Tagada Tsoin-Tsoin
Antenne Rhône-Alpes du printemps de Bourges
Si métissage, fusion et hybridation d'univers musicaux apparemment inconciliables ne constituent pas des concepts nouveaux, il semble que le nombre d'expériences nouvelles en la matière augmente lui de façon
considérable.
L'accès sans cesse élargi à des univers sonores ignorés, le développement du numérique -pour ne citer qu'eux- semblent autoriser les croisements esthétiques les plus inattendus voire les plus osés, et
malgré des fortunes diverses, la création artistique n'en sort que plus riche.
Ces métissages mettent à mal bon nombre d'étiquettes et nourrissent allègrement les débats et autres dilemmes de fin de concerts. Parmi les plus fameux : « Est-ce « trad ' » ce qu'on vient d'écouter ? Ha, non,
c'est « world. » »
Si la question fait et mérite débat, c'est sans doute parce qu'elle témoigne de démarches, d'aspirations et de sensibilités différentes que chacun doit reconnaître afin de s'emparer au mieux du
matériel musical dont il fait l'expérience sensible. Pour autant, le fait d'apprécier une musique, un concert ou un CD n'est à priori pas conditionné à la résolution impérative de ce dilemme.
Aussi, dans la même démarche d'ouverture que celle opérée avec Suivez'Le Jazz (voir page 12) et avec la même volonté de découvrir des projets musicaux ayant trait aux musiques du monde, le CMTRA
fait le choix pour cette édition de donner la parole à Tagada Tsoin Tsoin. En tant qu'Antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges et dans le cadre de ses missions régionales, ce réseau repère et accompagne
des formations intégrant des influences des musiques traditionnelles et du monde. Avant de nous présenter Ketsa, Céline Dugny, coordinatrice de Tagada, nous dresse les contours de ce réseau.
CMTRA : Peux-tu nous présenter
le réseau Tagada Tsoin Tsoin ?
C.D. : Tagada est tout d'abord une
association créée en 1999 pour entourer
l'Antenne régionale du Printemps
de Bourges.
A l'origine (en 1985), l'Antenne était
juste représentée par une personne
désignée par le réseau Printemps au
niveau national qui s'entourait ensuite
d'une équipe de professionnels pour
mener à bien les missions définies par
le réseau Printemps pour le repérage et
l'accompagnement des artistes au
niveau régional.
En 1999 s'est créée l'association
Tagada Tsoin Tsoin, Antenne Rhône-
Alpes du Printemps de Bourges,
qui regroupe différents acteurs issus
du territoire régional. Comme à
l'origine, elle mène un travail de repérage
pour le Printemps mais aussi à
créer une dynamique régionale et à
regrouper des acteurs autour
de la mise en place d'opérations
communes.
Quelles sont ses missions ?
La première consiste à repérer, à sélectionner
et à accompagner les groupes
Découvertes du Printemps de
Bourges. Ce travail s'inscrit dans un
dispositif et un calendrier national.
Cette mission initiale est relayée sur le
territoire rhônalpin via notamment le
maillage territorial des acteurs des
musiques actuelles. Concernant l'animation
du réseau, l'Antenne met en
place les rencontres de Tagada qui
consistent en des temps de travail
consacrés à l'analyse et à l'approfondissement
de nos pratiques. On travaille
sur différents aspects de nos
métiers : participer à un jury d'écoute
ou à un jury scénique par exemple.
Cette dimension « accompagnement
des pratiques » trouve son prolongement
dans la mise à disposition d'outils
pour les professionnels ou les artistes.
Concernant ces derniers, le réseau a
également vocation à les accompagner
dans leurs projets artistiques et à les
orienter vers les acteurs compétents en
fonction de leurs besoins et de leurs
démarches.
Enfin, le réseau remplit
une mission d'information auprès des
professionnels du secteur en publiant
la lettre de l'antenne et en diffusant les
informations afférant aux musiques
actuelles par le biais de son site internet.
Comment positionnes-tu le réseau
dans le paysage culturel
rhônalpin ?
Sa pertinence au niveau régional évolue.
Historiquement, le réseau était constitué
de SMAC et de grosses salles. Aujourd'hui,
s'il reste quelques équipements
importants, le réseau fédère essentiellement
des acteurs d'accompagnement,
des petites structures ou associations à
niveau intermédiaire.
L'idée consiste
bien à assurer un maillage territorial
aussi dense qu'équilibré, de prendre
appui sur des acteurs disponibles, très
impliqués et militants, et donc de
fonder notre projet sur un travail de
terrain et de proximité. Les grands
équipements de la région restent bien
entendu toujours des partenaires
essentiels de Tagada. Tagada reçoit
400 dossiers par an en vue des sélections
du Printemps de Bourges.
Mis à
part 50 hors-sujets, la candidature des
350 autres est pertinente et à eux tous,
les acteurs de Tagada connaissent tous
les dossiers, toutes les formations y
compris les petits groupes en émergence.
Ceci témoigne bien, je pense,
du travail de proximité effectué par le
réseau. Concernant le positionnement
par rapport aux autres réseaux régionaux,
il me semble essentiel de travailler
ensemble, de conduire en « inter-réseaux
» des actions croisées, ce qui
existe d'ailleurs de plus en plus. La
soirée (Carrefour des) Inclassables en
est une illustration puisqu'elle fait
travailler ensemble Suivez'Le Jazz et
Tagada Tsoin Tsoin à l'occasion d'un
évènement qui fait la place à des formations
aux esthétiques hybrides :
jazz-rap, jazz-musique du monde, ...
Propos recueillis par J.S. E.
Les Musiques
du Monde,
le Printemps
de Bourges et
Tagada Tsoin Tsoin
L'association Tagada Tsoin Tsoin
est régulièrement interpellée sur la
question de la représentation des
musiques du monde parmi les
Découvertes du Printemps de
Bourges et de la Fnac.
Le dispositif des Découvertes du
Printemps de Bourges s'appuie
sur un processus de sélection
nationale, qui s'applique à proposer
une programmation diversifiée
tout en tenant compte des spécificités
territoriales de certaines
Antennes (Iles et francophonie).
Dans ce contexte, le Printemps de
Bourges présente chaque année
six à huit artistes sur la thématique
chanson/world, dont généralement
deux pour les musiques du
monde. Le jury national s'est
particulièrement intéressé ces
dernières années aux projets
électros ou hip-hop présentés par
l'Antenne Rhône-Alpes.
Cette tendance s'est encore confirmée
pour l'édition 2006 avec la sélection
de Broad Way (électro), The
Marcel Bellucci Quartet (électro)
et Grosso Gadgetto (hip-hop).
Au-delà de sa relation avec le
Printemps de Bourges, Tagada
Tsoin Tsoin reste très attentive à la
création musicale régionale,
toutes esthétiques confondues.
Les professionnels de l'association
se retrouvent pour repérer et
promouvoir les artistes rhônalpins
émergents.
Notre collaboration à
la lettre d'information du
CMTRA se fait dans cet objectif,
en permettant la mise en lumière
auprès de son réseau des artistes
world repérés par le jury régional
des Découvertes.
Plusieurs projets
ont notamment retenu notre attention
lors des dernières sélections
sur écoute : Les Doigts de
l'Homme, Woz Kaly, Iznayen ou
encore Mango Gadzi.