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Lyon châabi

Entretien avec Otmane Yahi.



CMTRA : Otmane Yahi, tu es musicien, tu viens d'Algérie, quelles sont les musiques que tu pratiques?

Otmane Yahi : La musique chaâbi algéroise et la musique arabo-andalouse. “Chaâbi", ça veut dire “peuple", la musique chaâbi, c'est la musique du peuple. Cette musique est née à Alger. Auparavant, il y avait la musique arabo-andalouse, qui était réservée aux familles aisées, c'est une musique “royale". Les gens pauvres n'avaient pas le droit de faire ou d'écouter cette musique, alors ils ont créé la musique populaire, le chaâbi. Le musicien qui a inventé cette musique, c'est Lahlou M'Hamed El Lanka, qui est mort en 1978. Il est parti de la musique arabo-andalouse, et le chaâbi est basé sur les mêmes modes. Quels ont été tes maîtres en chaâbi ?

J'ai appris de Lahlou M'Hamed El Lanka, en l'écoutant. Mon premier instrument c'était le tambourin, quand j'étais gamin. À la maison, il y avait un luth, celui de mon père, et j'ai commencé à gratter dessus, à apprendre les notes, des petites mélodies. Ensuite, quand j'ai eu dix ans, dans les années 70, j'ai été impressionné par le chaâbi, et j'ai appris tout seul, avec des cassettes. Dans quels endroits se joue le chaâbi à cette époque ?

À Alger, on jouait dans des cafés, chez des gens, pour des fêtes. Généralement, ça se passe sur les terrasses. Les gens installent une “tinda", une scène décorée avec des feuilles de palmier, du jasmin, à l'occasion des mariages et des baptêmes. Qu'est-ce qui touche les gens dans le chaâbi, la danse, la fête, les paroles ?

C'est surtout les paroles, les textes. C'est de la poésie, le “quca'id" et la majorité des chanteurs chaâbi chante ce répertoire. Il y a des compositions récentes pour la “chansonnette", mais les textes du chaâbi, ce sont les poésies des anciens, des poètes d'avant. Ils parlent d'amour, de Dieu, du Prophète, de la beauté de la nature. On raconte les situations amoureuses, le désespoir, la misère des gens, la souffrance de la vie, la pauvreté. Tout ça passe par le texte. La majorité des textes est en arabe littéraire, très difficile à traduire, chacun peut comprendre cette poésie à sa façon, il y a plusieurs sens. C'est tellement prenant que les gens qui écoutent vivent la chanson. Quels sont tes instruments ?

Mon instrument préféré, c'est le banjo, et je joue aussi de la mandole. C'est un instrument typiquement algérois. C'est El Hadj M'Hamed El Lanka qui a eu l'idée de l'utiliser pour le chaâbi dans les années 30-40. À Alger, nous avons un bon luthier, Mohamed Chaffa, et tous les deux ont eu l'idée de faire une mandole plus grande que l'instrument qui existait auparavant, la demi-mandole. La grande différence entre le luth et la mandole, c'est que le luth n'a pas de frettes. Avec le luth, on peut jouer le quart de ton, le quart de note. Avec la mandole, c'est impossible, les frettes sont réglées comme pour une guitare, pour la gamme européenne. Le banjo, c'est pareil. C'est une idée du maître, El Hadj M'Hamed El Lanka. Il a marié la mandole et le banjo dans le chaâbi, et ce sont maintenant les instruments essentiels dans cette musique. Quel est l'accord du banjo ?

Ré-La-Ré-Sol-Do-Fa en partant des notes graves. Aucun rapport avec l'accord du oud, Ré-Sol-La-Ré-Sol-Do. Dans le chaâbi, le banjo, c'est le “bras droit" du maître, du chanteur. C'est le banjo qui complète tous les vides dans la musique, et il joue le rôle de la percussion en même temps. Il répond à chaque vers de la chanson, et cette réponse est improvisée dans le grand respect du mode de la mélodie. Il y a environ sept ou huit modes dans le chaâbi. On utilise principalement le mode “ghrib", le mode “sika", le mode “zaïdane", le mode “djarka", le mode “mouel", le mode "sihli" et le mode “raml mâya". Ce sont des modes qu'on retrouve dans la musique arabo-andalouse, sauf que le chaâbi ne connaît pas les quarts de tons. Dans le chaâbi, les parties de banjo sont très virtuoses, très rapides. Quelles sont les principales difficultés techniques ?

C'est principalement la combinaison du doigté et du jeu de médiator. Il faut avoir un bon doigté, mais le jeu de médiator demande une technique à part, qui produit la percussion en même temps. C'est difficile à expliquer. Tout est dans le poignet, pas dans la force. On apprend en jouant. J'ai écouté les grands “bandjonistes" de chez nous, et je me suis construit ma technique à moi. Les grands joueurs de banjo sont Abdelkader, c'est le maestro, et Mohamed Naghib. Ce sont les deux plus grands, mais le dernier a arrêté complètement, il est rentré dans la religion. Et il y a les gens de ma génération. Quel type de cordes utilises-tu pour le banjo ?

Je prends des cordes très dures, de marque Argentine, ce sont des cordes pour guitare acoustique, qui sonnent bien sur le banjo. Je les change presque à chaque concert. Est-ce que tu écris des paroles ?

Non, pas encore, je ne me suis jamais concentré sur ça. Je choisis les chansons que j'ai apprises pour leur beauté. Propos recueillis par J.B. Retrouvez le Chaabi dans les lettres [n°35->article823], [n°48->article366], [n°52->article298], [n°62->article207] Concerts

7 et 8 janvier à 20h30 et le 9 janvier à 18h

Otmane Yahi à Agend'Arts Lyon (69)

Réservation : 04 78 28 42 99



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