Allez Hop ! Danse sur le piano
CMTRA : Quel est donc votre projet
de bal au piano ?
Danse sur le piano ! est un projet qui
propose une musique à danser nouvelle
qui intègre le piano, instrument
assez rare dans les musiques traditionnelles.
Il y a une part d’exploration
de la musique à danser, grâce à des
rencontres avec des musiciens traditionnels
: Eric Dupuis à la clarinette,
Sandrine à la flûte, Le Bal En Chantier
qui est un groupe de musique à danser
de Montpellier, Marc à la vielle à
roue… Ces musiciens sont les garants
de ce répertoire-là… Et puis d’autre
part, je propose des compositions personnelles
pour certains types de
danses.
Quand vous parlez de rencontres :
ce sont des rencontres sur scène, en
création…
La première étape, avec ces musiciens,
se fait par la réalisation scénique.
Parfois je joue en piano solo, parfois
en duo avec Eric à la clarinette, parfois
en trio … Il y a des réalisations autour
de formules différentes. La deuxième
étape va être l’enregistrement d’un
album, qui sera le résultat de toutes ces
rencontres-là.
D’autre part, j’ai aussi convié des
musiciens qui ne viennent pas du
milieu des musiques traditionnelles :
Micromachine, qui est un groupe électro,
Free qui est un groupe de rock. Je
leur ai aussi proposé un répertoire de
musiques à danser. Donc on travaille
avec ces instruments nouveaux :
machines, batterie (ça n’est pas très
nouveau), guitare électrique…
Sur le disque il y aura aussi un morceau
piano-violon-violoncelle, plutôt
inspiré de la musique de chambre, là
ce sera pour le coup une mazurka très
écrite.
Pour ce projet, on a eu envie de tenter
plein d’expériences, des esthétiques
différentes : c’est comme un petit laboratoire.
En gardant toujours l’idée que c’est
une musique à danser – ou parfois
seulement à écouter ?
C’est toujours de la musique à danser.
Donc on travaille en priorité la
musique pour la danse. Mais aussi
avec un soucis esthétique, qu’elle soit
agréable à écouter.
Comment êtes-vous tombé dans les
musiques traditionnelles et les
musiques à danser ?
J’ai appris le piano par le jazz, le classique.
Par ailleurs, j’ai toujours apprécié
des musiques très différentes. Et il
y a 5 ans j’ai découvert à Lyon le
milieu trad, folk : j’ai arpenté les
boeufs trad, puis les bals, ensuite les
stages de danse, les festivals…
J’ai découvert dans les bals une façon
différente d’appréhender la musique ;
ce caractère de la danse partagée avec
des musiciens me correspond
vraiment.
Pratiquer la danse est pour moi le
meilleur moyen d’apprendre la
musique en la vivant corporellement.
D’ailleurs, j’interprète uniquement des
danses que je sais danser, pour être sûr
de connaître les impulsions, les
accents… Je me situe dans une
démarche d’apprentissage permanente
où je suis toujours à l’écoute de ce que
les danseurs ont à dire. Et c’est aussi
grâce aux musiciens avec qui je joue,
qui ont une expérience des musiques
trad, que j’approfondis mes connaissances.
Jouer en bal trad sur un piano, c’est
particulier…
Oui, mais je pense que si on se donne
les moyens, techniquement on peut
tout interpréter. Bartok a fait des
choses très réussies pour piano !
C’est vrai que dans les bals certaines
personnes attendent la vielle à roue, le
violon, ils n’ont pas l’habitude de danser
sur le piano, c’est une chose trop
nouvelle. Pour d’autres personnes
cette innovation est une bonne idée, ils
ont pris du plaisir à danser sur le piano.
Mais ce qui est rassurant, c’est que la
piste de danse ne désemplit pas, au
contraire ! Il y a eu un moment très
fort, aux Trad’Hivernales de Sommières,
où j’ai joué – en solo ! - après
le groupe qui faisait beaucoup de bruit.
Et malgré mon appréhension, le piano
a été une respiration dans la soirée qui
a beaucoup plu aux danseurs. C’était
un moment plus calme, aéré…
Propos recueillis par F.L.