CMTRA : De quel façon définiriez vous
le groupe, quand et comment
a-t-il démarré ? Le projet, la formation
sont-ils les mêmes depuis le
début ?
Joan : Leitmotiv est un groupe qui a
pas mal évolué au fil des années.
Démarré comme un groupe à guincher
au « Café l'Harmonie » en 2001, il est
peu à peu devenu un groupe centré
autour de l'écriture. Après une phase à
neuf musiciens (celle du premier
album) l'équipe s'est resserré à cinq
musiciens dont un nouveau batteur
(BOB).
Le projet a évolué en même temps que
les personnes qui le constituent mais il
a toujours été et restera toujours centré
autour de la création. J’ai l’impression
secrète que Leitmotiv cultive la
contradiction : comment faire coexister
des univers que tout oppose a
priori. Cela se retrouve souvent dans
nos discussions. Mais cela force le respect.
David : Oui nous aimons aborder
l’univers de l’expérimentation, et de la
recherche en essayant de rester simple.
Nous nous professionnalisons aussi au
sein d’une structure associative « C’est
pas des manières », qui tente d’évoluer
dans un univers de plus en plus hostile
à la création et qui se bat pour créer
des événements culturels gratuits tout
en produisant des artistes.
Peut-on parler d'un groupe ou plutôt
d'un auteur-compositeur avec
des musiciens ? Comment cela se
passe-t-il durant les compositions ?
Joan : Leitmotiv est définitivement un
groupe. Nous travaillons ensemble, en
équipe. Et même s'il refuse lui même
cette place, David Suissa en est le leader,
tout du moins l'âme. Il écrit la plupart
des textes et des musiques. Tout le
monde suggère, cisèle, enlève, rajoute,
mais le plus souvent la base musicale
émane de David..
David : Oui bien sûr, j’apporte un peu
plus de compos parce que, comme me
le répète souvent Gg Lamoroso - sax
tenor-, je fais ma thérapie en musique,
et dans ce groupe, quand je vois le
monde tout noir et tout pourri il me
dit « écris, allez écris !! ». Mais mon
souhait c’est que nous trouvions, progressivement,
chacun notre place pour
écrire ensemble. De la composition
spontanée, qui ne repose ni sur du
blues ni sur aucune musique traditionnelle
ou improvisée, mais sur toutes.
Que nous ayons notre propre langage.
Une espèce de musique traditionnelle
d’aujourd’hui. C’est quoi la musique
trad. d’aujourd’hui ? C’est Francis,
chanson de notre premier album ?
Utopie prétentieuse ? Doux rêve d’alchimie
« orgiesque » et sonore ? Faut
que j’en parle à Louis Cahut du « bus
rouge » lui aura une réponse.
Vous venez de sortir un album.
Répond-il à vos attentes ? Comment
définiriez-vous votre répertoire
musical ?
Joan : On est toujours content de sortir
un album : il représente tant d'envie et
de travail. On est toujours déçu de sortir
un album : on se dit toujours qu'on
aurait pu mieux faire. La dernière fois
que je l'ai écouté, j'ai trouvé dommage
qu'il n'y ait pas de ballade. Notre répertoire
c'est du rock en dentelle clouté.
David : Oui c’est un deuil et une naissance.
Que faîtes-vous ensemble dans Leitmotiv
? Pourquoi la scène ?
Joan : Ensemble, on mange des pâtes,
on boit des coups, on fume des sbious,
pas l'grand méchant loup, la classe en
costard à l’aise en basket...(cf. Tristan
du premier album « Des muses et des
erreurs ») On s'apprécie, on se respecte.
On est sur scène pour faire de
la musique face à des gens.
David : Ensemble on se laisse bercer
par la musique. Toutes nos vies tournent
autour d’elle. Nous essayons
aussi de défendre que la musique n’est
pas que star système et besoin de
séduction « égotripé ». Elle éblouit
tout, elle est notre philosophie. Et
notre façon d’appréhender le monde
passe par elle. J’ai lu dans un bouquin
de Ann Cheng « Histoire de la pensée
chinoise » que Confucius mettait sur
un même piédestal la religion, la politique
et la musique, je trouve cette idée
encore d’actualité même si la religion
et la politique ont fait des morts alors
que la musique pas encore…
Quels sont les projets actuels de
Leitmotiv ? Quelles perspectives
pour 2008 ?
Joan : Pour l’instant on s’active autour
de la sortie de cet album : faire le plus
de dates possibles, faire tourner le son,
rencontrer des gens. Aplus long terme,
on pense déjà à un autre album, une
autre musique.
David : Bien préparer la tournée de
sortie d’album, concert Parisien dont
l’Européen avec les Doigts de
l’homme en mai et Bourges en avril.
Tout en espérant que le public est
chaud pour guincher lors de nos
concerts estivaux de juillet et août !!
Je préciserais pour ceux qui ne le comprennent
pas forcément qu’il faut
acheter notre album, car en tant qu’indépendant
c’est notre seul moyen de
revenu. Les droits Sacem allant principalement
vers l’audio visuel et le star
système. Donc si vous aimez à imaginer
un monde où l’on vous propose
une culture qui expérimente, qui ose,
qui parle librement, t’achète ! Si tu
veux un monde en fanfares moyenâgeuses
de « Rouge ta chabette », qui
côtoie le hip hop des « Gourmets » ou
des projets ambitieux et fou parce que
plein de musiciens, comme le « very
big toubifri orchestra » ou « Miss goulash
», tu te lèves et tu te bats. Et ainsi
tu iras calme et tranquille un peu plus
loin dans ta vie…
Propos recueillis par C.D.
Contact :
---------
Article réalisé en partenariat avec Tagada Tsoin Tsoin, antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges.