Les Emeudroïdes
Madhura Sopnam
Lauréats du Tremplin Suivez'Le
Jazz 2005, les Emeudroïdes
forment depuis 3 ans un quartet de
joyeux drilles, porteurs d'une
musique de fusion, au carrefour
des musiques classiques
contemporaines, du jazz et des
musiques traditionnelles.
Toujours à l'affût de nouvelles expériences,
les Emeudroïdes questionnent
aujourd'hui leur rapport aux
musiques traditionnelles et à
leur(s) conception(s) de
l'improvisation. Pour y apporter
une première réponse, ils nous
présentent le projet « Madhura
Sopnam ».
Rencontre avec Clément
Canonne, pianiste, Nicolas
Nageotte, saxophoniste et Joris
Rülh, clarinettiste.
Suivez'Le Jazz : Quelle est le
point de départ de Madhura
Sopnam ?
C.C. : Ce projet est né du voyage
d'études en Inde du Sud effectué par
Roméo Monteiro (batteur du groupe),
de Septembre 2004 à Février 2005
(étude des percussions traditionnelles
d'Inde du Sud, notamment le Mridangam).
Ce séjour lui a permis de
prendre les contacts nécessaires à
l'élaboration d'une rencontre entre la
musique traditionnelle indienne et
celle d'obédience "contemporaine" des
Emeudroïdes. Surtout, ce projet s'inscrit
dans notre volonté d'être porteur d'une
musique de fusion, à la rencontre
d'autres esthétiques.
Rencontres,
partages, échanges : voilà bien l'ambition
première de notre projet.
Qu'entendez-vous par rencontres et
partages ?
J.R. : Dans tous les sens du terme ! Sur
le plan esthétique d'une part, avec
la confrontation de la musique traditionnelle
d'Inde du Sud et du jazz
contemporain des Emeudroïdes. Sur le
plan artistique et humain d'autre part,
puisque nous avons prévu que Madhura
Sopnam soit un travail de création
en commun, prévu en deux temps,
en septembre en Inde et en octobre à
Lyon, avec des artistes de grande
renommée en Inde, à savoir O.K.
Subramaniam, A. Balakrishnan,
Kalamandalam Vijaya, Sreekumar
Kalamandalam et Sucheendran
Kalamandalam.
Dans la manière
d'aborder cette aventure également,
entre la démarche ludique et volontaire
de l'expérience musicale et l'approche
documentaire et pédagogique de la
photographie.
Comment imaginez-vous Madhura
Sopnam ?
J.R. : Il s'agira de construire une
musique mixte, à la rencontre de la
tradition indienne. Pour éviter tout
effet de collage malheureux, les
Emeudroïdes envisagent de s'adapter
aux contraintes de la musique
indienne. Ceci requiert un important
travail en amont (étude des constructions
rythmiques, des échelles
modales, des principes formels...).
Mais le but n'est pas d'aplanir les différences
en proposant une musique de
fusion qui serait construite sur un terrain
d'entente entre des conceptions
hétérogènes de l'improvisation, nous
n'hésiterons pas à confronter les deux
conceptions, à faire saillir les éléments
identitaires irréductibles. L'idée est
également d'intégrer à cette musique
acoustique des éléments électroacoustiques
dont le matériau proviendra de
notre séjour en Inde.
Le groupe sera accompagné d'une
photographe, Françoise Saur, qui
réalisera d'une part une série sur les
musiciens indiens, leur environnement,
leur vie (thèmes récurrents de
son travail) et d'autre part, sur le travail
en commun des musiciens français et
indiens. On est avide de nouveautés
et de découvertes, et ce projet nous
occupe l'esprit depuis longtemps, du
coup, nous sommes très enthousiastes
du fait qu'il se concrétise un peu plus
chaque jour.
C'est aussi un projet
ambitieux qui mobilise dix personnes,
françaises et indiennes, pour deux
résidences d'un mois chacune, dont
l'enjeu consiste autant en une commune
appropriation d'esthétiques
multiculturelles, que dans la rencontre
avec le public. La musique des Emeudroïdes
est une musique de spectacle,
et trouve sa pleine dé-mesure sur
scène. Madhura Sopnam ne dérogera
pas à cette règle !
Concrètement ?
N.N. : Début septembre 2006, nous
nous rendrons à Cochin, lieu de Résidence
pour un travail de création et de
répétitions par l'intermédiaire du
Kerala Kathakali Center, avec
l'ensemble des musiciens sollicités.
Après une approche concrète de la
musique traditionnelle, un approfondissement
des liens avec les musiciens
locaux et la constitution d'un matériel
électroacoustique, une série de
concerts est prévue entre Cochin, Trivandrum,
Bangalore, Goa et Bombay.
Début octobre, l'ensemble des musiciens
(français et indiens) et F. Saur
se rendront à Lyon pour une résidence
à l'Ecole Normale Supérieure Lettres
et Sciences Humaines. Une période de
répétitions et création sera consacrée à
l'incorporation des parties électroacoustiques
à la musique.
Nous comptons sur le soutien de
Suivez'Le Jazz pour nous aider à la
diffusion en Rhône-Alpes de ce travail
dont le témoignage et l'aboutissement
se concrétiseront dans la production
d'un CD, d'un DVD, d'une exposition
photo, d'interventions pédagogiques
sous forme de master-class, et
bien sûr, de concerts.
Propos recueillis par Aurélie Dubois
Vous souhaitez en savoir davantage sur le projet
Madhura Sopnam, téléchargez le dossier
sur: www.emeudroides.com
Les Emeudroïdes:
lesemeus@gmail.com
Contact : Maïte Cano