La Tannerie de Bourg en Bresse
Entretien avec Eric Belkhirat et Anne Huiton de la Tannerie, Scène de Musiques Actuelles (SMAC), de Bourg-en-Bresse et Lionel Rolland de l'association Palavanne.
CMTRA : La Tannerie a ouvert ses portes il y a maintenant trois ans, pouvez-vous nous détailler les grandes étapes de ce projet qui a donné naissance à l'ouverture de cette SMAC à Bourg-en-Bresse ?
Anne Huiton : Nous étions plusieurs associations à programmer dans des styles musicaux très différents, et au moment des avant-dernières municipales nous sommes allés voir chaque liste en leur demandant de s'engager sur l'ouverture d'un lieu. Le PS qui s'était engagé à ouvrir un lieu est “passé” à ces municipales, et on a donc décidé de fédérer nos forces entre les diverses associations pour n'en former plus qu'une qui s'est appelée la “Truffe et les Oreilles”. Malgré un changement de maire aux dernières municipales, le lieu a enfin ouvert ses portes, dix ans après le début du projet.
Quel type de programmation avez-vous mis en place, et plus particulièrement en matière de musiques du monde et musiques traditionnelles ?
Eric Belkhirat : La programmation artistique de la Tannerie est toujours basée sur un triptyque, à savoir proposer un maximum d'ouverture au niveau des musiques actuelles, dans une volonté de proposer à un bassin de population défini qu'est le département de l'Ain, une proposition culturelle variée. Ensuite on a le souhait d'avoir une politique tarifaire basse, pour permettre au plus grand nombre de venir aux concerts, car pour nous c'est le sens même des financements publics qui doivent nous permettre de fonctionner mais aussi donner un accès le plus large possible à la culture. Enfin on travaille avec le territoire départemental et régional via les premières parties. Aujourd'hui, pour chaque thématique on travaille avec des partenaires, parce qu'on a été beaucoup sollicité, et aussi parce qu'on ne peut pas être spécialiste dans tous les courants musicaux, et qu'il est intéressant pour nous de s'entourer d'oreilles complémentaires.
A.H. : En ce qui concerne les musiques du monde, on a collaboré notamment avec les Temps chauds, avec Palavanne et avec l'association Anagath qui travaille sur les musiques indiennes à Chatillon. Ces associations nous sollicitent, et c'est comme ça qu'on arrive à mettre en place des concerts. On a plusieurs projets sur l'année 2005, avec une carte blanche à l'association Palavanne en février, et également en mai avec Les Temps Chauds avec l'implantation d'un chapiteau sur la place de la Vinaigrerie (place située devant la Tannerie) pendant 4 jours avec la venue de David Kracovar et l'idée de mettre en place un cabaret sur le thème des musiques yiddish. Avec Anagath, on a organisé un concert sur la saison dernière avec Chemirani.
Lionel Rolland : On a sollicité la Tannerie pour organiser une soirée le samedi 5 février. On a trois projets qui ont bien avancé et on souhaitait les présenter au public. Le spectacle pour enfant, on le travaille avec des instruments de l'Inde et du monde arabe sous forme d'un conte musical qui retrace le voyage des Rom de l'Inde à l'Andalousie. Notre deuxième projet s'articule autour d'un groupe d'enfants musiciens, dirigé par Hervé Baron professeur à l'école du language musical de Meyzieu, qui travaille avec une danseuse de Baratanatyam, Annie Torre et Cédric du Duo des Marais qui travaille sur les cycles rythmiques en percussions indiennes. Et enfin notre troisième projet c'est Bodhi, avec de nouvelles compositions, accompagné d'un danseur Alain Sallet, qui permet à cette formation d'avoir une meilleure approche du public et d'être moins statique.
Ces musiques du monde restent-elles cantonnées à de la diffusion, ou profitent-elles de la possibilité de résidence ?
E.B. : On est très peu sollicité pour des résidences par ce milieu. Etant généraliste on n'est pas forcément identifié “musique du monde” ou “musique trad”. Mais je pense aussi que c'est un secteur qui gravite moins dans les milieux professionnels, ils sont moins structurés, et ils n'ont pas des personnes pour défendre leurs intérêts comme on peut le voir avec les autres groupes qu'on accueille qui s'entourent bien souvent de managers qui vont être des intermédiaires avec les structures professionnelles.
Comment sont accueillies ces musiques par le public de la Tannerie ?
E.B. : Notre approche a changé en terme de musiques traditionnelles, au départ en 2001 on avait décidé de faire des soirées trad mais malheureusement le public n'a pas suivi. Il faut se rendre à l'évidence, nous n'avons pas le bassin de population de Lyon, ni sa communication. On n'est pas encore un lieu identifié, et on ne maîtrise pas encore le public “trad”. C'est également un public qui reste très fidèle à des lieux de concerts, phénomène que l'on retrouve dans la chanson, où le public se déplace plus difficilement dans des salles qu'ils ne connaissent pas. Donc on a décidé de travailler différemment en développant plus de partenariats et de coproductions. La réalité aussi c'est que les musiques traditionnelles et du monde étaient programmées en priorité par des théâtres et des centres culturels, ça commence à changer, elles commencent à être programmées dans les SMAC, mais l'habitude culturelle a tendance à rester et le public se déplace plus difficilement vers ces nouveaux lieux.
Propos recueillis par L.D.
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