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Musiques d'ici et d'ailleurs

CMTRA : Sans l’avoir initié, vous avez rendu possible toutes les deux la réalisation de DVD sur les musiques de la Côtière (“Musiques d’ici et d’ailleurs”)

Claire Marinoni : Lorsque nous sommes arrivées, nous avions eu l’information sur le collectage, nous savions que des collectes avaient été réalisées, que des sons et des images avaient été pris, par contre, la forme que pourrait prendre l’objet de restitution de ce travail n’était pas encore déterminée. Il nous a semblé qu’il serait intéressant de réfléchir à quelque chose que l’on pourrait transmettre, qui ait un intérêt pédagogique. Nous avons rencontré l’équipe du CMTRA et nous avons finalement convenu qu’il était plus intéressant de réaliser un DVD pédagogique, puisque nous destinions cet objet au public des musiciens intervenants avant tout. Dans ce département, nous avons la chance d’avoir un grand nombre de musiciens intervenants qui, en plus, sont dans une bonne dynamique de projets. Nous leur en avons parlé, Elise a rencontré le réseau que nous sommes maintenant chargés d’accompagner, dans le cadre du schéma départemental et le projet les a beaucoup intéressés. Il a ensuite fallu convaincre notre Conseil d’Administration de trouver les moyens suffisants pour achever le projet…

Elise Brenon : La plupart des musiciens intervenants du réseau ont déjà une activité liée aux musiques traditionnelles dans leurs écoles. Ce qu’ils ont trouvé intéressant dans cet outil-là, c’est qu’il contient à la fois de la matière à faire écouter et visionner aux élèves et d’autres éléments plus difficiles d’accès mais qui peuvent les aider dans leurs préparations de projets, ouvrir des portes à d’autres recherches et poser un questionnement sur des instruments, des répertoires, des trajectoires et des cultures. Ça leur a semblé intéressant à la fois pour ceux qui n’avaient pas vraiment abordé le monde des musiques traditionnelles, pour avoir des premiers éléments. Pour les autres, les initiés, il propose un contenu et des pistes pour aller un peu plus loin. De notre côté, nous ne pouvons pas les obliger à l’utiliser, mais nous espérons qu’il fera germer de nouveaux projets. Libre à eux de s’en emparer, soit comme média auprès des élèves, soit pour leur culture personnelle. Notre principal souci était de faire en sorte que toute la matière recueillie ne soit pas perdue. Par ailleurs, il y a quelques classes de musiques traditionnelles qui s’ouvrent dans des écoles de musiques donc ça peut aussi donner des idées. Nous avons par ailleurs sur notre territoire un festival de musiques traditionnelles et du monde de grande qualité, « les Temps chauds ». Il se trouve que c’est un département qui possède un fort potentiel au niveau de ces musiques-là. Cet outil peut permettre de faire un lien entre toutes ces ressources.

Comment ce projet s’inscrit-il dans la philosophie défendue par l’Addim et dans les objectifs que vous poursuivez ?

CM : L’Addim est un outil d’aménagement culturel du territoire, au niveau du département. Plusieurs outils sont mobilisés : la formation des équipes pédagogiques, des enseignants, des directeurs, la formation des musiciens intervenants, la formation dans le domaine amateur également. Depuis un an et demi, on a commencé à programmer des conférences dansées qui sont des moments de rencontre entre la pédagogie et la création. Nous avons également des formations dédiées aux bénévoles des associations culturelles et, depuis peu, une tentative de formation destinée aux élus, concernant l’organisation de concerts, des choses qui touchent à leur quotidien. Au niveau de l’information, nous travaillons avec une base de donnée commune à beaucoup d’associations départementales ou régionales qui s’appelle RMD, qui nous permet de recenser pratiquement tous les acteurs culturels du département. Nous avons également un agenda culturel qui fait état des diverses programmations du département. Nous avons un dispositif nommé Patrimoines en musiques, qui labellise des manifestations culturelles dans le domaine du spectacle vivant, qui ont lieu dans des lieux patrimoniaux. Tous ces outils ont donc été créés en fonction de cet objectif d’aménagement culturel dans des esthétiques qui sont très variées, dans le domaine de la musique, la danse, le spectacle vivant, les arts de la rue et les arts de la piste. Un outil pédagogique comme celui-ci a donc, bien entendu, toute sa place au sein de notre structure et nous sommes d’ailleurs en réflexion constante par rapport aux supports et aux outils nous permettant de remplir nos missions puisqu’ils doivent être en perpétuelle interrogation et renouvellement. Il ne s’agit pas de programmer uniquement des formations ou des conférences mais bien de choisir les outils les plus adaptés au public pour faciliter l’accès aux oeuvres.

Est-ce qu’il ne s’agit pas aussi de favoriser la découverte culturelle par le biais de la musique et de sensibiliser les enfants à la diversité culturelle ?

CM : En effet. Notre philosophie est de donner accès aux oeuvres et à la culture pour tous. Un support qui a trait aux musiques traditionnelles comme celuici, c’est une magnifique occasion de rencontre et nous sommes bien entendu très attachés à les développer.

EB : C’est ce qui fait l’intérêt de cet outil, c’est que c’est à la fois un support musical et un outil de restitution de collectes qui aborde la question des mémoires, des cultures et leur rencontre… C’est ce qui en fait la richesse pédagogique. C’est aussi le métier des musiciens intervenants que de sensibiliser et ouvrir aux autres cultures dans les écoles. Grâce à cet outil, nous espérons que ça sera plus facile, moins abstrait pour eux d’expliquer que dans leur département il y a aussi ces cultures- là et que ça fait partie de leur patrimoine culturel.

CM : Il y a une très grande diversité de cultures dans ce département et c’est important qu’on le dise, qu’on le valorise. Lorsque l’on parle de musiques traditionnelles dans la région, on a des images assez stéréotypées, alors que c’est une richesse incroyable, il y a énormément de pays qui sont représentés, énormément d’esthétiques, d’époques et c’est vrai que pour nous c’est une très grande chance. Maintenant il faut que les acteurs fassent vivre cet objet.

Propos recueillis par Y.E.


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