Boutique Mon compte
page facebook du CMTRA page twitter du CMTRA page youtube du CMTRA
accueil > nos actions > lettres d'information > lettre d'information n°68 > lettres d'information > 19. le chantier de correns Adhérer
menu
page facebook du CMTRA page twitter du CMTRA page youtube du CMTRA

19. Le Chantier de Correns
Centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde

Entretien avec Françoise Dastrevigne, directrice du Chantier de Correns (83).

CMTRA : Le Chantier constitue une initiative originale dans l’hexagone. Comment a t’il été créé ? Quels sont les axes de son projet ?

Le projet du Chantier est né en 2002. Quand je suis arrivée à l’ADIAM 83, j’ai découvert les activités de Miquèu Montanaro et de son association, basée à Correns. J’y ai décelé une perspective extraordinaire, Montanaro étant une figure emblématique sur le plan de la création dans le champ des nouvelles musiques traditionnelles. L’association portait alors plusieurs activités notamment autour des pratiques vocales et un festival. Il y avait là un tissu d’initiatives et de projets qui représentaient un fort potentiel. Le projet du Chantier est né de la valorisation de ces activités, avec le désir affirmé de créer un lieu dédié à la création dans le champ esthétique des nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde.

Nous avons réuni les tutelles (DRAC, Région, Pays de la Provence Verte*, commune) qui ont choisi de soutenir le projet. Le maire de Correns et son conseil municipal ont dédié un fort du XIIème siècle à ce pari où nous avons actuellement des bureaux, un studio de répétition, une salle d’exposition qu’on transforme régulièrement en un espace de spectacle (100 personnes). Pour la conception du projet, je me suis appuyée sur les missions des centres nationaux de création musicale. Les activités du Chantier se déclinent en cinq grands axes : les résidences de création et l’accueil d’artistes, une mission de diffusion avec un festival, des activités de recherche et de réflexion, des opérations de sensibilisation et de médiation culturelle, notamment auprès des publics scolaires et enfin, le développement de la pratique amateur.

L’année 2007 a été une année de changement car Miquèu Montanaro a autonomisé sa Compagnie et a passé la main pour la direction artistique.

Comment le Chantier choisit-il les artistes qu’il accueille en résidence ? Et comment sont-elles construites ?

Pour les résidences, soit des artistes nous sollicitent, soit je vais au devant de musiciens en leur demandant ce qu’ils ont en projet. J’arbitre ensuite en fonction de la pertinence des projets. Ainsi pour 2008, j’ai retenu des projets d’artistes de la région, un projet porté par un jeune artiste, des projets nationaux et internationaux.

On peut accueillir les artistes pour une semaine ou quinze jours. Chaque fois qu’un artiste est en résidence, en résulte un moment de présentation au public. Au cours de ces « étapes musicales » les artistes racontent leur genèse artistique et font écouter leur travail en création. Sans trop communiquer, on atteint un public de cent personnes, performance très acceptable en milieu rural. Ces étapes musicales sont également adaptées aux enfants dans le cadre d’opérations spécifiques. Nous développons également des classes à PAC** ; il s’agit là d’un travail beaucoup plus régulier avec un musicien intervenant qui vient 15 heures sur l’année. Nous travaillons également en lien avec l’Education nationale pour développer des formations auprès des instituteurs. Nous avons proposé dans le cadre des formations Education nationale de monter un programme spécifique aussi aux nouvelles musiques traditionnelles.

Sur quels points pensez vous qu’il est nécessaire de travailler dans le domaine de la diffusion ?

En travaillant sur le programme des résidences, j’ai mesuré à quel point les musiciens n’avaient pas l’habitude de solliciter un accueil en résidence. Pour eux, ce sont là des démarches professionnelles peu ancrées dans la culture du réseau. Je n’ai pas encore vu par exemple un artiste qui frappe à la porte pour monter une coproduction avec d’autres lieux, excepté chez quelques agents peut-être. Nous avons à encourager et à accompagner le développement de ce type de démarches. Un des moyens qui me semble des plus adéquats est de développer au maximum la notion de « compagnie musicale » et d’aider les artistes à la structuration sous cette forme. En région PACA, nous avons trois compagnies conventionnées, La Compagnie du Lamparo de Manu Théron avec le Cor de la Plana ; celle de Miquèu Montanaro et celle de Patrick Vaillant, qui est en passe de l’être. Ce dispositif permet de disposer de financements croisés. Par ailleurs, un dispositif d’aides à l’emploi d’agents de développement culturels permet dans notre région, de créer des postes pour accompagner ces compagnies sur le plan administratif. Ces dispositifs ayant permis « d’amorcer la pompe » et de développer une économie, certaines compagnies ont désormais plusieurs salariés. C’est un axe de développement qu’il serait idéal de généraliser dans l’ensemble des régions de France, comme cela peut-être le cas en théâtre ou en danse. Quand on pense, par exemple, que les trois plus grands viellistes en France (Valentin Clastrier, Gilles Chabenat et Patrick Bouffard) n’ont aucune structure qui s’occupe d’eux, cela laisse perplexe. De même, il est très important que l’on fasse acte de pédagogie autour des musiques traditionnelles, pour gagner de nouveaux publics ou circuits de diffusion, pour créer une meilleure lisibilité. Par rapport au réseau généraliste des scènes nationales, conventionnées (…), nous avons un rôle à jouer. Lors d’une récente rencontre organisée par Zone Franche, la directrice du festival des Francophonies en Limousin, ex directrice d’une scène nationale, a très bien expliqué qu’il n’y avait pas toujours les personnes compétentes sur le plan musical dans ces équipes d’une part, et que ces scènes avaient leur calendrier, leur rythme de travail et des modes de gestion propres, d’autre part. Nous avons tout à gagner à aller rencontrer ces circuits professionnels, à savoir comment ils fonctionnent et savoir aussi quel est leur degré d’exigence.

Pendant les Assises des musiques traditionnelles organisées par la FAMDT en novembre dernier, nous avons décidé de constituer un groupe de travail de diffuseurs et de lieux de créations présents dans le réseau afin de mieux se connaître dans un premier temps, pour pouvoir ensuite engager des projets en commun.

Enfin, je pense qu’il nous faut être très actifs au niveau des réseaux nationaux et être présents auprès de nos élus locaux pour faire remonter nos besoins. Acet égard, durant les assises, Jean-Michel Lucas nous a interpellés sur un outil qui est à notre disposition : la convention de l’UNESCO avec ses deux volets portant sur la diversité culturelle et le patrimoine immatériel. Je pense que nous devons sérieusement nous pencher sur ces enjeux.

Propos recueillis par Jean Sébastien Esnault


* La Provence Verte regroupe 37 communes situées au coeur du Var, entre le Verdon, la Sainte-Baume et la Sainte-Victoire

** Classe à Projet Artistique et Culturel



logo CMTRA

46 cours du docteur Jean Damidot
69100 Villeurbanne

communication@cmtra.org
Tél : 04 78 70 81 75

mentions légales

46 cours du docteur Jean Damidot, 69100 Villeurbanne

communication@cmtra.org
Tél : 04 78 70 81 75