Les Nuits de la Pierre Bleue
Un festival champêtrogastronomico-
musical dans les
Monts du lyonnais, entre ville
et campagne, fromage et
théâtre, militantisme et
plaisir de la table ... Entretien
avec Renaud Pierre, chanteur
du groupe Bistanclaque et
membre de l'association La
Voisine.
CMTRA : Au tout début était la
Maison de Noémi ...
Le festival est né à la Maison de
Noémi, une ancienne ferme située
dans les Monts du Lyonnais. L'an dernier,
contrairement aux éditions précédentes,
le festival a été itinérant, il s'est
déplacé de ferme en ferme au gré des
soirées organisées chez les habitants,
des petits producteurs locaux. Le festival
est né autour de réflexions sur la
place de la culture en milieu rural et
sur les liens qu'on pouvait avoir avec
le monde paysan.
D'après nous, un
parallèle peut être fait entre la manière
d'exercer nos arts et la pratique de
l'agriculture. On a formalisé ça l'an
dernier par des petites soirée avec
repas, discussions et des spectacles
dans les fermes. Cette année la formule
combine les deux, ça va donc
être un peu plus ambitieux dans la
mesure où une dizaine de fermes en
activité vont nous accueillir dans tous
les Monts du Lyonnais pendant une
dizaine de jours, puis le festival se
finira à Brullioles, sur des formes plus
importantes, entre la maison de Noémi
et le village même.
Comment se construit votre festival ?
La programmation s'articule autour de
trois axes entre lesquels on jette des
passerelles. Il y a la programmation
proprement dite de compagnies ou
groupes professionnels, la mise en
valeur de formes artistiques locales,
souvent amateurs, ... Et puis enfin,
on mène nous-mêmes un travail de
création sur l'ensemble du festival.
Nous sommes des musiciens qui organisons
un festival, donc on apparaît
en filigrane, on retrouve notre pâte,
c'est aussi ce qui donne l'identité du
festival.
Le festival mise beaucoup sur
l'implication des gens, des habitants
et des associations,comment mobilisez
vous tous le monde ?
On veut lancer une dynamique
d'échanges avec des associations sur
des sujets qui nous tiennent à coeur,
avec par exemple, Contresens, de
L'autre côté du pont, pour la préparation
des repas, une asso du coin pour
un espace-enfant pendant le festival,
une association lyonnaise pour imaginer
des liaisons vélos de Lyon au
Monts du Lyonnais. On veut monter
une radio et initier des jeunes à la création
radiophonique.
On va aussi
organiser un marché paysan dans le
village où les gens peuvent acheter des
trucs à manger et s'installer directement
autour de grandes tablées.
L'idée
que l'on défend, c'est que la plupart
des choses qu'on peut manger, on peut
les trouver à un niveau local, en
s'intéressant un peu à ce qui se fait
autour de chez soi. C'est aussi créer un
lien entre une ville et sa campagne
proche puisqu'en ce qui nous
concerne, nous avons un pied à Lyon
et un autre dans les Monts.
Comment se déroule une soirée à la
ferme ?
On est accueillis chez l'habitant, les
spectacles sont gratuits, il faut juste
réserver un peu avant. On attaque la
soirée par une discussion sur des
thèmes à consonances écolos et
sociales en compagnie d'un intervenant
qui connaît un peu le sujet, on
enchaîne en guise d'apéro en invitant
des musiciens amateurs ou en nous
invitant nous mêmes à jouer quelques
morceaux.
Ensuite le repas qui permet
à tous, hôtes, organisateurs, artistes et
public de se rencontrer, puis vient le
spectacle à proprement parler, dans les
fermes, en petites jauges, avec chaque
soir un spectacle différent. Les trois
derniers jours à Brullioles, la formule
change avec plus de monde, dans des
formes éclatées sur tout le village.
A quoi va ressembler votre programmation
dans cette grande hybridation
de genres et de formes ?
Elle est très ouverte ! Du conte, du
théâtre, de la musique, des projections
de films documentaires. Il y aura sans
doute, maître Madjoub et les Gnawas
de Marrakech, Babajaga (de la
musique suédoise), un projet avec Eric
Ksouri, Yaël Epstein, moi même et des
musiciens napolitains pour une création
à partir de chansons de France et
d'Italie. Il y aura aussi Alfred Spirli,
batteur bruitiste, qui fait partie de
l'ARFI et la compagnie des musique à
Ouir mais aussi de la danse contemporaine
avec la compagnie ALS ...
et une création de Bistanclaque autour
de nos chansons avec des musiciens
invités.
Quel lien y a t'il selon vous entre
votre manière de faire de la musique
et le monde paysan ?
On peut faire une analogie entre une
certaine production musicale et l'élevage
en batterie. Tout se fait selon la
même norme dans le conformisme.
Dans un sens comme dans l'autre, on
n'est jamais surpris, ni en mal ni en
bien. Face à cet éloignement de la production
et cette massification, qui
empêche toute les variétés, les intensités
du goût et le panel des sensibilités,
on essaye de se réapproprier les pratiques
et de créer une confrontation
réelle.
En culture agricole ou en culture
artistique, face à des produits sous
cellophanes, livrés tout fait, qui sont
similaires de Dunkerke à Marseille,
nous opposons la diversité des goûts et
une prise en main des choses dans la
production comme dans la diffusion.
Propos recueillis par P.B.
Festival
du 27 juin au 8 Juillet
Gratuit dans les
fermes, spectacle à
Brullioles : 10/12 €
Programmation
en cours ...
La Compagnie des
musiques à Ouir,
Babajaga (folk
suédois), Alfred Spilrli
(jazz bruitiste),
Bistanclaque
(chansons), I
Musicanti di strada
(musique du sud de
l'Italie), ALS (danse
contemporaine),
Madreselva (chansons
d'argentine), bals
folks, projections de
films documentaires...
(programmation en
cours)
Renseignements :
04 78 29 43 87
[http://bistanclaque.free.fr->http://bistanclaque.free.fr]
CD
Bistanclaque /
« Longtemps nous
nous sommes couchés
tard »
en VPC, 16 Euros