Ketsa
Mozika Malagasy
Entretien avec Marojaona
Rasolofo, chanteur dans le groupe
Ketsa.
CMTRA : Quelle est l'histoire de
Ketsa ?
M.R. : Ketsa est avant tout une histoire
de rencontres autour d'Yvon Rakotonanahary,
originaire de Madagascar et
musicien du célèbre groupe malgache
Senge. Yvon a toujours souhaité créer
sa propre formation, et c'est lui qui a
rassemblé tous les musiciens du
groupe au gré des concerts, des répétitions
ou de soirées musicales dans la
région lyonnaise.
Finalement, il a
fondé Ketsa en 2003.
Ketsa signifie à la fois « pousse du riz »
et « humble et précieux » en langue
malgache. Certaines chansons sont
tournées vers la protection de l'environnement,
l'amour, la politique, (...) tout
ce qui fait notre culture en fait. Le riz
est le plat de base à Madagascar, c'est
ce qui nous fait grandir, qui nous
donne la force d'aller travailler. Pour
moi, le riz c'est notre arme pour aller
de l'avant, en toute simplicité et avec
dignité.
Quel est votre répertoire ?
Yvon a créé ce groupe pour pouvoir
s'exprimer en tant qu'auteur-compositeur.
Nous jouons donc ses
compositions originales, qui sont bien
sûr inspirées des musiques traditionnelles
malgaches.
A travers nos
concerts, nous transmettons une partie
de cette culture, même si nous ne
sommes que quatre Malgaches sur
huit musiciens. Les autres sont français,
réunionnais ou camerounais,
c'est un groupe international !
Il y a de nombreux groupes de musique
malgache en France qui tournent
beaucoup au sein de leur communauté
pour des soirées festives et des bals
traditionnels.
En ce qui nous concerne,
en plus de toucher le public malgache,
nous voulons faire découvrir notre
musique à un public extra-communautaire.
Nous cherchons à partager ce
que l'on sait faire : de la musique. Et
après, tant mieux si les gens se mettent
à danser...
Notre musique peut vraiment surprendre
avec des morceaux a capella,
faire découvrir les instruments traditionnels
(kabosy, valiha, sodina) et
dépayser le public en un instant. La
musique malgache est multiple et
variée, teintée de diverses influences :
africaines, indiennes, latines... Elle reflète
le métissage de notre communauté.
Quelle place occupe Ketsa
aujourd'hui dans le paysage
musical régional et national ?
Le groupe a surtout une implantation
locale. Il est bien repéré sur Lyon
puisque la plupart des musiciens y
habitent. On y répète et on y joue plus
souvent que dans la Loire finalement.
Ceci dit, notre public s'élargit progressivement.
On a participé l'année
dernière aux Coups de Pouce du festival
Paroles et Musiques et on a reçu
le 2ème prix du jury alors que le
groupe était presque inconnu. Pour
nous, c'était une reconnaissance de
notre musique par des gens qui ne
connaissent pas forcément la culture
malgache. C'est exactement ce qu'on
cherche.
Quels sont vos projets pour cette
année ?
Déjà , on va vraiment se préoccuper du
disque. Jusqu'à présent, on fonctionnait
avec des maquettes qu'on
envoyait aux programmateurs comme
aux maisons de disques.
Aujourd'hui,
on souhaite vraiment travailler sur un
album. On devrait entrer en studio
d'enregistrement courant avril, nos
morceaux sont prêts. Du coup, on est
en train de démarcher activement les
labels de world music.
En parallèle, Ketsa doit continuer Ã
tourner. Il nous faut trouver des dates
pour nous faire connaître, en Rhône-
Alpes comme ailleurs.
Et comme nous
sommes nombreux sur scène, les
programmateurs sont parfois frileux.
Heureusement, l'accueil du public est
à chaque fois au rendez-vous, la prise
de risque en vaut la peine !
On vous dit Mandrampihaona.
A bientôt.
Propos recueillis par Céline Dugny