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Une chinoise à Lyon

Entretien avec Si Mo, musicienne chinoise installée en France depuis deux ans.







CMTRA : Si Mo, tu joues donc de plusieurs instruments de musique traditionnelle chinoise ?

Si Mo : Oui. Je joue surtout de deux instruments aujourd'hui, le guzheng* et le ruan*. En fait j'ai commencé la musique avec le pipa* quand j'étais petite, comme beaucoup d'enfants chinois. C'est un instrument assez populaire, qui fait partie de l'enseignement culturel des enfants, comme le guzheng, le yangshin* ou la flûte. Je n'ai pas trop aimé le pipa parce que c'est un instrument assez aigu. Et puis au début c'était vraiment dur, il faut répéter le même geste des milliers de fois, pi-pa-pi-pa, avec les deux onglets, et il ne faut pas bouger pendant des heures et des heures ! Sur mon plus ancien pipa, il y a encore la trace des larmes sur le bois. Ensuite je me suis mise au ruan. C'est un instrument rond et plat, avec quatre cordes et un long manche, qui a plus de 2000 ans d'existence. Il y a trois formats de ruan, le petit, le moyen et le grand. Je préfère le plus grand, le son est parfait, plus lourd que les autres. Ensuite, c'est à l'université que j'ai commencé la cithare à 21 cordes, appelé guzheng. Gu veut dire vieux et zheng est le nom de l'instrument. Il y a 21 cordes et il n'y a que 5 notes : “Do-Ré-Mi-Sol-La-Do”. Malheureusement je n'ai pas pu amener mon zheng avec moi en partant de Chine, alors j'essaye d'en emprunter un quand j'ai l'occasion de jouer. Quels sont les répertoires du ruan ? Est-ce qu'il s'agit de pièces traditionnelles ou de compositions récentes ? Est-ce qu'il y a une part d'improvisation ?

On a perdu tous les airs anciens de ruan. Les morceaux s'écrivaient dans des livres mais en Chine, on a jamais eu l'habitude de conserver, on ne s'est pas rendu compte de la valeur de ces écrits. C'est peut-être parce qu'en Chine les musiciens n'avaient pas une place sociale assez haute, c'était des gens qui jouaient dans la rue pour le plaisir des nobles et qui n'avaient pas d'argent. Donc après, personne n'a eu l'idée de conserver ces répertoires. Avec la guerre on a perdu le peu qui avait survécu. C'est vraiment dommage parce qu'on a retrouvé des peintures datant du 10ème siècle, de gigantesques fresques où étaient représentés des ruan. On voit que les musiciens jouaient en dansant. Aujourd'hui, ce sont des mélodies récentes ou des transpositions de mélodies écrites pour d'autres instruments. C'est un instrument qui se joue avec l'orchestre, rarement en solo. Parfois il accompagne le chant. Par contre, on improvise très peu. C'est le problème de la musique traditionnelle chinoise, il y a très peu de création. On s'entraîne très longtemps à jouer un même air. On ne fait que répéter, répéter, répéter, selon la tradition. Tu es venu en France pour faire tes études ?

Oui, pour faire mes études en histoire de l'art. Le patrimoine m'intéresse beaucoup. En Chine, j'ai étudié la littérature et la civilisation chinoise et j'avais pensé faire une carrière musicale mais j'y ai renoncé parce que je ne suis pas assez douée. Je préfère jouer de la musique pour y mettre mes sentiments, créer de nouveaux airs, montrer quelque chose de moi. Alors j'ai voulu apprendre à protéger le patrimoine en Chine, mais comme cette spécialité n'existe pas là-bas, je suis venu ici. Ça fait deux ans que je suis arrivée et vous ne pouvez pas imaginer à quel point les idées que j'avais de la Chine et des musiques traditionnelles ont changées ! Avant, je n'écoutais presque que de la musique traditionnelle chinoise ou bien la musique classique occidentale. Maintenant j'écoute aussi d'autres musiques alors j'ai un regard plus critique. Je pense que c'est bien de garder la tradition mais c'est trop si on fait toujours la même chose, ce n'est pas suffisant pour une culture. Quels sont tes projets musicaux en France ?

J'ai quelques occasions, mais ça reste très ponctuel. J'ai envie d'organiser un orchestre traditionnel chinois à Lyon mais il y a un problème pour trouver des instruments et des musiciens... Je vois que les Francais ont très envie de connaître la musique traditionnelle chinoise. Chaque fois que je joue en public, il y a toujours beaucoup de gens qui me regardent curieusement. La plupart d'entre eux n'ont jamais vu ce type d'instruments. Malheureusement, les occasions de présenter la vraie musique chinoise en France sont très rares. Je pense que pour les Français c'est difficile de comprendre l'esprit de la musique traditionnelle chinoise. C'est une musique qui utilise énormément de variations et qui n'exige pas beaucoup de la fonction du rythme. C'est une musique qui cherche une harmonie et un sentiment rassurant. Comme la philosophie chinoise, la musique traditionnelle est basée sur l'ensemble de la nature et des êtres humains. Exprimer une idée claire, c'est inhabituel dans la pensée chinoise. Tout est flou et discret. La source d'inspiration vient du fond de coeur. Propos recueillis par Y.E et L.S Contact

Si Mo 06 63 78 72 03 - (attention, Mo n'est plus à Lyon !)

[mo.si@wanadoo.fr->mo.si@wanadoo.fr] Lexique

Ruan : luth grave à quatre cordes et à touche frettée

Guzheng : cithare à cordes pincées

Yangshin : cithare à cordes pincées d'origine persanne

Pipa : luth à quatre cordes et à touche frettée Concert

Du 12 au 16 janvier à Agend'arts Lyon (69)

Réservation : 04 78 28 42 99


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