MJC Laënnec-Mermoz
Maison des musiques du monde
Entretien avec Michel Blavit, directeur de la MJC Laënnec Mermoz.
CMTRA : Peux-tu nous présenter la
MJC Laënnec Mermoz et son
projet ?
Equipement de proximité qui trouve
ses origines dès 1958, la mission de la
MJC s'inscrit dans un tissu complexe
de réalités, de relations et de circonstances.
Aujourd'hui, le projet est
construit autour de 4 axes : la MJC
comme une maison ouverte à tous,
comme un lieu créatif et éducatif,
comme une maison pour les jeunes et
enfin, comme un espace de culture.
Pour nous, la culture constitue une
ouverture aux diverses formes, avec la
préoccupation de prouver qu'elle est
source de plaisir, qu'elle n'est pas
l'apanage de classes sociales prédéfinies,
ou de groupes restreints. Ni élitiste,
ni populiste, la culture véritable
est celle qui ménage le parcours de
chacun pour lui permettre l'accès aux
formes culturelles de valeur, sans
exclusives ni sociales, ni historiques,
ni géographiques.
Sur le volet culturel, en plus du
Jazz et des Musiques Improvisées,
la MJC se tourne désormais vers
les musiques du monde. Pourquoi
ce choix ?
Incorporant des éléments rythmiques
ou mélodiques africains à des mélodies
occidentales, l'histoire du jazz se
confond depuis toujours avec celle du
métissage. Quoi de plus naturel que
d'élargir le champ de la découverte
avec les musiques du monde qui
regroupent toutes les musiques traditionnelles
extra européennes, souvent
métissées ou de fusion et qui contiennent
des composantes « ethniques ».
Autant il existe des temps forts mais
ponctuels autour des musiques du
monde, autant il manque des lieux
réguliers proposant ce genre musical.
D'où la volonté de rendre accessible
ce dernier au plus grand nombre et de
facilité l'approche de formes d'expressions
qui ne nous sont pas familières,
mais qui traduisent des regards,
des émotions, tout en aidant à une
compréhension du monde. C'est aussi,
vouloir partager le plaisir en favorisant
les rencontres entre des traditions, des
patrimoines, des formes d'expressions
et des créations contemporaines voire
innovantes. Enfin, c'est assurer aux
musiques du monde une meilleure
audience auprès du public, de soutenir
la diffusion dans un lieu repéré, de
favoriser le partage d'expériences tout
en soutenant les pratiques culturelles
émergentes.
Est-ce le fruit d'une volonté particulière
par rapport au quartier ?
En matière développement global, la
MJC Laënnec construit son identité
sur une triple volonté : proposer des
activités dites traditionnelles (basées
sur la culture et le sport), accompagner
des jeunes dans une démarche de projet,
et devenir un pôle ressources culturelles
local. Concernant les enjeux
de développement territorial, la MJC
Laënnec doit donc poursuivre une
ambitieuse péréquation entre le fait
de maintenir et de développer un lien
de proximité avec le public jeune
d'une part, et le fait de soutenir les pratiques
culturelles émergentes en lien
avec le territoire en contrat de ville
d'autre part. C'est dans cet esprit que
la MJC ne souhaite plus dissocier la
salle Genton du reste de ses activités ;
celle-ci étant intégrée de fait dans
l'espace culturel global de la MJC.
Comment comptes-tu développer
ce nouvel axe de programmation ?
La programmation « Musiques
Actuelles, Improvisées et du Monde »,
repose sur des convergences d'idées et
sur un partenariat avec l'association
AGAPES depuis 2ans déjà. La
convention qu'elle vient de signer avec
la Ville et la DRAC donne à sa collaboration
avec la MJC une dimension
qui va dans le sens d'un vrai partenariat
avec comme objectif le travail sur
l'émergence et l'accompagnement des
jeunes talents. Du coup la salle Genton
est labellisée "Scène Découverte".
Pour nous, découverte et émergence
sont à la fois une politique et une
esthétique. Politique dans la mesure où
il s'agit d'aider la professionnalisation
de jeunes artistes et de les faire découvrir
par le public, esthétique dans la
mesure où nous favorisons l'innovation.
Comment souhaites-tu inscrire les
artistes de musiques traditionnelles
et du monde dans le travail sur le
quartier ?
C'est ici que se situe la problématique
du jazz. Comment faire en sorte que la
création contemporaine soit portée à la
connaissance du plus grand nombre ?
Le fait qu'Agapes fasse partie de l'action
culturelle globale de la MJC est à
la fois risqué et passionnant. Comment
changer l'image d'une musique jugée
"élitiste", et qui, en fait ne peut renier
ses origines populaires ?
C'est là que
l'interaction musique traditionnelle et
du monde avec la musique improvisée
est essentielle. Il ne s'agit pas seulement
de métissage, mais de création et
de rencontres. Cela fait longtemps
qu'un joueur de oud aime à rencontrer
les musiciens de jazz, il en va de même
avec les Bagad, les vielleux,... L'accroche
dans le quartier dépendra de la
cohérence de la programmation, de
l'action des musiciens invités et du
rayonnement de la MJC dans la ville et
au delà, ce qui suppose une lisibilité de
l'action et le renforcement de l'image
de la Salle Genton.
Cette démarche reste une aventure que
nous souhaitons développer tout au
long des saisons et, que les rencontres,
créations passées soient le point de
départ de nouvelles initiatives. C'est
à cela que nous convions tous les
acteurs culturels et socio culturels des
« plus prestigieux » aux « plus
modestes », tous les acteurs locaux et
le public car nous avons besoin de
toutes les énergies fédératrices de
créations et de solidarité au service du
territoire et de la population.
Propos recueillis par J.S.E.