?
Marie Mazille : C'est un peu les deux. On n'a jamais été complètement satisfait du premier disque. Maintenant, on peut au moins mesurer le chemin parcouru. C'est un monde beaucoup plus personnel, il n'y a que des compos...
Patrick Reboud : Ce que je trouve intéressant dans notre nouvel album, c'est que ce n'est pas une fin en soi et qu'en même temps, c'est un objet abouti. On sait que ce n'est qu'une étape dans l'histoire de Kordévan mais on l'a conçu comme une vraie création. Les arrangements de ce disque ne seront jamais joués tels quels sur scène. Ça a été tout un travail de répétition, de réflexion, pour savoir dans quel esprit on le faisait. Il s'est beaucoup construit pendant l'enregistrement, parce qu'on s'est donné cette liberté.
M.M. : Pascal Cacouault, qui a fait l'enregistrement du disque, a aussi joué un rôle artistique, en nous aidant à faire le tri parmi nos envies. C'était vraiment le sixième membre du groupe. Quand on est cinq à jouer et à avoir de nouvelles idées, ça part des fois dans tous les sens et c'est difficile de faire des choix. Pascal connaît bien notre musique, et a pu garder cette distance qui nous a fait beaucoup avancer.
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Votre musique est très colorée, elle évoque la rencontre de différents univers. Est-ce que c'est un parti pris artistique ? Rencontrez-vous des difficultés, comme beaucoup d'autres groupes, à trouver une place dans les bacs de disquaires ?
M.M. : On nous dit souvent que notre musique fait penser à de la musique de film, que ça fait rêver ou voyager. De notre côté, on aimerait bien trouver des films pour notre musique ! Pierre, Patrick et moi, avons déjà travaillé avec des compagnies de danse ou de théâtre. Je pense que le mélange d'univers dont tu parles nous a beaucoup inspiré. J'ai toujours envie qu'il y ait du visuel qui accompagne notre musique.
N.B. : Claude et Marie composent les thèmes, mais les arrangements collectifs et le fait que l'on soit tous issus de mondes musicaux et artistiques divers, ça amène cette couleur particulière.
P.R. : Notre musique se situe à la frontière entre différents mondes, on ne sait pas trop où se placer. Quand des gens nous demandent où classer notre musique, la définition que je trouve la plus juste c'est : "musique de film sans film".
P.R. : Ce qui est difficile, c'est de savoir ce que l'on cherche à caractériser. Dire que c'est de la musique acoustique, ce n'est pas la même chose que de parler du style d'écriture ou de la finalité de la musique. On est à chaque fois entre plusieurs catégories. Je crois que plus le temps passe et plus je suis à même d'assumer notre musique inclassable, même si cela amène des difficultés pour trouver un distributeur.
N.B. : C'est vrai que ça pose problème. Les distributeurs nous disent qu'il y a une identité mais qu'elle ne rentre dans aucune case. Ils ont besoin d'inscrire le projet musical dans une démarche commerciale. En même temps beaucoup de groupes sont dans le même cas que nous. Je pense que Kordévan a une réelle identité, on sait ce qui "sonne" Kordévan : des timbres, des personnalités, des nuances, des teintes propres... Il n'y a pas de volonté d'intellectualiser notre musique, de la définir à tout prix. Sinon on finit par y perdre une part de spontanéité.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
N.B. : Il faut attendre que le vent de panique passe par rapport aux intermittents, on ne sait pas très bien comment les directeurs de salle vont réagir. Nous sommes un peu démobilisés et nous prenons beaucoup de retard.
M.M. : On a un projet pour avril 2005 avec un metteur en scène voironnais, Philippe Pujol, qui travaille avec des handicapés mentaux et qui met en place sa prochaine création dont le thème est le mythe de Don Quichotte, avec des comédiens de la ligue d'improvisation de l'Isère. Il nous a proposé de faire la musique du spectacle.
Propos recueillis par Y.E.
Contact
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[nathalie.berbaum@wanadoo.fr->nathalie.berbaum@wanadoo.fr]
Référence du CD :
Kordévan
"le Rêve de Suzanne"
Nord Sud,
Distribution Nocturne