Asiyèlé
Création autour des répertoires afro-cubains
Entretien avec Raphaèle Frey-Maibach
CMTRA : Comment ce projet est-il né ?
Rahaèle Frey-Maibach : le projet est né à l'Ecole de Musique Municipale Agréée de Saint Priest dans le cadre d'une collaboration entre mes ateliers de percussions et les classes de formation musicale. Une sorte de club d'aficionados s'est détaché du grand groupe, et a suivi des séances plus régulières avec ma collègue F. Dubier.
Ce travail a abouti à un spectacle avec le groupe Habla'Tambores. Dès lors, les élèves se sont investis à fond pour le projet d'échange avec Cuba. Nous avons nommé le groupe “El Payande”, réalisé un CD, et produit “Asiyèlé” au Centre Culturel Théo Argence le 17 décembre 2003.
Qui sont les participants de ce projet ?
Il y a 13 percussionnistes et 13 chanteurs sur scène, certains ont une formation classique complète, d'autres suivent un cursus libre. Les chanteurs ont un rôle très actif ; il y a une interprétation globale avec un pas de base, ou une chorégraphie. Ce qui est intéressant c'est qu'il y a une connexion dans les deux sens : les musiciens classiques éprouvent d'autres méthodes d'apprentissage, et certains adultes se sont inscrits en formation musicale classique car ils ont eu envie d'en savoir plus. Cet atelier a tout son sens dans l'école.
La transversalité est importante dans ce projet, qui fédère ados/adultes, écrit/oral, professionnels/amateurs, culture afro-cubaine/culture occidentale, comment s'unissent tous ces éléments ?
Il y a eu une grande curiosité de part et d'autre dès le départ. Les jeunes sont passionnés par la musique, cette culture leur a plu et ils ont eu envie d'explorer ce nouveau mode d'expression. Les adultes ne sont pas en reste. Tous sont autonomes, ce qui est important dans cette musique où chacun est responsable de la “ tourne ”. Ils sont impliqués dans la création, choisissent le traitement sonore des rythmes et réalisent les arrangements. Il y a deux plans : une partie traditionnelle cubaine et l'autre plus proche de ce qu'ils sont. Les cultures et les personnes cohabitent musicalement dans le plus grand respect.
Qu'allez-vous proposer dans la rencontre avec Cuba ?
Les participants sont très conscients qu'ils proposent une réinterprétation de ce répertoire, et de ce qu'ils ont pu en comprendre. On propose notre manière de ressentir et de vivre les choses ici. Pour nous ces répertoires sont un outil de création artistique. Cette forme existe à Cuba, les expressions traditionnelles ont été décontextualisées et mises en scène pour montrer la richesse culturelle du peuple : il y a une prise de distance par rapport à la réalité. Nous proposons notre propre mise en scène.
Tu dis que les pas sont en rapport avec les paroles des chants, de quoi parlent ces chansons ?
Cela parle par exemple de la femme heureuse, que nous avons extrapolé à l'Afrique heureuse ; de la chasse, avec un chant pour Ochosi (divinité yoruba de la chasse) ; les chorégraphies peuvent être très explicites, comme celle sur l'esclavage où l'on montre clairement les chaînes, et celle de la libération où on s'en débarrasse...
Où en est la réalisation du projet ?
Nous continuons à augmenter nos recettes propres (vente de CD, spectacle, interventions), en attendant les réponses aux dossiers de subventions que nous avons déposés. Nous voudrions partir à la Toussaint 2004.
Quels sont vos contacts à Cuba ?
Nous avons un contact avec la Banda de Santiago de Cuba, et avec une école de musique qui nous accueillerait. Nous serions dans les meilleures conditions pour rencontrer des artistes cubains. Nous présenterions notre spectacle, et nous avons un projet d'échange avec un groupe de jeunes d'un quartier défavorisé.
Ici et maintenant, quelles sont les attentes par rapport au voyage à Cuba ?
Pour le moment nous n'en avons pas trop parlé, car il y a beaucoup d'incertitudes. Personnellement, je suis très curieuse de voir quelle va être la réaction du public cubain, comment ils vont ressentir et recevoir “ Asiyélè ”. Les digressions que nous nous autorisons ne sont pas fréquentes là-bas. Nous avions l'idée d'un travail commun, ce sera fonction de leur réaction à notre spectacle. Je souhaite vivement que cet échange soit possible.
Propos recueillis par P.D.J
Contact
Raphaèle Frey-Maibach,
Maison de la Musique, Saint-Priest
04 78 20 03 22
Les acteurs du projet
Ville de Saint Priest
Maison de la Musique
Association Obatala pour la promotion et la diffusion des musiques traditionnelles afro-cubaines
Ambassade de Cuba
Discographie
El Payande
“Par” pour Cuba
CD produit par l'association Obatala pour soutenir le projet d'échange culturel avec Cuba des élèves de l'EMMA de
Saint-Priest (15 €)
[gerardfrey@numericable.fr->gerardfrey@numericable.fr]