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Espace culturel Mésopotamie

Entretien avec Mehmet Dogan, président de l'association Kurde "Espace Culturel Mésopotamie" située dans le 7ème arrondissement de Lyon Mehmet Dogan : L'association a pour but de permettre aux Kurdes du Rhône de s'émanciper socialement et d'avoir accès à la culture kurde, à l'enseignement de la langue. La plupart des Kurdes d'ici vivent dans les cités de la banlieue lyonnaise. Ce local nous permet de nous retrouver tous les jours et d'accueillir des personnes d'autres origines, nous sommes ouvert à tout le monde ! Nous sommes en contact avec des associations du quartier, dont certaines utilisent le local, et cherchons à créer d'autres contacts, notamment pour organiser des soirées où différentes cultures se rencontrent : le Kurdistan et l'Espagne, l'Arménie, l'Italie, Israël... cela est en cours. Quel est ton parcours ?

Je suis venu à Lyon pour créer mon restaurant, et cela me tenait à coeur qu'une structure réponde aux besoins des Kurdes. J'ai fait appel à quelques personnes qui voulaient m'aider et notamment à la Fédération Kurde de France pour déposer les statuts d'une association, et une fois celle-ci créée, nous avons été écoutés. Ensuite j'ai été élu président. Quelles sont les activités de l'association ?

Nous avons deux groupes de musique qui répètent et se produisent, un groupe de danses folkloriques qui se réunit en atelier les dimanches après-midi, des cours de français et de kurde, un groupe de théâtre en kurde et en turc. Il y a des cours de saz et des tournois de billard. Tous les mois nous organisons des soirées à thème, sur différentes régions du Kurdistan. Ce sont des groupes de musique traditionnelle ?

Oui, mais de différents styles. Il s'agit essentiellement de reprises de morceaux traditionnels, des musiques de danse, de mariage. Les gens viennent ici pour danser mais on aimerait monter un répertoire de musique d'écoute. Mon groupe (Rûmet) fait de la musique plus à l'occidentale, en introduisant des instruments occidentaux. Les morceaux sont des chansons écrites avec plusieurs couplets, l'improvisation se fait par rapport à l'ordre et la répétition des couplets. La base des textes et du rythme est posée à l'avance et selon l'ambiance, on reprend un couplet, on accélère... Les chansons parlent essentiellement d'amour, du Kurdistan, des soucis du quotidien. On reconnaît leur région d'origine selon la rythmique ou la mélodie. Peux-tu nous parler des instruments de la musique kurde ?

Les instruments les plus typiques du Kurdistan sont le saz (tembûr en kurde) et la flûte ney, mey ou la flûte à bec. Le synthétiseur est très utilisé car il contient et peut diffuser plusieurs instruments pré-enregistrés. La zurna (instrument à anche simple) et le davul (tambour à deux faces), instruments traditionnels, sont particulièrement utilisés lors des mariages. L'orchestre aujourd'hui est composé d'un synthé, d'un saz et d'un chanteur mais dans les villages, quand les gens se retrouvent pour les fêtes, c'est avec la zurna et le davul. Les danses sont différentes selon les régions, il en existe beaucoup. As-tu une idée du nombre de Kurdes exilés dans le monde et en France ?

On pense que dans le monde entier il y a 40 millions de Kurdes dont 30 ou 35 millions sont au Kurdistan et surtout en Turquie (15 millions). En Irak il y en aurait 5 ou 6 millions (chiffres de l'Institut Kurde de Berlin). Il y en a beaucoup dans les ex-Républiques de l'Union Soviétique, il y en aurait 1 million en Russie même.

En Europe, la plus grande communauté est en Allemagne... On en trouve même au Japon ! C'est une vrai diaspora. Depuis quelques années, le Kurdistan se vide. C'est triste de voir ces gens obligés de quitter leur terre. En France il y avait 50 000 kurdes en 1995 dont 200 à 500 foyers dans l'agglomération lyonnaise et le Rhône. Ces chiffres sont des estimations de l'Institut. Quelle est la situation des Kurdes en France ?

L'immigration kurde en France a commencé dans les années 70, il y a eu plusieurs vagues.

Aujourd'hui la plupart des Kurdes sont régularisés, même si certains sont en demande de régularisation. La grande majorité d'entre nous a le statut de réfugié politique, ils ont été obligés de fuir. Il y a des personnes de l'association qui ont connu des situations terribles. Des fois, on a du mal à y croire. La musique et la danse ont l'air d'être très importantes pour le peuple Kurde ?

Un archéologue allemand du XVIIIe siècle en visite au Kurdistan a dit que les Kurdes étaient le peuple le plus naïf du monde et les plus grands poètes du monde. On se dit toujours que si on en est là aujourd'hui, c'est parce que l'on a passé trop de temps à faire de la musique et à danser, et pas donné la priorité aux choses importantes.

La musique a beaucoup contribué à la transmission de la culture. Les dengbêj (de “bêj”, dire et “deng” la voix) sont des chanteurs qui peuvent chanter pendant des heures et des heures sans s'arrêter, en improvisant des chants,ce sont ceux qui disent par la voix. Ils parcouraient tout le Kurdistan, comme des messagers, de village en village, en racontant par le chant. Propos recueillis par Y.E. Contact

Espace Culturel Mésopotamie rue Mazagran 69007 LYON

Tél. / Fax. : 04 78 72 54 08


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