27. Trio Zyriab
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Trio de jazz oriental, le groupe Zyriab est né
d’abord, d’affinités humaines, du désir de l’autre.
Cette curiosité des « ailleurs » qui conduit à des
mutations personnelles.
Pour Daniel Mirabeau, saxophoniste du trio « Le
plus important sont les rencontres qui nous sortent
de l’enfermement d’une esthétique unique.
Rencontres humaines et artistiques, essentielles et
nécessaires dans un parcours de musicien. Dans le
monde actuel, on ne vient pas tous du même
endroit, alors qu’on vit dans le même quartier. »
Echange de pratiques et de cultures : les uns et les
autres ont besoin d’explorer les champs voisins,
d’aller voir là-bas, si l’homme… « Je me souviens
de ces moments d’émotion à écouter un son nouveau,
un timbre, un phrasé où l’on se dit : c’est çà
que je veux faire ! Cela nous projette dans un autre
monde. » Ancien programmateur du Hot Club de
Lyon, il précise « On ne joue pas de l’oriental juste
pour ça. Cette décision se raccroche à d’autres
raisons, pas seulement à un phénomène de mode !
Avec Zyriab nous effectuons cette exploration à
partir de morceaux traditionnels, cela donne naissance
à nos propres compositions. Ce qui nous
guide c’est l’envie de créer notre propre musique,
pas seulement d’être des interprètes. Se réapproprier
un thème, jouer avec, exister dans ce
moment-là. » Et les musiciens simplement croisés
ou longuement fréquentés comme Khaled Ben
Yahia , célèbre joueur de oud, ou encore Kudsi
Erguner joueur de ney, grand maître de la musique
turque, partagent également ce désir du mélange.
Notre rencontre a provoqué cette recherche de
transversalité. Le jazz et la musique orientale se
mêlent pour créer du neuf, tout en affirmant chacun,
son identité. « J’ai essayé avec mon saxophone,
d’approcher le timbre des instruments traditionnels.
J’ai même customisé mon saxo alto
pour pouvoir jouer des micro intervalles propres à
la musique orientale. »
Techniquement et musicalement, la fusion de
musiques de traditions différentes oblige à rechercher
l’essentiel : « Une certaine façon d’aborder
la modalité, de travailler sur un temps qui s’étire :
s’éloigner de la notion de pulsation, chaque note
perd son poids… De manière générale, la musique
orientale est monodique, les improvisations aussi,
sans aucune représentation de verticalité. Cela,
cependant, dans un cadre rythmique de mesures
impaires par exemple ! S’y ajoutent, toutes les couleurs
des timbres des instruments traditionnels …
Dans l’impro, on peut se concentrer sur le son pour
lui- même. »
La création Maqamat , en 2006 avec le poète
Mohammed El Amraoui marque une étape importante
dans les réalisations de Zyriab, « un spectacle
où mots, chants et musique sont traversés par un
Orient hors clichés…où l’ailleurs et l’ici
s’exilent, l’un dans l’autre. »
Pour les mois qui viennent, le groupe travaille
actuellement au projet HiJazz dans le cadre de la
Saison Culturelle de la Maison du Peuple de Pierre
Bénite. Le trio jazz Zyriab se joint à un trio de
musique traditionnelle tunisienne composé de
Khaled Ben Yahia (oud), Bechir Selmi(violon) et
Lassad Hosni (percussions). Six musiciens à la
recherche de nouveaux territoires sonores, pour la
quinzaine consacrée aux « Arts du Maghreb ».
M.D.
Une semaine de création en résidence, master classes,
conférences et concerts.
Article rédigé
en partenariat avec
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