16. Billet d'humeur
par Jean-François Vrod, président du Collectif des Professionnels en Musiques et Danses Traditionnelles (CPMDT)
Comme on me demande d’être rapide et concis
sur ce sujet qui nous est vital, j’irai donc à
grands traits à l’essentiel.
Vu de notre fenêtre, le milieu de la diffusion de
nos musiques se présente en différentes strates,
ainsi :
- Un milieu associatif qui dans le meilleur des
cas cherche une reconnaissance institutionnelle
via des aides, tout en proposant des modèles
de soirée qui ferait fuir n’importe quel responsable
culturel ou personne de l’extérieur, tant
les canons d’une soirée de diffusion d’un évènement
public sont largement en dessous du
strict minimum en matière de lumières, son,
accueil public et disons, le parfois aussi de prestation
musicale, et qui, dans le pire des cas met
sur un pied d’égalité des prestations amateurs
et professionnelles. Soyons clairs, je ne parle
pas ici de qualité musicale… On ne peut pas tout
excuser sous prétexte d’une diffusion conviviale de
proximité.
- Un réseau de Smacs qui pour la plupart ont
oublié ou n’ont jamais su que les musiques traditionnelles
font partie des musiques actuelles.
Le régulateur tout désigné de cette situation est
bien sûr celui qui finance ces structures. Saurat-
il le faire ou se défaussera-t-il jusqu’à l’hérésie
de ses responsabilités comme il semble en
prendre le chemin ? À suivre.
- En ce qui concerne le premier cercle de diffuseurs
institutionnels (scènes nationales,
conventionnées…) nous constaterons simplement
que le syndrome Avignonesque produit
une indéfectible frilosité et une perte chronique
de curiosité en matière de spectacle vivant.
N’y a-t-il donc que dans la cité des papes où
l’on puisse découvrir des spectacles de qualité ?
N’y a-t-il donc qu’à Super U où je puisse acheter
à manger et être alors définitivement
condamné à consommer ce que tout le monde
mange ?
- Quand à la structuration d’un réseau national
de diffusion de nos musiques, malgré 20
ans d’institutionnalisation de ce secteur musical
et des demandes répétées des artistes, il
reste « embryonnaire ».
Dans cette description volontairement caricaturale,
les responsabilités sont partagées et loin
de moi l’idée de penser que les musiciens professionnels
n’ont pas à en assumer une partie.
Fort heureusement, dans tout cela, il y a des
exceptions. C’est dans ces marges que nous travaillons,
ici une association volontaire, là un
directeur de théâtre sensible à nos esthétiques,
ici encore des élus régionaux, départementaux
ou municipaux qui ont toujours foi en les pouvoirs
de la diffusion culturelle décentralisée de
qualité, et enfin quelques festivals ou lieux qui
ont fait vocation de défendre création et diffusion
de ce secteur musical.
Dernier motif de réjouissance, les attaques en
règle contre les intermittents nous font craindre
pour l’émergence d’une nouvelle génération
d’artistes dans ce secteur….
A part ça, tout va bien merci.