Amrat Hussain Trio
Originaire de la région du Rajasthan,
Amrat Hussain a grandi dans la tradition
de la poésie et de la musique classique
indienne. « Dans ma famille on
est musicien depuis 7 générations,
mon arrière grand père était le chef
d’orchestre du maradja à Jaipur. Chez
nous l’enfant est mis très tôt au contact
de différents instruments, ce premier
rapport ludique l’aide à faire un choix ».
Amrat se tourne vers les tablas dont il
débute l’apprentissage à 5 ans auprès
de son grand père. Cette étude intensive
le conduit à devenir musicien professionnel
dès l’âge de 12 ans. Un an
plus tard, il réalise son premier concert
pour la télévision nationale indienne,
il est donc très tôt en contact avec la
scène et les tournées. Il décide alors de
« faire connaître sa culture hors de
l’Inde » en créant avec son frère The
Dhoad Gypsies From Rajasthan,
mélange de musique classique traditionnelle
et gitane. Première expérience
de métissage culturel où se
côtoient musiciens, danseurs et fakir.
C’est avec cette formation qu’il parcourt
aujourd’hui encore le monde.
Après une période de 3 ans passée à
Rome où il joue avec des musiciens du
monde entier, Amrat Hussain arrive en
France. C’est à Lyon qu’il rencontre le
batteur Gregory Jouandon (lauréat
Suivez le jazz en 2005 avec Joachim
Expert Quintet et en 2007 avec Stéphane
Horton Trio). Dès les premiers
échanges, une vraie complicité naît
entre les deux hommes «on a commencé
à jouer et c’était comme si on
se connaissait depuis très longtemps ».
Il y a deux ans, le guitariste Yves Perrin
vient compléter la formation. Sa
pratique du jazz vient enrichir la sonorité
du groupe.
A la croisée des influences entre jazz
et musique indienne le trio opère une
vraie fusion. « Il y a surtout des créations,
chacun apporte son univers puis
on retravaille tous ensemble, c’est
quelque part la création du groupe, qui
se développe en permanence ». La tradition
indienne s’adapte pour laisser la
part belle à l’improvisation. Dans une
composition comme Complete Rythm
la tournure des cycles prend une tout
autre couleur où les khali et sam sont
volontairement joués et interprétés
comme les autres talis*. Des chants
indiens sont aussi directement adaptés,
le raga devient un reggae indien dans
« Ao Gi », le groove s’installe dans la
tradition. « Dans ce cas, on part avec
une base, après on développe notre
émotion, sans rester vraiment dans le
traditionnel ». La synthèse est effectuée
avec une volonté de tranculturalité,
l’expérimentation est au service
d’un dépassement de la tradition. Un
monde musical nouveau s’offre à l’auditeur,
les sonorités douces et énergiques
amènent une atmosphère méditative.
Une nappe sonore enveloppe
le public pour une expérience sensorielle
envoûtante. « Quand on joue
ensemble sur scène, le public sent bien
que nous éprouvons du plaisir, nous
vivons vraiment notre musique, notre
feeling vient de la complicité et de
notre créativité ». Amrat Hussain toujours
en quête de rencontres rêve
maintenant de faire découvrir sa
musique en Inde.
Propos recueillis par P.B. et V.B.
* Les « talis » sont les temps forts d’une
phrase musicale, ils sont donc accentués. Les
« khalis » sont les temps faibles, le
percussionniste ne les accentue pas, il étouffe
la résonance naturelle de son instrument.
Source The Essential Guide to Starting on
Tabla de Pete Lockett.